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Procès Evaëlle : « T’es nul », « tu sers à rien »… Un autre élève raconte comment son enseignante l’a harcelé
#harcelementscolaire #Evaelle
Article mis en ligne le 13 mars 2025
dernière modification le 11 mars 2025

(...) Sa professeure de français de l’époque, Pascale B., est jugée à partir de ce lundi devant le tribunal correctionnel de Pontoise pour harcèlement à l’encontre de trois élèves. Jonathan, donc, mais également la jeune Evaëlle, qui s’est suicidée en juin 2019. L’enseignante n’a eu de cesse de nier les faits tout au long de l’instruction et reste présumée innocente jusqu’à une éventuelle condamnation.

Avant l’ouverture du procès, Jonathan et sa mère se confient.

Vous avez porté plainte contre votre professeure de français pour des faits de harcèlement lorsque vous étiez en 6e, entre 2018 et 2019. Comment cela se manifestait-il ?

Jonathan : Les premières semaines, ça allait plutôt bien mais très vite, elle a commencé à m’humilier. A chaque cours ou presque, elle m’interrogeait et si je n’avais pas la bonne réponse, elle me disait « t’es nul », « on apprend ça en CP », « tu sers à rien ». C’était en boucle, tout le temps. Comme c’était ma prof principale, c’était difficile de me plaindre. On était deux ou trois dans la classe à être toujours visés. En fait, il y avait trois groupes parmi les élèves : ses chouchous, ceux qu’on appelait les « fantômes », c’est-à-dire qu’elle ne les interrogeait pas et ceux à qui elle s’en prenait. C’était les plus timides, ceux qui n’osaient pas répondre (...)

Jonathan : J’angoissais avant d’aller à son cours, je tremblais, je priais pour qu’elle ne s’en prenne pas à moi. L’ambiance était hyper pesante. Ça a brisé ma confiance en moi. Au collège, ça ne se voyait pas trop, on n’en parlait pas, mais à la maison, j’étais énervé. (...)

Avez-vous tenté d’alerter la direction ?

Katell S. : Non. J’avais le sentiment que plus j’allais en parler, plus la situation risquait d’être compliquée pour Jonathan. On se sentait écraser par ce qui nous arrivait. On connaissait un peu les parents d’Evaëlle, c’est une petite ville, entre l’école, les anniversaires… Eux, ont remué ciel et terre, ils ont tout essayé, sonné à toutes les portes. Rien n’a bougé. On s’est mis comme objectif de tenir jusqu’à la fin de l’année, un jour après l’autre. Chaque soir, je débriefais Jonathan. Je le faisais parler, parler. C’était extrêmement éprouvant. Le suicide d’Evaëlle [en juin 2019] , ça a été un immense choc. Le décès dans de telles circonstances d’une enfant, c’est insupportable. Et puis, je crois que j’ai réalisé à ce moment-là que ça aurait pu être mon fils.

Quand vous êtes-vous décidé à porter plainte ?

Katell S. : On n’y a pas pensé tout de suite. C’était une période très compliquée, marquée par ce deuil. On a été contacté à l’automne par les policiers pour venir témoigner (...)