
Huit parlementaires de la Nupes ont passé la nuit du mardi 16 au mercredi 17 janvier sous une tente de l’association Droit au logement, dans le VIIe arrondissement de Paris, en solidarité avec les sans-abri. Des militants de Renaissance et de LR les accusent d’hypocrisie.
(...) Sur les réseaux sociaux, des internautes estiment que les parlementaires se mettent en scène auprès des plus précaires en dormant dans des tentes abritées, sous un barnum fermé, installé selon eux pour l’occasion. (...)
L’action des députés de gauche intervenait après l’annonce mardi par la présidente du groupe insoumis à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, de son dépôt de plainte devant la Cour de justice de la République contre l’ex-gouvernement Borne, pour « non-assistance à personne en danger et mise en danger de la vie d’autrui ». L’élue LFI du Val-de-Marne ciblait notamment la « gestion du risque particulier qui pèse sur les personnes sans abri » dans un contexte de grand froid. (...)
Le porte-parole et fondateur de l’association DAL, Jean-Baptiste Eyraud, confirme à nouveau mercredi auprès de Libé : « Le barnum, c’est notre petit salon, il nous protège de la pluie. On se relaie, on dort sous les tentes, parce qu’il fait froid. Moi, j’invite aussi les jeunes de Renaissance à dormir sous la tente, sous la pluie, à -1 °C. » La « double tente » n’a donc pas spécifiquement été installée pour la venue des parlementaires de gauche. En outre, selon les déclarations de plusieurs participants, du responsable du DAL, et les photos, les élus ont dormi en binômes, afin d’occuper le moins d’espace possible sous le barnum et de ne pas prendre la place des personnes déjà hébergées dans ce lieu.
Selon Jean-Baptiste Eyraud, les députés auraient également laissé à l’association les sacs de couchage et les matelas pneumatiques qu’ils avaient apportés.
L’association à l’initiative
Par ailleurs, l’initiative de cet événement n’est pas du fait des députés, mais de l’association elle-même. Si le député LFI des Yvelines William Martinet a été le premier à annoncer publiquement qu’il allait dormir « quelques nuits sous une tente rue Solférino », en « solidarité » avec les sans-abri, cette déclaration fait suite à un échange avec Jean-Baptiste Eyraud. Qui explique : « William Martinet est venu nous voir il y a une dizaine de jours, et je lui ai proposé de venir dormir s’il voulait vraiment nous soutenir. » Pour les députés écologistes aussi, Jean-Baptiste Eyraud assure que c’est l’association « qui a fait le boulot » afin de les contacter et les convaincre de passer la nuit sous les tentes. (...)
Dans un contexte de mobilisation de la gauche pour la réquisition des bâtiments privés vides, Sandrine Rousseau pointe par ailleurs le fait que le barnum de l’association DAL se situe au pied d’un grand immeuble « bourgeois et totalement vide » (« au minimum » à 80 %, nuance Jean-Baptiste Eyraud). Et la députée écologiste de résumer cette polémique : « C’est l’hallu ! On a 300 000 SDF, 3 000 enfants à la rue. Et Macron n’a pas dit un mot du mal-logement dans ses vœux. » Ni dans sa conférence de presse, mardi 16 janvier au soir.