Depuis le 17 mai, un peu moins de 1 800 ressortissants rwandais en RDC ont été rapatriés dans leur pays d’origine. La plupart d’entre eux sont basés au Nord-Kivu depuis des décennies et sont accusés d’être en situation irrégulière par l’AFC-M23. Le groupe rebelle les a arrêtés avant de les remettre à l’UNHCR qui a assuré leur transport vers leur pays d’origine. Accueillis dans deux centres de transit au Rwanda avant leur réintégration dans la société, certains de ces rapatriés dénoncent les conditions de leur retour. Reportage au centre de transit à Kijote, qui accueille près de 360 d’entre eux, à une trentaine de kilomètres de la frontière avec Goma.
Dans une chambre de quatre lits superposés, un rapatrié d’une quarantaine d’années a pu emporter avec lui quelques sacs d’affaires avant de quitter la RDC. "On nous a pris par surprise. C’était à 4h du matin, les militaires nous ont encerclés, nous pensions qu’ils voulaient nous parler. Nous sommes restés là-bas et personne ne pouvait sortir, puis on nous a annoncé qu’on allait rentrer chez nous au Rwanda. Personne ne pouvait s’échapper, et c’est comme ça qu’on est arrivé ici".
Comme la majorité du groupe, l’agriculteur vivait avant la guerre à Karenga, mais s’était réfugié depuis quelque temps dans une école à Sake. À ses côtés, une autre rapatriée, en RDC depuis 2001, craint de devoir tout recommencer à zéro. "J’avais vendu le champ que j’avais au Rwanda pour acheter une terre au Congo. Les enfants mangeaient bien, je pouvais leur acheter des habits, il n’y avait pas de problème de faim. Mais si on ne nous avait pas forcés à venir ici, je serais restée là-bas. Mais je ne pouvais pas refuser".
Un transit vécu difficilement
Après deux semaines dans le centre de transit, les rapatriés doivent être accompagnés dans leur région d’origine au Rwanda. Emmanuel Kayiranga, est administrateur du camp. "Nous préparons pour voir où ils iront, avec qui ils seront réunis. Certains sont arrivés en RDC en 1994, d’autres sont nés là-bas, alors il faut vérifier les bonnes adresses".
Un soutien matériel et financier doit être remis à la sortie du camp. Dans une publication, le ministre des Affaires étrangères rwandais affirme que les rapatriés obtiendront leurs papiers et bénéficieront de formations.
Au total, la RDC accueille encore près de 200 000 réfugiés rwandais. Des retours volontaires sont organisés chaque année à travers un accord tripartite entre le Rwanda, la RDC et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Depuis 2010, plus de 82 000 retours ont été organisés. Mais ces derniers retours n’ont pas été effectués selon les modalités habituelles, selon Eujin Byun, porte-parole du HCR. (...)
Rwanda : les rapatriements de ressortissants rwandais réfugiés en RDC vécus comme "un retour forcé" (...)