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le Monde Diplomatique
Un journal non aligné
#Israel #Hamas #Palestine #Gaza #medias
Article mis en ligne le 7 novembre 2023
dernière modification le 5 novembre 2023

l y a un peu plus d’un an, le 19 octobre 2022, la présidente de la Commission européenne lançait une adresse solennelle au Parlement de Bruxelles. « Les attaques ciblées contre des infrastructures civiles, dans le but évident de priver des hommes, des femmes et des enfants d’eau, d’électricité, de chauffage, à l’approche de l’hiver : ce sont des actes de pure terreur, et nous devons les qualifier comme tels », expliquait Mme Ursula von der Leyen. Mais cette règle cesse de s’appliquer quand un allié du bloc occidental commet des « attaques ciblées ». Après le massacre de centaines de civils lors de l’opération militaire conduite par le Hamas le 7 octobre (plus de 1 400 morts, dont près de 300 militaires), le ministre de la défense israélien Yoav Galant annonçait le siège complet de Gaza en ces termes : « Pas d’électricité, pas de nourriture, pas de gaz (…). Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence » (9 octobre). Deux jours plus tard, 1 200 cadavres avaient déjà été sortis des décombres d’habitations, d’écoles, d’hôpitaux, de sièges de médias pilonnés sans discrimination au motif — souvent avancé par l’armée russe, mais dans un autre conflit — qu’ils abriteraient des combattants. Impavide, Mme von der Leyen réaffirmait : « L’Europe soutient Israël. » En France, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet déclarait « au nom de la représentation nationale » un « soutien inconditionnel » à Tel-Aviv.

Dans les médias français, la focalisation sur les crimes de guerre commis par les combattants du Hamas reformule l’ensemble du conflit israélo-palestinien en termes de « terrorisme islamiste ». Sitôt ce recadrage effectué dans un pays meurtri par de multiples attentats de ce type, il ne s’agit plus pour les médias d’informer, mais de relayer les consignes de fermeté du pouvoir et de pourchasser ceux qui les discutent.

La semaine suivant l’attaque du Hamas, le gouvernement français a porté de nouveaux coups aux libertés fondamentales déjà rognées par les confinements sanitaires sans que les gardiens autoproclamés de la démocratie trouvent à y redire : défense de manifester son soutien à la Palestine, circulaire liberticide envoyée le 10 octobre par le ministre de la justice aux procureurs, laquelle interdit la « diffusion publique de messages incitant à porter un jugement favorable sur le Hamas ou le Djihad islamique », même si ces propos sont « prononcés dans le cadre d’un débat d’intérêt général et se revendiquant comme participant d’un discours de nature politique ». À sa lecture, la crème du contre-pouvoir lançait aussitôt un « débat ». Non pas sur la liberté d’expression dont elle se prétend la garante, mais sur la nécessité de poursuivre ou de dissoudre des formations politiques qui justifient ou reconnaissent la légitimité d’une résistance palestinienne qualifiée depuis sa naissance de terroriste — une approche d’ailleurs défendue en leur temps par Charles de Gaulle et Jacques Chirac…

Lire, prendre le temps (...)