Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Mediapart
Quand le ministre Darmanin se faisait conseiller fiscal du PSG au détriment du Trésor public
#Democratie #fisc #PSG #Darmanin
Article mis en ligne le 7 janvier 2024
dernière modification le 5 janvier 2024

Mediapart révèle qu’à l’été 2017, le ministre des comptes publics Gérald Darmanin et son directeur de cabinet ont aidé le PSG à ne pas payer des dizaines de millions d’euros de taxes sur le transfert de la star brésilienne Neymar, contre la jurisprudence de l’administration

Six ans plus tard, cela reste le plus gros transfert de l’histoire du football. En août 2017, le PSG réalisait le casse du siècle en arrachant l’attaquant vedette Neymar au FC Barcelone pour 222 millions d’euros.

La facture, déjà astronomique, aurait pu être encore plus salée. Selon nos informations, les avocats du PSG estimaient probable que l’administration française réclame des dizaines de millions de taxes et cotisations sur cette opération.

Mais le club est parvenu, en seulement quatre jours, à éliminer complètement ce risque et à ne payer aucun impôt, grâce à une faveur accordée par le ministre des comptes publics de l’époque Gérald Darmanin (aujourd’hui ministre de l’intérieur), contre la jurisprudence de l’administration dont il avait la tutelle.

C’est ce que révèle une enquête de Mediapart, basée sur des documents inédits issus des « Football Leaks », obtenus par Der Spiegel et partagés avec l’EIC, ainsi que des documents judiciaires déjà dévoilés par Libération et L’Équipe. (...)

Le directeur de cabinet de Gérald Darmanin envoie des conseils au PSG pour contourner la jurisprudence de l’administration

Hugues Renson précise que les « supérieurs » du ministre, c’est-à-dire le « président » et son équipe, sont également impliqués. Emmanuel Macron a-t-il personnellement supervisé le dossier ? Interrogé par Mediapart, l’Élysée n’a pas répondu.

L’intervention du député semble en tout cas avoir été efficace : le soir même, le directeur général du PSG, Jean-Claude Blanc, s’entretient avec le directeur de cabinet de Gérald Darmanin, Jérôme Fournel – qui se trouve être aujourd’hui… le patron de la DGFIP, l’administration fiscale. (...)

26 juillet à 15 h 05, juste après la réunion, Hugues Renson se charge d’annoncer la bonne nouvelle à Jean-Martial Ribes : « J’étais avec Gérald. On a parlé. Il considère que c’est bon. Le calendrier a l’air fixé. Et ce qui compte, c’est que les documents que nous avions évoqués soient produits. Ils protégeront. »

Le député a raison : dès le lendemain, le PSG reçoit deux « rescrits » fiscaux adressés par le fisc et l’Urssaf d’Île-de-France, qui annoncent au club qu’il n’y aura ni impôt ni cotisations sociales à payer au sujet de la clause libératoire de Neymar.

Le matin du 3 août, quelques heures avant l’officialisation du transfert de l’attaquant brésilien, Gérald Darmanin s’en était réjoui au micro de France Inter, en tant que « ministre des comptes publics », en raison « des impôts qu’il va pouvoir payer en France ».

« Il vaut mieux que ce joueur de football paie ses impôts en France qu’il les paie ailleurs », avait-il ajouté, assurant que « les intérêts du pays, et notamment ses intérêts financiers, seront bien observés ». Gérald Darmanin s’était bien gardé de mentionner la faveur fiscale qu’il venait d’accorder au PSG pour faciliter sa venue. (...)

Jean-Martial Ribes a assuré aux policiers n’avoir joué qu’un rôle mineur dans l’opération (...)