
En Turquie, y compris dans les régions kurdes du pays, six femmes ont été assassinées par des hommes en 4 jours (entre le 4 octobre et le 8 octobre). Par ailleurs, la petite Sila de 2 ans qui a été violée et frappée par plusieurs individus est décédée hier, après 30 jours passés aux soins intensifs. Les femmes sont de nouveau descendues dans les rues à travers le pays, exhortant le gouvernement à protéger la vie des femmes, en appliquant notamment la Convention d’Istanbul.
« Les féminicides sont politiques »
Les femmes tiennent le gouvernement responsable de ce qu’elles appellent la politique d’impunité et exigent une mise en œuvre effective de la loi sur les violence faites aux femmes.
Le meurtre de deux jeunes femmes de 19 ans par un homme du même âge le 4 octobre a déclenché des manifestations dans toute la Turquie. L’agresseur, identifié comme Semih Çelik, a tué İkbal Uzuner, qu’il traquait depuis des années, et Ayşenur Çelik, ses camarades de classe. (...)
Les manifestations ont également mis en lumière un autre incident qui a provoqué l’indignation, où deux hommes ont ouvertement harcelé une femme dans le quartier de Beyoğlu, un quartier touristique connu pour sa vie nocturne animée, selon des images qui ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux le 4 octobre.
Bien que les hommes aient été initialement libérés après avoir été arrêtés par la police, à la suite de réactions sur les réseaux sociaux, ils ont été de nouveau détenus puis arrêtés par un tribunal.
Ce week-end, des groupes de défense des droits des femmes ont organisé des manifestations dans tout le pays, dénonçant la « politique d’impunité » du gouvernement comme étant à l’origine des violences masculines. Les manifestants demandent à la Turquie de rejoindre la Convention d’Istanbul, un traité du Conseil de l’Europe visant à prévenir les violences faites aux femmes, dont le pays s’est retiré en 2021.
En outre, ils exigent l’application effective de la loi 6284, qui s’appuie sur la convention mais qui a fait l’objet de critiques pour sa mauvaise mise en œuvre, notamment après le retrait.
« L’impunité encourage les auteurs de crimes » (...)
Dans leur déclaration, les femmes ont condamné l’incapacité de l’État à protéger les femmes et critiqué la clémence dont il fait preuve à l’égard des harceleurs et des meurtriers. Les militants ont souligné que les femmes en Turquie se tournent souvent vers les réseaux sociaux pour obtenir justice, car les autorités sont perçues comme encourageant la violence avec leurs politiques d’impunité. (...)
« Nous savons que vous essayez de rendre les rues dangereuses pour les femmes. Avec des remarques telles que « Que faisait-elle dehors à cette heure-là ? » et des politiques promouvant une « cellule familiale forte », vous essayez de nous confiner chez nous. Votre langage sexiste, qui dicte combien d’enfants les femmes devraient avoir ou à quelle heure elles devraient être dans la rue, encourage la violence masculine. Vous voulez transformer les femmes en membres dociles d’un système familial oppressif et exploiteur. Nous rejetons cela », poursuit le communiqué.
Les manifestantes ont également dénoncé les tentatives visant à minimiser la violence masculine en invoquant l’alcoolisme ou la toxicomanie, soulignant que la cause profonde est le patriarcat et que les auteurs sont des hommes.
Elles ont averti que tenter de détourner l’attention en se concentrant sur la race ou le statut de réfugié des agresseurs ne résoudrait pas le problème de la violence contre les femmes, car des hommes de tous horizons commettent de tels actes. (...)
« Nous voulons une vraie justice, pas une justice masculine »
À Izmir, des femmes se sont rassemblées sur la place de la démocratie Aliağa, scandant : « Les féminicides sont politiques », « Nous voulons une vraie justice, pas une justice masculine » et« Nous ne nous tairons pas, nous n’obéirons pas ». Deniz Gültekin, lisant une déclaration au nom du groupe, a exprimé son indignation face à la violence croissante contre les femmes et au manque d’application de la loi. « Nous ne sommes pas en deuil, nous sommes en révolte », a-t-elle déclaré, critiquant le gouvernement qui a libéré des meurtriers et des pédophiles dans la société grâce à des lois d’amnistie.
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