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Alternatives Economiques/Michaël Zemmour enseignant-chercheur à l’Université Paris 1 (Centre d’Economie de la Sorbonne) et chercheur associé à Sciences Po (LIEPP).
Politique économique : le Nouveau Front populaire dessine un changement de cap
#electionslegislatives #frontpopulaire
Article mis en ligne le 23 juin 2024
dernière modification le 22 juin 2024

Le programme du Nouveau Front populaire, présenté le 14 juin, indique une direction de politique économique claire : il s’agit de reprendre le chemin d’une politique sociale et d’investissement (public et privé), articulée à une politique fiscale qui vise à (re)remplir les caisses et à instaurer davantage de justice fiscale. C’est une réorientation marquée par rapport à la politique actuelle.

Est-ce que les mesures sont crédibles ? Oui, les pistes de financement aussi. Est-ce que tout pourra être mis en œuvre et selon quel calendrier ? On verra bien. Dans tous les cas, la situation économique est incertaine et ce, quel que soit le gouvernement qui sera nommé.

La bonne question n’est pas celle du « sérieux » – la politique actuelle à maints égards n’est pas sérieuse, ni socialement, ni économiquement, ni budgétairement – mais de savoir quel cap de politique économique nous choisissons pour faire face aux incertitudes et répondre aux questions écologiques et sociales qui se posent. Car oui, il y a le choix.

Le débat sur le réalisme est à côté du sujet

On pourrait résumer le programme du NFP ainsi : suspendre l’application des réformes antisociales, redonner du pouvoir d’achat aux ménages, renforcer les services publics, récupérer de l’argent sur le patrimoine, et générer en retour des effets économiques vertueux.

Cette politique tourne le dos à celle mise en œuvre depuis 2017 dont l’orientation principale, revendiquée par Bruno Le Maire, est la baisse des prélèvements obligatoires et l’horizon la réduction du rôle de la protection sociale et des services publics. Cette politique menée à un rythme rapide, comme une fuite en avant, une recherche vaine d’un retour de la croissance, ne récolte qu’une baisse de la productivité.

Une large partie des critiques sur le sérieux du programme du NFP provient de commentateurs pour qui le seul débat économique valable est de savoir s’il faut d’abord définancer les retraites, l’école, les deux en même temps, ou si on n’ajouterait pas encore un peu de baisse de prélèvements sur les entreprises, pour la route.

Et lorsque ces réformes sont évaluées scientifiquement, qu’on en démontre le coût social ou le peu d’efficacité économique, le plus souvent ces personnes haussent les épaules et passent à la suivante. Evidemment, une autre politique économique est possible. (...)

N’esquivons pas le débat démocratique sur la politique à mener

Ce qui serait « sérieux », et démocratique, c’est que les médias d’information utilisent le temps de cette élection pour mettre en perspective les visions de politiques économiques alternatives des trois pôles : la baisse des prélèvements et des dépenses sociales de LREM, espérant faire revenir de la croissance, sa version amplifiée par le RN assortie d’une politique économique xénophobe motivée par des orientations racistes, et le changement de cap proposé par le Nouveau Front populaire qui fait le pari d’une réorientation écologique et sociale, appuyée par la fiscalité et dans une perspective keynésienne.

Si le Nouveau Front populaire gagne, il aura alors à sa disposition tous les moyens de l’Etat pour calibrer, orchestrer, séquencer les mesures de son programme, et proposer des décisions à arbitrer. La feuille de route est suffisamment explicite pour que cela démarre vite, l’administration sait faire. Un programme est là pour définir un cap, le début du chemin et un horizon. En l’espèce, celui du NFP trace des perspectives sans ambiguïtés et enthousiasmantes.

Lire aussi :

 (Les Jours)
Le Nouveau Front populaire fait du chiffre

(...) on a une bonne nouvelle à vous annoncer : le NFP a bel et bien exposé un chiffrage de son action pour ses trois premières années de mandat, qui a de quoi faire frémir le patronat et les économistes libéraux, avec un montant des dépenses prévues atteignant 275 milliards d’euros jusqu’en 2027. Et une moins bonne nouvelle : seul des partis en lice à se risquer à un chiffrage dans un temps aussi court, le NFP a du mal à convaincre. (...)