
Propriétaire de Le Gaulois, le groupe LDC a saisi la justice pour faire cesser une campagne de L214, visant à coller des stickers sur les barquettes du volailler pour dénoncer ses pratiques. Le délibéré a été renvoyé au 22 février.
« Traumatisme pour les éleveurs », « atteinte grave » aux produits de la marque, « mise en péril des intérêts économiques du groupe »… Devant les juges du tribunal judiciaire de Strasbourg, le 20 février, maître De Brosses, l’avocat du groupe volailler LDC, n’a pas manqué de qualificatifs pour condamner la dernière campagne d’information de l’association L214. Lancée le 17 février par l’ONG animaliste, cette opération propose à celles et ceux qui le souhaitent de coller des stickers repositionnables sur des barquettes de poulets Le Gaulois pour informer le consommateur sur les pratiques d’élevage de la marque.
En lieu et place de l’étiquette habituelle montrant une assiette de volaille savamment cuisinée, l’autocollant édité par l’association fait apparaître un poulet mort sur une litière sale au côté d’un logo de la marque taché de sang. On peut y lire les mentions « Poulet manipulé génétiquement », « 44 jours de souffrance » ou encore « croissance anormalement rapide ». Pour L214, qui connaîtra le délibéré de l’audience le 22 février, il s’agit ici d’alerter les clients potentiels sur le fait que trois quarts des poulets de chair élevés par le groupe LDC sont issus de souches à croissance ultrarapide. (...)
L’opération de stickage des produits Le Gaulois s’inscrit dans un temps plus long de négociation avec le groupe LDC. « Jusqu’en 2020, nous étions en discussion avec eux pour qu’ils acceptent de réduire les pires pratiques d’élevage au sein de leur production, détaille Mary Chevallier, chargée de communication avec la presse pour L214. Lorsqu’ils ont coupé le dialogue, nous nous sommes dit qu’il fallait informer le grand public. Il y a une forte demande en la matière. » (...)
Mis en ligne le 17 février, les 70 000 premiers stickers ont tous été commandés en moins de douze heures. Le réassort de 50 000 est aujourd’hui épuisé. Pour autant, « seuls 25 supermarchés ont été visés par la campagne sur les 30 000 magasins d’alimentation que compte la France », a rappelé maître Caroline Lanty, l’avocate de L214, à l’audience, relativisant « la mise en péril » des intérêts du groupe. (...)
« On espère que les juges estimeront que nous étions dans notre droit d’informer le consommateur et qu’il n’y a aucune raison d’arrêter cette campagne servant l’intérêt général », a réagi Hélène Gauche à l’issue de l’audience. Les représentants du groupe LDC n’ont eux pas souhaité faire de déclaration.