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Un policier condamné pour avoir enfoncé les yeux d’un étranger enfermé en centre de rétention
#CRA #violencespolicieres #immigration
Article mis en ligne le 31 janvier 2024
dernière modification le 29 janvier 2024

Fin 2022 au centre de rétention administrative de Toulouse, Samir est victime de violences policières. Pour couvrir leurs méfaits, deux fonctionnaires l’accusent lui de violences. Les images de vidéo-surveillance vont permettre à la vérité d’éclater.

Auditionné comme prévenu, il vide son sac : les deux gardiens qui l’accusent d’avoir perturbé le repas du soir sont ceux qui l’ont frappé. Fait rare, il est relaxé trois jours plus tard. Des images de vidéosurveillance le montrent assis à une table loin de l’interrupteur, pendant que d’autres retenus s’amusent à éteindre la lumière du réfectoire – provoquant l’ire des fonctionnaires chargés de surveiller le dîner à travers un hublot.

Plus rare encore, sa plainte pour violence « par personne dépositaire de l’autorité publique » n’est pas classée sans suite alors que les policiers contestent toute brutalité physique. Au contraire, ils ont été les premiers à porter plainte contre celui qui les accuse. Là encore, les images vont leur donner tort. (...)

Le 22 décembre 2023, le tribunal de Toulouse a suivi les réquisitions du procureur et condamné, à quatre mois de prison avec sursis, un des policiers visés par la plainte de Samir. C’est la deuxième condamnation connue d’un policier en centre de rétention. La première remonte à 2017. Un agent de la police aux frontières avait giflé un étranger sous les yeux d’une greffière dans le Nord. (...)

Si les condamnations restent exceptionnelles, les violences seraient quotidiennes et largement ignorées par les autorités selon le collectif à bas les CRA, qui sur son blog relaie des témoignages de retenus. Pour l’association la Cimade, qui offre une assistance juridique aux étrangers enfermés, « le manque structurel d’effectifs policiers génère ou aggrave des situations de violences et de violations des droits des personnes enfermées » dans les 25 centres de rétention. (...)

e centre de rétention de Toulouse – qui a enfermé 1.136 étrangers suspectés par l’administration d’être en situation irrégulière en 2022 – n’en est pas à sa première affaire de brutalité policière. La Défenseure des droits a reçu quatre saisines dénonçant des violences physiques contre des retenus depuis 2022. Les instructions sont toujours en cours. L’une de ces quatre plaintes vise Amar, le policier innocenté dans l’affaire de Samir. Avec une solide impression de déjà-vu. (...)