Un musicien LGBTQ a réussi à se faire une place sur la scène du "Hetero Awesome Fest" à Boise, dans l’Idaho, le week-end dernier, où il a revêtu ce qu’il appelle sa "veste de combat" - qui porte un drapeau américain à l’envers sur un bras et un cœur arc-en-ciel Pride sur l’autre - et son béret bronzé pour avoir servi pendant quatre ans comme ranger dans l’armée, avant de jouer une chanson de protestation au sujet d’un garçon transsexuel.

Sa prestation, retransmise en direct par le festival et par un journaliste local, est devenue virale sur les réseaux sociaux cette semaine.

Daniel Hamrick, un musicien de Boise qui se produit lors de festivals de la Renaissance et avec son groupe, Buzzbomb 7 Eleven, a déclaré que son objectif était de toucher les enfants et les jeunes adultes de familles religieuses ou conservatrices qui doivent cacher leur identité pour leur propre sécurité.

"Je crois que toute personne qui sort du placard a la responsabilité d’être gay et bruyante pour les gens qui doivent être gays et silencieux", a-t-il déclaré lors d’une interview accordée à NBC News.

Mark Fitzpatrick, propriétaire du Old State Saloon, un bar-restaurant situé dans la banlieue de Boise, a annoncé l’événement en avril comme une alternative et une réponse au Mois de la fierté LGBTQ, qui est célébré chaque année en juin. Il a déclaré à l’époque que l’événement serait une célébration des "valeurs familiales traditionnelles" et qu’il s’inspirait de la première édition du "Mois de la générosité hétérosexuelle" organisée par le restaurant l’année dernière.

L’événement de deux jours s’est déroulé pendant le week-end dans le parc Cecil D. Andrus, juste en face du Capitole, avec de la musique en direct, des orateurs conservateurs et d’extrême droite et des vendeurs locaux de nourriture et de boissons. Le budget de l’événement s’élevait à environ 85 000 dollars et quelques dizaines de personnes y ont participé, selon KTVB, une chaîne de télévision affiliée à NBC à Boise.

M. Hamrick a déclaré qu’il avait contacté les organisateurs de l’événement peu après son annonce et qu’il s’était coordonné avec eux au cours des deux derniers mois pour pouvoir se produire. Il a ajouté qu’il n’avait jamais menti sur son identité ni sur ses intentions lors de ses appels téléphoniques ou dans ses courriels.

Je n’ai jamais dit franchement "Je veux jouer de la musique pour soutenir votre message", mais je me suis dit "Oh, je suis tellement excité, je suis tellement enthousiaste à l’idée de faire ça", ce qui était le cas, a déclaré M. Hamrick, ajoutant qu’à un moment donné, il y a eu un long silence de la part des organisateurs, et il a supposé qu’ils avaient fait une recherche sur Google et trouvé ses médias sociaux, où il publie des articles sur la politique et où il a un profil dédié à son personnage de festival de la Renaissance. Mais un jour, il a reçu un courriel contenant des informations administratives pour les musiciens, et je me suis dit : "Oh, super, j’en suis".

Hamrick est arrivé au festival samedi, vêtu d’une chemise à manches courtes et d’une casquette de base-ball. Une fois sur scène, il a demandé s’il y avait des anciens combattants dans la foule et a mis son béret, car, dit-il, "il était important que je commence par dire : ’Je suis un ancien combattant, je me suis battu pour ce pays’. Je crois en ce pays que l’Amérique prétend être, même si ce n’est pas le cas".

Il a ensuite enlevé sa chemise à boutons pour dévoiler un tee-shirt court de la Canyon County Pride. Il a enfilé sa "veste de combat" et a commencé à jouer la chanson intitulée "Boy".

"Ils lui font porter des robes pour qu’il reste dans le droit chemin ; ils disent que c’est une phase et que tout est dans son esprit. On lui fait faire du ballet ; il veut jouer au ballon. Ce qui compte pour lui ne compte pas du tout. Le garçon que tout le monde croyait être une fille", a chanté Hamrick.

