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France24
Syrie : plusieurs milliers d’alaouites manifestent, un couvre-feu instauré à Homs
#syrie
Article mis en ligne le 26 décembre 2024

Des milliers de Syriens de la minorité alaouite, dont est issu le président déchu Bachar al-Assad, ont manifesté mercredi dans plusieurs villes du pays après la publication d’une vidéo montrant une attaque contre l’un de leurs sanctuaires. Un manifestant a été tué par balles, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

(...) Des milliers de Syriens de la minorité alaouite dont est issu le président déchu Bachar al-Assad ont manifesté mercredi 25 décembre dans plusieurs villes de Syrie après une vidéo montrant une attaque contre l’un de leurs sanctuaires, une ONG faisant état d’un manifestant tué par balles.

Le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, Rami Abdel Rahmane, a déclaré à l’AFP qu’un "manifestant a été tué et cinq autres blessés après que les forces de sécurité à Homs (centre) ont ouvert le feu pour disperser les protestataires".

Il s’agit des premières manifestations d’alaouites depuis le renversement de Bachar al-Assad par une coalition de rebelles menée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Cham (HTC), entrée à Damas le 8 décembre après s’être emparée en 11 jours d’une grande partie du pays. (...)

Selon des témoins et l’OSDH, des milliers de Syriens ont manifesté également à Tartous, Banias, Jableh, et Lattaquié dans l’ouest du pays, où est très implantée la communauté alaouite, une branche de l’islam chiite. (...)

À Homs, la police a décrété selon l’agence officielle Sana un couvre-feu nocturne jusqu’à 08 h 00 (05 h 00 GMT). Les autorités à Jableh ont également annoncé un couvre-feu nocturne.

La colère des alaouites a éclaté après une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montrant "une attaque de combattants" contre un sanctuaire dans le quartier de Maysaloon, à Alep (nord), deuxième ville de Syrie, selon l’OSDH. Cinq employés du sanctuaire qui a été incendié ont péri, d’après l’ONG.

À Damas, le ministère de l’Intérieur a assuré que la vidéo était "ancienne" et datait de la prise d’Alep par les rebelles le 1ᵉʳ décembre.

"Le but de faire circuler à nouveau de telles images est de semer la discorde parmi le peuple syrien (...)", a-t-il ajouté en accusant des "groupes inconnus" de l’attaque. Les nouvelles autorités ont multiplié les gestes d’assurance envers toutes les minorités d’un pays traumatisé par la guerre. (...)

"Semer la discorde" (...)

Des images ont montré une foule défilant dans la rue, brandissant le drapeau des rebelles datant de l’ère de l’indépendance. "Non à l’incendie des lieux saints et à la discrimination religieuse, non au sectarisme, oui à une Syrie libre", pouvait-on lire sur une pancarte.

À Lattaquié, les manifestants ont dénoncé "les violations contre la communauté alaouite", selon Ghidak Mayya, un manifestant de 30 ans. "Pour le moment nous écoutons les appels au calme (...) Mais la situation peut exploser." (...)

Après la fuite à Moscou de Bachar al-Assad dans la foulée de l’offensive rebelle, des membres de la minorité alaouite se sont réjouis de sa chute, mais ont dit craindre la marginalisation, ou pire, des représailles.

Selon le politologue Fabrice Balanche, "les alaouites étaient très proches du régime de Bachar", dont ils constituaient la "garde prétorienne". Il estime à 1,7 million leur nombre aujourd’hui, soit environ 9 % de la population.

Neuf morts lors d’une tentative d’arrestation d’un officier de Bachar al-Assad (...)

Un probable nouveau charnier découvert au nord de Damas (...)

Le sort de dizaines de milliers de prisonniers et disparus constitue l’un des aspects les plus douloureux du drame syrien, dans un pays exsangue après 13 ans d’une guerre dévastatrice, déclenchée en 2011 par la répression brutale de manifestations prodémocratie, et qui a fait plus de 500 000 morts. (...)

Sur un autre plan, les nouvelles autorités ont mis le feu à Damas à des stocks de cannabis, des boîtes de Tramadol et une cinquantaine de petits sacs contenant un million de pilules de captagon, une amphétamine produite à une échelle industrielle sous Assad, selon deux membres des forces de sécurité. (...)

Le pouvoir déchu était connu pour produire du captagon, transformant son pays en narco-État et inondant les marchés au Moyen-Orient.

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 Syrie : à Soueida, des brigades druzes refusent pour l’instant de rendre les armes

Alors que la nouvelle coalition au pouvoir à Damas a appelé à la dissolution des groupes armés dans le pays, certaines minorités restent sur leurs gardes vis-à-vis de Hayat Tahrir al-Cham (HTC). Parmi elles, les brigades druzes installées dans le sud de la Syrie refusent pour l’instant de rendre les armes. Un reportage à Soueida de Johan Bodin et Mohamed Farhat. (...)