
Un « débat public » s’organise généralement pour recueillir l’avis des citoyens sur un grand projet d’infrastructure engageant beaucoup d’argent public. Cette fois, et « c’est une première », souligne Jean Bergougnoux, ancien directeur général d’EDF, ex-président de la SNCF et responsable de l’organisaton de ce grand débat, il concerne une question de société large, les nanotechnologies, qui engage notre avenir à tous.
...Contre-débat et appel au boycott Le collectif citoyen Pièces et main d’oeuvre, né il y a huit ans à Grenoble pour éveiller la conscience citoyenne sur ces questions, vient de lancer son propre « site du débat public sur les nanotechnologies », nanomonde.org. Rue89 a interrogé une militante anonyme de ce collectif de citoyens méfiants, qui appellent à boycotter le débat public officiel
« Le débat public, c’est un exutoire pour que les gens relâchent la vapeur. Mais le plan Nano-INNOV lancé par le gouvernement en mai dernier et qui prévoit 70 millions d’euros d’investissement public ne sera pas remis en cause s’il ressortait du débat public que les gens sont opposés au nanomonde. Tout est décidé d’avance et on dit aux gens vous pourrez discuter. »
...Sur la forme aussi, l’organisation de ce débat pose question. La commission est une autorité indépendante, mais saisie par sept ministères et financée (2 millions d’euros) par le ministère de l’Ecologie. Pour l’assister dans sa communication auprès des médias et du public, la commission a passé un contrat avec un prestataire qui avait déjà fait parler de lui dans l’affaire de la surveillance des profs : l’agence i&e consultants, conseil en stratégie d’opinion.
De plus, « les membres de la commission font partie du “ technogratin ” comme on dit, et ils disent eux mêmes qu’ils ne sont pas fondés à émettre des recommandations », souligne encore le nanomonde. Alors, faut-il participer ou risque-t-on de se faire manipuler ? Votre avis nous intéresse.