
Les préfectures du Nord et du Pas-de-Calais ont ouvert des dispositifs temporaires de mise à l’abri face au passage de la tempête Ciaran. Mais un grand nombre d’exilés ont été laissés sans solution sur les campements, faute de places et d’anticipation, selon les associations de terrain.
Du fait du passage de la tempête Ciaran, le département du Nord a été placé en vigilance jaune "vents violents". La préfecture a communiqué mercredi 1er novembre sur "une mise à l’abri amplifiée pour les personnes migrantes du littoral", avec l’ouverture de deux gymnases à partir de 16h30 dans le Dunkerquois, priorisant familles, enfants et femmes isolées.
"Les maraudes sociales de l’opérateur mandaté par l’État seront renforcées et les personnes migrantes volontaires pourront être orientées en bus à partir de 15h depuis les campements de migrants de Loon-Plage vers les gymnases mis à disposition par la collectivité territoriale", indiquait ce communiqué.
Le premier gymnase, dédié aux hommes seuls, "était d’environ 150 places", raconte Fabien Touchard, coordinateur de l’association Utopia 56 à Grande-Synthe. Le second gymnase, abritant les familles, comptait peu ou prou le même nombre de places.
"Ils auraient pu mieux anticiper, ouvrir d’autres lieux"
Mais voilà : sur le campement de Loon Plage, le principal lieu de vie informel à Grande-Synthe, on compte "près de 2 000 personnes", rappelle Fabien Touchard. Le calcul est rapide : "Les gymnases sont loin d’être suffisants. Au moins 1 500 exilés sont restés sans solution". (...)
Depuis ce jeudi matin, les bénévoles d’Utopia 56 à Grande-Synthe reçoivent "des dizaines d’appels de personnes qui demandent une mise à l’abri après la nuit qu’ils viennent de passer. Elles nous disent que c’est dangereux de rester sur le campement". (...)
L’arrivée de cette tempête, "cela fait un moment que l’on est au courant. Ils auraient pu mieux anticiper, ouvrir davantage de places, réquisitionner d’autres lieux. Il y a quand même plus que deux gymnases dans le Dunkerquois", déplore le responsable d’Utopia 56.
À Calais : 689 mises à l’abri pour 1 500 exilés (...)
. "L’accès se faisait de 16h30 à 18h30 pour les hommes seuls majeurs ; et pour les mineurs de 16h30 à 17h30", détaille Pierre Roques, porte-parole de l’Auberge des migrants. Des plages horaires réduites, qui ont rendu difficile la bonne circulation de l’information.
"Une heure de marche du lieu de rendez-vous"
Car en effet, les associations non mandatées par l’État assurent n’avoir eu la confirmation de l’ouverture des locaux qu’à 15 heures, mercredi. "C’était très tard pour faire de l’information sur les campements ; et puis encore une fois, la charge revenait aux associations citoyennes", regrette Pierre Roques. Les maraudeurs mandatée par l’État étaient sur le terrain. Mais les autres associations assurent avoir dû faire un important travail d’information et de transport depuis les campements vers le lieu de rendez-vous... Dans l’urgence.
"Malgré tout, beaucoup de personnes se sont présentées, mais certaines ont été laissées sur le carreau" (...)
"On a essayé de se coordonner entre les différents lieux de vie, mais on ne sait jamais si tout le monde a pu avoir l’information", résume Alex Gaudinat. Le responsable associatif fustige lui aussi "le manque de coordination et d’anticipation" de la part de la préfecture.
Une bonne nouvelle néanmoins pour les exilés qui ont réussi à trouver une place d’hébergement : dans le Dunkerquois comme dans le Calaisis, aucune remise à la rue n’a été effectuée entre mardi et mercredi, l’ensemble des dispositifs étant reconduit pour la nuit de jeudi à vendredi.
Idem plus à l’ouest encore, à Ouistreham : les autorités ont ouvert un gymnase à Caen pour mettre à l’abri les 200 exilés se trouvant autour de la commune, et ceux-ci peuvent aussi y rester une nuit de plus en attendant la fin du passage de la tempête.
Des évacuations de campements la veille de la tempête
La veille du passage de la tempête, les exilés du Dunkerquois comme du Calaisis avaient été déplacés par une série d’évacuations de campements.
C’était le cas d’une partie du grand campement de Loon Plage à Grande-Synthe ; et de tous les campements à Calais. (...)
Certains exilés ont pu monter dans des bus vers des CAES (centres d’accueil et d’examen des situations). Mais "énormément de personnes se sont retrouvées sans leurs effets personnels et sans proposition de mise à l’abri", rappelle Fabien Touchard d’Utopia Grande-Synthe. (...)