Parmi les autres paroles de la chanson, on trouve : "Ce n’est pas qu’une question d’esthétique, c’est une question de cœur. Ils brisent sa volonté et il se désagrège" et, plus loin dans la chanson, "Let teacher take a glance, what’s in your underpants", une référence à l’augmentation des lois des États qui réglementent les équipes sportives dans lesquelles les jeunes transgenres peuvent jouer à l’école et les salles de bains qu’ils sont autorisés à utiliser.

Près de trois minutes après le début de la chanson, l’un des organisateurs du festival a retiré le micro de M. Hamrick de la scène, puis la sécurité l’a escorté alors qu’il continuait à jouer de la guitare et terminait la chanson sans micro, selon une vidéo publiée par le compte Instagram des Boise Blackbirds, géré par un journaliste indépendant et activiste local.

Hamrick a déclaré avoir écrit la chanson l’année dernière. Il est bisexuel et non transgenre, mais il a de nombreux proches qui sont transgenres.

"Cette chanson s’adresse à tous ceux qui l’écoutent et qui se sentent entendus et vus, et peut-être un peu moins seuls", a-t-il déclaré, ajoutant qu’elle s’adressait aux personnes appartenant à des communautés religieuses conservatrices qui n’ont pas de communauté en laquelle elles peuvent avoir confiance.

"Sachez que votre pasteur, vos parents ou votre chef de troupe de scouts n’est pas une force de la nature insurmontable et incontestable, mais que si vous devez vous cacher en ce moment, c’est ce que vous devez faire", a déclaré M. Hamrick. "Il faut survivre. Mais une fois que vous êtes sorti de cette situation, il y a une communauté qui est prête à vous accueillir, à vous aimer et à vous soutenir.

M. Fitzpatrick, l’organisateur du festival, a qualifié l’action de M. Hamrick d’"acte pathétique et diabolique" dans un courriel adressé à NBC News.

"Notre festival est une forteresse pour les valeurs familiales traditionnelles : la foi, la liberté, la vérité et le caractère sacré de ce qui fait de nous des êtres humains", a déclaré M. Fitzpatrick. "Il nous a menti pour avoir la chance de jouer sur scène devant nos invités, y compris les enfants, en affirmant que son numéro en ferait honneur. Lorsqu’il est monté sur scène, il a enfilé une partie d’un uniforme militaire, déshonorant ainsi l’armée, et a interprété une chanson glorifiant l’idéologie transgenre. Il s’agissait d’un hymne ignoble prônant le mensonge selon lequel les garçons peuvent être des filles et les filles des garçons. J’ai donc arraché son micro et je lui ai dit de partir".

Quant à Hamrick, il a déclaré que Buzzbomb 7 Eleven travaillait à l’enregistrement de "Boy" et d’une autre chanson afin de la rendre publique.

Certains de ses partisans l’ont qualifié de "héros", mais Hamrick a déclaré qu’il n’était pas du tout à l’aise avec cela.

"Si cela a incité beaucoup de gens à s’engager, c’est un rôle merveilleux pour moi", a-t-il déclaré. "Je suis très heureux de pouvoir jouer ce rôle, mais ce n’est qu’un petit rôle. Si vous voulez envoyer de l’amour, envoyez-le à vos organisateurs. Envoyez-le aux personnes qui organisent des manifestations, qui font des collectes de nourriture pour les mal-logés. Il y a des gens qui sont sur le terrain, qui travaillent tous les jours pour essayer de rendre la vie plus vivable pour les personnes homosexuelles dans ce pays".

Il a ajouté que le festival avait été un "plus grand succès que je ne l’aurais jamais imaginé". Il a déclaré avoir dépensé environ 40 000 dollars à titre personnel et avoir "reçu des millions de dollars en publicité contre les cinglés gauchistes de PRIDE".