Etienne Guyot, le préfet du département de la Gironde, va probablement trancher en faveur de la demande d’autorisation de l’entreprise Canadienne VERMILION REP de réaliser huit nouveaux forages pétroliers sur la concession de Cazeaux dans la commune de La Teste de Buch.
Selon l’enquête publique, menée sous la direction de Mme Carole Ancla, l’objectif de ces nouveaux forages est « d’atteindre des réserves pétrolières jusque-là non exploitées de la concession, afin de stabiliser la production et de viser à l’atteinte du rendement maximum du gisement imposé par le code minier »
Avoir en 2024 dans le Code minier un objectif de maximiser le rendement des gisements d’hydrocarbures relève tout simplement du suicide collectif. En effet, la NASA vient de confirmer qu’en 2023, la planète Terre s’est réchauffée de l’ordre de 1.4°C par rapport à la fin du 19e siècle, lorsque la tenue des registres modernes de température a commencé.
Et le GIEC nous a rappelé dans ses derniers rapports publiés entre 2021 et 2023 :
- qu’« il est sans équivoque que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, l’océan et les terres » ;
- que « les augmentations des concentrations de gaz à effet de serre (GES)…résultent, sans équivoque, des activités humaines » ;
- que « trois-quarts des émissions de GES proviennent de l’exploration, la production et l’utilisation des énergies fossiles ».
Un mandat à l’encontre de nos objectifs climatiques et des promesses du président Macron (...)
Cette fameuse loi qui devait faire du premier quinquennat du président Macron un quinquennat écologique et qui en a fait, sous la menace de la société VERMILION REP, le quinquennat qui prolonge l’exploitation des hydrocarbures dans les concessions existantes, rendant ainsi caduques l’objectif de la France de devenir neutre en carbone en 2050 et toutes les annonces du président de la République sur la lutte contre le changement climatique et la restauration/protection de la nature.
Comment VERMILION REP pourrait encore une fois faire plier la France
VERMILION REP est la filiale française du groupe canadien VERMILION Energy Inc. Selon sa communication officielle, cette entreprise serait le premier producteur de pétrole en France. (...)
VERMILION a pointé du doigt des incohérences dans le projet de la loi Hulot comme la proposition de prolonger les permis exclusifs de recherche et d’octroi de nouvelles concessions, alors que l’exploration dans les concessions existantes, comme celle de Cazeaux dans la commune de La Teste de Buch, ne serait plus prolongée dès que la loi Hulot serait promulguée.
VERMILON a précisé dans son courrier que cette proposition de loi, qu’elle considère litigieuse, est contraire :
- au Code minier, cité par Mme Carole Ancla dans son rapport ;
- à la directive 94/22/CE du Parlement européen et du Conseil, du 30 mai 1994, sur les conditions d’octroi et d’exercice des autorisations de prospecter, d’exploiter et d’extraire des hydrocarbures ;
- aux principes constitutionnels, notamment au droit à la propriété et à la liberté d’entreprendre ;
- aux engagements internationaux de la France en tant que membre du traité sur la Charte de l’énergie.
La sortie boiteuse de la France du Traité sur la Charte de l’énergie (TCE)
Peu connu du grand public, le traité sur la Charte de l’énergie est un accord multilatéral de 1994, ratifié par la France en 1999, qui permet aux investisseurs étrangers d’exiger jusqu’à plusieurs milliards d’euros des Etats en compensation de l’impact négatif que les changements dans la législation liée au secteur de l’énergie pourraient avoir sur les investissements faits et sur les bénéfices escomptés par les investisseurs étrangers. (...)
En octobre 2022, le Président Macron a finalement pris la sage décision de mettre fin à la participation de la France à ce traité écocide qui met la souveraineté énergétique nationale dans les mains des investisseurs étrangers.
Depuis l’annonce de la sortie de la France, une dizaine de pays membres de l’Union européenne ont également annoncé leur sortie. Toutefois, ces annonces n’ont été suivies d’effet que dans trois pays à savoir la France, l’Allemagne et la Pologne.
Les possibles menaces de VERMILION
Pour que la France retrouve toute sa souveraineté sur ses politiques énergétiques, elle doit faire annuler au plus vite la clause de survie qui prolonge de 20 ans la protection des investissements faits avant de quitter le TCE. Typiquement, les investissements faits par VERMILION, jusqu’en décembre 2023, dans la concession de Cazeaux dans la commune de La Teste de Buch, restent protégés par le TCE jusqu’en 2043 grâce à cette clause de survie.
Et comme la demande de VERMILION REP porte sur une concession existante, il est facile de faire passer les investissements, à faire si l’Etat approuve la demande en cours, pour des investissements faits avant décembre 2023. Dans la pratique, VERMILION pourrait demander à constituer un tribunal d’arbitrage pour déposer une plainte contre la France. Plainte qui se chiffrerait à plusieurs millions, voire milliards d’Euros que le contribuable français devra payer.
L’autre option pour VERMILION est de procéder comme en 2018. Il lui suffit d’envoyer un courrier au préfet de Gironde lui rappelant l’obligation pour la France de respecter la clause de « traitement juste et équitable » du Traité de la Charte de l’énergie pour que la France abdique à nouveau.
La solution est entre les mains du président de la République (...)
Comme signalé dès 2019, la sortie du TCE des États membres de l’Union européenne doit obligatoirement être accompagnée de la sortie de l’Union européenne pour permettre l’annulation de cette clause de survie qui prolonge de 20 ans la protection des investissements faits avant d’en sortir. (...)
Il suffirait d’une alliance avec l’Allemagne et la Pologne pour mettre à l’ordre du jour de la prochaine réunion du Conseil de l’Union et de faire adopter la sortie de l’Union européenne du TCE et l’annulation de la clause de survie entre les Etats membres.