
Avec la nouvelle évacuation du camp la semaine dernière, le préfet de la Haute-Garonne amplifie la criminalisation et la répression des opposants à la LGV Bordeaux-Toulouse. Un cheminot envoie sa solidarité aux militants écolos contre la répression.
« Ils seront systématiquement délogés ». Le 30 janvier, le préfet de la Haute-Garonne Pierre André Durand donnait le ton concernant la répression des opposants à la ligne à grande vitesse (LGV) Bordeaux-Toulouse. Il a affirmé que « les manifestations non déclarées » feraient l’objet « d’évacuations systématiques des forces de l’ordre. » : « L’État sera intransigeant », a-t-il déclaré auprès d’Actu Toulouse.
Dans la foulée, il a déposé un nouvel arrêté préfectoral visant à interdire « le port et le transport, sans motif légitime, d’armes et d’objets pouvant constituer une arme au sens de l’article 132-75 du code pénal » du mardi 4 au lundi 10 février, sur les communes de Saint-Jory, Castelnau-d’Estrétefonds et Grenade (Haute-Garonne). Un arrêté aux contours particulièrement flous, qui vise avant tout à installer le narratif policier d’opposants « éco-terroristes », qu’il serait légitime de criminaliser et de réprimer.
C’est dans le cadre de cet acharnement que le mardi 4 février, soixante gendarmes ont été déployés pour évacuer le camp des opposants à la LGV installé sur un terrain appartenant à la SNCF à Saint-Jory (...)
En tant que cheminots, nous devons faire front face à cette offensive répressive contre les opposants au projet. Les logiques de criminalisation à l’œuvre contre les opposants à la LGV nous rappellent par ailleurs celles qui ont visé les collègues grévistes récemment, que ce soit après les JO, ou lors de la bataille contre la réforme des retraites.
Nous savons également qu’au sein des cheminots, la question de la LGV est loin de faire l’unanimité et beaucoup, notamment dans le Sud-Ouest, sont séduits par l’idée d’une LGV et du parcours professionnel qui s’ouvrirait à eux. Mais nous pensons que de tels projets sont totalement illusoires à l’heure où la SNCF abandonne progressivement les lignes « non rentables », augmente le prix des billets et démantèle sa branche Fret.
Avec cette logique où la rentabilité prime avant tout, une nouvelle ligne TGV impliquera la fermeture des lignes les moins « profitables » pour la SNCF, comme ce peut être le cas des TER, très utiles pour les usagers. Cette logique est accentuée par les sites tels que SNCF Connect, voire même les guichets qui proposent systématiquement les trajets non subventionnés (en LGV, donc) pour aller vers Paris. Parfois, l’équivalent TER du trajet n’apparaît même plus. Cela amène, à terme, à des suppressions de postes, des fermetures de petites gares. Difficile de faire plus représentatif de l’absurdité de la gestion néolibérale de l’entreprise que le projet de LGV Bordeaux-Toulouse. (...)
Ainsi, il est important, en tant que cheminots, de dénoncer cette offensive répressive contre les opposants au projet, et d’apporter tout notre soutien aux militants écologistes réprimés et criminalisés. Nous pensons que c’est à leurs côtés, riverains et cheminots, que nous pourrons élaborer démocratiquement un plan de développement et d’entretien des lignes qui corresponde réellement aux intérêts des usagers, et qui respecte la biodiversité.