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Ligue des Droits de l’Homme (LDH)/Tribune dont la LDH est signataire, 23 avril 2024
tribune collective “Nous devons entrer dans une nouvelle ère de la lutte contre les perturbateurs endocriniens”
#perturbateursendocriniens
Article mis en ligne le 27 avril 2024
dernière modification le 25 avril 2024

À l’occasion de la troisième Journée européenne des hormones, les signataires de cette tribune, membres d’un collectif d’organisations de la société civile engagées dans les enjeux de santé environnementale, appellent à intensifier la lutte et les mesures de prévention contre les perturbateurs endocriniens car les maladies induites augmentent, dont certains cancers.

Trente et une ! Selon les résultats de l’étude PEPS’PE publiés par Santé Publique France fin décembre 2023 (1) , les perturbateurs endocriniens (ces substances chimiques susceptibles d’induire des effets délétères sur un organisme et/ou ses descendants (2)), seraient impliqués dans pas moins de 31 maladies chroniques graves, telles que l’asthme, le diabète, l’obésité, certains cancers, et avec des conséquences néfastes sur la santé reproductive et le développement de l’enfant.
Nous y sommes pourtant quotidiennement exposés, au travers des plastiques, emballages alimentaires, pesticides, cosmétiques, solvants, parfums, retardateurs de flamme, etc., via certains métaux lourds (plomb, cadmium…), en plus des ondes électromagnétiques. Beaucoup de polluants omniprésents dans nos milieux de vie sont des perturbateurs endocriniens avérés ou suspectés.

À l’occasion de la troisième Journée européenne des hormones, initiée par la Société européenne d’endocrinologie (3), mercredi 24 avril 2024, les organisations du Collectif inter-associatif pour la santé environnementale (CISE (4)), demandent à la France et à l’Europe de s’engager avec détermination à réduire l’exposition des populations à ces substances dangereuses qui mettent à mal notre droit fondamental à vivre dans un environnement sain ; et à repenser l’approche de la prévention.

La France, premier pays au monde pour l’incidence du cancer du sein

Les perturbateurs endocriniens sont à l’origine du développement fulgurant des maladies chroniques hormono-dépendantes – dans lesquelles les hormones participent au développement des cellules cancéreuses. (...)

Nous devons également réagir à l’augmentation des cas de diabète et d’obésité, des troubles du développement neurologique, de l’apparition d’hypersensibilités multiples, chimiques et électromagnétiques, mais aussi à la progression inquiétante (8) du nombre de cancers pédiatriques (leucémies, tumeurs du système nerveux central, lymphomes), première cause de mort par maladie chez l’enfant en Europe.

Par ailleurs, la menace que les perturbateurs endocriniens font peser sur la fertilité doit devenir une préoccupation majeure (...)

En Europe, une régression législative dangereuse.

Les dangers de nombreux pesticides, en particulier leur impact sur le système endocrinien, ont été mis en lumière dès 2013 par une revue de la littérature scientifique de l’Inserm. Ces résultats ont été confirmés, et étendus de manière inquiétante, à l’occasion d’une actualisation réalisée en 2021(10). Des liens avec d’autres pathologies ou événements de santé ont ainsi été identifiés, comme la maladie d’Alzheimer, les troubles anxio-dépressifs, certains cancers (leucémies, système nerveux central, vessie, rein, sarcomes des tissus mous) ou encore des pathologies thyroïdiennes.

Malgré ces constats alarmants, les politiques nationale et européenne actuelles sont marquées par la suspension du Plan Écophyto (qui visait à réduire le recours aux pesticides(11)), la ré autorisation de mise sur le marché du glyphosate(12), le rejet du règlement européen SUR, prévoyant de diviser par deux l’emploi de pesticides en Europe d’ici à 2030(13), et l’abandon, par la Commission européenne, de la révision du règlement REACH (qui ambitionnait la suppression de milliers de substances dangereuses des produits de grande consommation) dans son programme de travail 2024. (...)

Interdire, prévenir, informer : réduire les facteurs de risque est à notre portée. Pourtant, réduire ou éliminer les facteurs de risque liés aux perturbateurs endocriniens est à notre portée. (...)

Par ailleurs, des actions de prévention primaire pourraient stopper la progression alarmante des maladies citées, insoutenables tant sur les plans humain, social que financier. (...)

Sans de tels instruments, il ne sera pas possible de s’attaquer efficacement aux causes des 31 maladies identifiées par Santé Publique France, dans lesquelles les perturbateurs endocriniens jouent un rôle.