
Le bureau tunisien de l’Organisation internationale des migrations (OIM) a indiqué avoir facilité le retour volontaire de 268 migrants guinéens en août via l’affrètement de deux vols spéciaux. En raison de conditions de vie extrêmes, des violences subies et des arrestations arbitraires répétées, les Subsahariens clandestins présents en Tunisie sont de plus en plus nombreux à faire appel au programme de "retour volontaire" de l’organisation.
(...) "Ces vols s’inscrivent dans le cadre du programme d’aide au retour volontaire et à la réintégration, qui est mis en œuvre dans le cadre du Programme de Protection, de Retour et de Réintégration des migrants en Afrique du Nord (MPRR-NA) de l’OIM, financé par l’Union européenne" a indiqué l’organisation ce mardi. Le document précise également que le vol du 26 août, a pu être mis en place avec la contribution du gouvernement suédois.
Ce programme permet aux exilés d’être rapatriés chez eux et de bénéficier d’un soutien financier pour développer leur projet au pays. "Avant leur départ, les bénéficiaires ont reçu une assistance complète, incluant des séances de conseil, un hébergement temporaire, des examens de santé pré-départ et un appui logistique pour le voyage, conformément aux standards de protection de l’OIM" indique l’agence.
Une intensification des demandes de "retours volontaires" (...)
Cette tendance témoigne du climat particulièrement délétère qui vise les Subsahariens dans ce pays. Les violences à répétition, les démantèlements de camps successifs, les expulsions dans le désert, les arrestations ou le harcèlement des autorités ont rendu la vie de milliers de ces migrants clandestins en Tunisie très difficile. (...)
Une situation infernale qui a convaincu nombre d’entre eux de demander l’aide au "retour volontaire" de l’OIM. (...)
L’OIM débordée par les demandes de "retours volontaires"
Mais l’agence, débordée, peine à prendre en charge tous les dossiers. La hausse des demandes et le délai pour les traiter provoquent un goulot d’étranglement dans les structures de l’OIM. Ses quatre centres en Tunisie - qui accueillent environ 500 personnes - sont saturés. (...)
Dans ces conditions, des centaines de personnes se retrouvent alors livrées à elles-mêmes. Plusieurs témoignages de migrants recueillis par InfoMigrants font état de leur désespoir face à la situation. "On se soutient entre nous, on cotise pour acheter de la nourriture mais certains jours, je n’ai rien à manger. On n’a même pas d’eau. On en récupère un peu au système d’arrosage des propriétaires des champs", raconte Seydou. "Tout ce que je veux, c’est rentrer chez moi. Si j’avais de l’argent, je paierais pour ‘me retourner’".
Dans le même temps, depuis 2023 et un accord signé avec l’Union européenne, le gouvernement tunisien fait tout pour éloigner les exilés des côtes du pays - notamment en les expulsant dans le désert à la frontière avec l’Algérie ou la Libye - et les empêcher de prendre la mer vers l’Europe. Les traversées vers l’Italie sont ainsi quasi à l’arrêt. Au premier semestre 2025, seulement quelques 2 000 migrants ont atteint les côtes italiennes depuis les plages tunisiennes, contre plus de 10 000 à la même période l’an dernier, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur italien.