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Basta !
Pour des fleurs sans pesticides
#pesticides #fleuristes #sante
Article mis en ligne le 10 décembre 2024

Cultiver des fleurs bios, sans pesticides ni produits toxiques : c’est le choix de floricultrices bretonnes. À l’heure où l’opinion découvre que les fleuristes aussi souffrent des pesticides, cette alternative intéresse de plus en plus de clients.

C’est ce 4 décembre que la famille d’Emmy saura si la justice reconnaît les souffrances de cette enfant décédée à 11 ans des suites d’une longue leucémie. Pour le moment, la maladie d’Emmy a été reconnue par le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides comme directement liée à l’exposition aux pesticides de sa mère fleuriste, quand celle-ci était enceinte.

Cette affaire, qui a mis en lumière les risques professionnels du métier de fleuriste, invite à réfléchir aux alternatives à l’importation de fleurs cultivées à l’autre bout du monde avec des produits parfois interdits en Europe. Basta ! est ainsi allé à la rencontre de floricultrices qui explorent et pratiquent des modes de cultures sans pesticides.

« Certains clients étaient en plein désarroi et inquiets en découvrant l’histoire de Emmy », évoque Isabelle Leroux, floricultrice installée depuis quelques mois à une cinquantaine de kilomètres de Saint-Brieuc, dans les Côtes-d’Armor. Les floricultrices rencontrées sont régulièrement interpellées par leurs clients fleuristes sur le sujet. Celles et ceux qui cultivent des fleurs en bio peuvent les rassurer sur leur façon de travailler. (...)

De petites fermes de fleurs

« Au sein de l’association des Fermes florales bios (FFB), nous avons toutes des structures de petite taille avec des cultures très diversifiées, remarque Emeline Declerck qui préside cette organisation et qui cultive 8000 m², dont 6000 en plein champ. Cela permet une certaine résilience. Si on se plante d’un côté, cela va marcher de l’autre. Cela fait sept ans que je suis installée et j’ai toujours eu des fleurs à vendre ; et elles sont aussi belles et souvent plus solides et vigoureuses que celles qui arrivent de l’autre bout du monde, ou de l’Europe. » (...)

Difficile accès aux semences bio

« C’est très compliqué de trouver des semences », rapporte Sophie qui en produit elle-même. Cela oblige les productrices à faire des demandes de dérogation d’usage de semences non bio, fastidieuses, variété par variété. « Le sujet revient souvent comme un obstacle à la conversion bio », remarque Emeline. Le collectif est en négociation avec l’Institut national de l’origine et de la qualité pour obtenir des dérogations groupées, qui épargneraient pas mal d’heures de travail et de tracasseries. (...)

 Pas d’indemnisation pour Emmy, décédée d’une leucémie à cause des pesticides

Le lien entre la leucémie d’Emmy, décédée en mars 2022, et l’exposition aux pesticides de sa mère, fleuriste, alors qu’elle était enceinte a été confirmé. Mais la cour d’Appel de Rennes a refusé d’indemniser l’enfant décédée. (...)

Après deux mois de réflexion, la cour d’appel a confirmé mercredi l’indemnisation de Laure et François Marivain, qui recevront 25 000 euros chacun en réparation de leur préjudice moral. Mais elle a refusé la demande d’indemnisation formulée pour Emmy elle-même, pour ses frère et sœur et pour sa grand-mère, douloureusement impactés par la maladie et le décès de l’enfant.

Limite des pouvoirs du fonds (...)

 Les pesticides SDHI, dont l’utilisation augmente, ont de graves effets sur la santé

Un réseau de scientifiques confirme les effets sanitaires des pesticides SDHI, moins connus que le glyphosate, et s’inquiète de leur utilisation croissante. Rencontre avec la chercheuse Laurence Huc, coordinatrice de l’initiative. (...)

Laurence Huc : Les SDHI sont des fongicides, c’est-à-dire des pesticides qui s’attaquent aux champignons et moisissures. Leur principe est assez simple : ils bloquent la respiration cellulaire des champignons (la fameuse « SDH », ou succinate déshydrogénase). En bloquant cette respiration, les SDHI tuent les champignons. Les tout premiers sont sortis dans les années 1970, mais ils étaient utilisés sur un nombre réduit de cultures.

Ils sont réapparus au début des années 2000, avec des applications beaucoup plus larges, en réponse à un nouveau besoin, car les champignons ont peu à peu développé des résistances aux anciennes molécules. Il existe 23 substances actives SDHI au niveau mondial, dont onze autorisées en Europe et en France. Leur usage, comme celui des autres pesticides, ne cesse de s’accroître. Ils sont épandus sur la plupart des surfaces de blé et de vignes, mais on en trouve également dans des cultures aussi variées que les salades, poireaux, choux, pommes de terre et carottes...

Par ailleurs, certains SDHI ont des autorisations de mise sur le marché (AMM) pour des fonctions acaricides (pour tuer les acariens dont certains attaquent les cultures) et nématicides (pour tuer les petits vers). C’est pour cette fonction nématicide qu’ils sont utilisés sur les terrains de foot notamment. Le fait qu’une même molécule puisse servir à ces multiples usages montre bien que les SDHI ne s’attaquent pas qu’aux champignons, mais à divers organismes vivants. D’où notre inquiétude (...)