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Basta !
Un dispositif de la protection de l’enfance menacé de coupes budgétaires
#enfance #protectiondelenfance #ASE #LoireAtlantique
Article mis en ligne le 22 mars 2024
dernière modification le 21 mars 2024

Salué pour sa politique en matière de protection de l’enfance, le département de Loire-Atlantique avait décidé d’accompagner les jeunes les plus fragiles jusqu’à leurs 25 ans. Il vient de rétropédaler, provoquant la colère du secteur social.

Plus de 300 000 mineurs sont suivis par la protection de l’enfance. Que se passe-t-il une fois leur majorité atteinte ? Un contrat jeune majeur (CJM) leur permet de continuer à bénéficier, de 18 à 21 ans, d’un accompagnement vers l’autonomie, grâce à un suivi éducatif et psychologique, mais aussi avec des aides financières pour suivre des études, passer le permis de conduire ou accéder à un logement par exemple.

Ce dispositif, géré par les départements, tente d’éviter ce qu’on nomme les « sorties sèches », à savoir un ou une·e mineur·e qui aurait été suivi·e par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) jusqu’à sa majorité et qui, dès ses 18 ans, se retrouverait seul·e, sans aucune aide, ressources matérielles ou soutien humain.

Les jeunes issus de la protection de l’enfance se retrouvent le plus souvent démunis, ne bénéficiant ni de soutien familial ni de réseau amical ou professionnel. Un CJM permet alors une poursuite d’études ou de formation, et de pouvoir s’appuyer, dans cette quête d’autonomie, sur un ou une travailleuse sociale. Environ 20 000 jeunes adultes en bénéficient.

Suppression d’un budget d’un million pour les plus démunis (...)

Du côté des institutions, la pilule aussi a du mal à passer. Se concentrer sur les mineurs pour les délaisser ensuite une fois majeurs semble incohérent aux yeux des professionnel·les. D’autant qu’un CJM peut ne durer que quelques mois, le temps de stabiliser une situation. (...)

Ces jeunes devront donc quitter les dispositifs de protection de l’enfance, quand bien même leur contrat serait renouvelable jusqu’à 21 ans. « C’est incompréhensible, poursuit Nathalie Thimothée. Ces jeunes commencent à peine à s’en sortir, à trouver un peu de stabilité, et il faudrait stopper l’accompagnement ? » (...)

Comme si chaque jeune devait quitter ses parents dès 19 ans

Face à cette douche froide est née une inédite Coalition de l’enfance en danger, composée de plusieurs dizaines d’associations locales, de la Ligue des droits de l’homme et de Repairs ! (un réseau d’entraide entre jeunes), appelant le département à revenir sur sa décision hâtive, synonyme pour eux d’une « injonction à l’autonomie précoce ». La Coalition rappelle qu’un jeune français quitte en moyenne le domicile familial à 24 ans, alors que « les enfants en danger devenus adultes sont contraints de quitter les services de la protection de l’enfance en moyenne à 19 ans ». Un paradoxe difficilement acceptable quand on sait les parcours fragmentés de ces jeunes, empreints de ruptures, et alors qu’ils sont pour la plupart dépourvus de liens sociaux et familiaux.

Ces coupes budgétaires seraient notamment liées à la longue crise immobilière qui secoue les collectivités – un quart du budget départemental est lié aux droits de mutation à titre onéreux, versés lors de transactions immobilières. Les professionnel·les estiment qu’il faut, dans ce cas, amputer des budgets qui ne touchent pas directement les personnes. (...)