Suite à la polémique autour de la prestation d’un groupe de musique, samedi 25 octobre à Amiens, la mairie a décidé de ne pas verser au groupe leur cachet artistique. Une décision motivée par le non-respect de la "neutralité politique". L’un des chanteurs a dédié le dernier morceau du concert à la Palestine.
Les services de la mairie précisent que la sanction ne s’appuie pas sur le "fond des propos" mais sur "le fait qu’ils aient été prononcés." De ce fait, la Ville indique qu’elle ne "procédera pas au paiement de cette prestation artistique. La société de production en a été informée."
Le groupe pourrait porter plainte
Pour un membre de l’entourage du groupe, la mairie joue sur les mots. "Le concert remonte au 25 octobre, nous sommes le 5 novembre, les équipes ont reçu leurs chèques depuis longtemps. J’ai lu la presse, certains disent que le cachet ne sera pas versé par la société de production… Je ne sais pas. Tout ce dont je suis sûr, c’est qu’en ce moment, elle est en négociation avec la mairie d’Amiens."
Car c’est par le biais d’une société de production que le groupe a été planifié. Un prestataire engagé par la mairie (via un appel d’offres) pour réaliser 25 prestations artistiques cette année et qui s’est engagé à "faire respecter le principe de neutralité".
Dans les faits, la rémunération se passe en deux temps : l’une technique, l’autre artistique. C’est cette dernière partie qui ne sera pas versée à la société de production, précise la municipalité. De son côté, le groupe n’exclut pas de porter plainte en cas de non-versement du cachet, "car nous n’avons rien à nous reprocher. Il est ici question de liberté d’expression et nous n’avons rien de hors-la-loi."
Un coup de com’ en vue des municipales ?
À l’origine de la polémique, une vidéo postée par Damien Toumi, candidat Rassemblement National aux municipales à Amiens, dans laquelle il dénonce ce qu’il estime être des propos antisémites, anti-police, et des appels au séparatisme et à l’anarchisme. "La ville d’Amiens, avec Hubert de Jenlis nous a offert un concert infamant, un concert pro Hamas (...) mais rassurez-vous en mars 2026, ça changera, ces concerts-là n’auront plus lieu à Amiens, si vous nous accordez votre confiance."
Publiée le soir du concert, le 25 octobre, la vidéo trouve un nouvel écho, deux semaines plus tard au conseil municipal. L’élu RN Philippe Théveniaud, interpelle le maire d’Amiens sur l’affaire (...)
Des inquiétudes quant au respect par le groupe de la neutralité politique avaient déjà été soulevées lors de l’appel d’offres. "Un rappel avait d’ailleurs été adressé à la société de production pour qu’elle rappelle au groupe de rester neutre, précise la mairie, il était important que nous restions intransigeants sur ce point, les animations en centre-ville ne sont pas censées être politiques."
L’équipe de Sidi Wacho s’interroge : "il suffit d’écouter les morceaux du groupe pour voir qu’il est engagé politiquement, c’est hypocrite de les sanctionner après coup. Les artistes se produisent 60 à 70 fois par an, en France, mais aussi aux États-Unis, au Canada et nous n’avons jamais été attaqués comme ça." Concernant le chanteur qui s’est produit sur scène le 25 octobre dernier, il préfère "se tenir éloigné d’une polémique qui fait le jeu du RN" et ne souhaite pas commenter la décision de la mairie d’Amiens.