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Plan d’adaptation climatique : le report dont n’avait (vraiment) pas besoin la France
#urgenceclimatique
Article mis en ligne le 15 août 2024
dernière modification le 13 août 2024

Après la dissolution de l’Assemblée nationale, la présentation du troisième plan national d’adaptation au changement climatique a, de nouveau, été repoussée par l’exécutif. De quoi aggraver un retard déjà alarmant.

C’est l’une des victimes de la dissolution de l’Assemblée nationale et de la crise politique qui n’en finit pas depuis : la France n’a toujours pas de plan pour s’adapter au changement climatique. Prévue pour fin 2023, puis décalée à avril 2024, puis à mai, puis à juin, la présentation du troisième plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC 3) de la France a de nouveau été repoussée sine die.

« À cette heure, les conditions politiques ne sont plus réunies pour que le gouvernement endosse la responsabilité d’une stratégie qui engage l’avenir du pays sur plusieurs décennies », a acté dans une lettre datée du 17 juillet le ministre démissionnaire de la Transition écologique, Christophe Béchu. Le texte était pourtant prêt à être présenté et ouvert à une phase de consultation publique, mais Gabriel Attal y aurait finalement mis son veto, selon le média Contexte.

« Tristesse, colère et impuissance »

Les réactions à cette annonce ont été à la hauteur de l’urgence climatique. (...)

« C’est un gâchis politique. C’est extrêmement triste et dommage, nous dit également Quentin Ghesquière, coauteur d’un rapport sur le même sujet publié par Oxfam France le 12 juillet. Ce n’est pas uniquement la faute au contexte politique : le PNACC a été mis aux oubliettes alors que d’autres textes ont été publiés après les élections européennes. C’est un choix politique d’avoir enterré le sujet et de ne pas en faire une priorité. » (...)

Plusieurs institutions majeures avaient pourtant martelé, ces derniers mois, l’urgence de passer à la vitesse supérieure. En juin dernier, dans son rapport annuel, le Haut Conseil pour le climat alertait sur le retard pris par la France dans la publication de plusieurs textes climatiques clés, dont le PNACC, qui « entraîne des dérives de calendrier et un manque de clarté », suscitant chez le Haut Conseil « une vive préoccupation sur ces délais qui fragilisent la crédibilité de la politique climatique de la France ».

En mars, c’était la Cour des comptes qui soulignait le retard de l’État face au défi « colossal » que représente l’adaptation au changement climatique. (...)

Quant au rapport d’Oxfam France, il détaillait les conséquences de notre absence de préparation aux catastrophes à venir. (...)

Peu de financements, pas de vision (...)

Le PNACC 3, en l’espèce, présentait quelques avancées, tout en restant largement insuffisant. (...)

 : très peu de mesures étaient contraignantes. Selon le projet, seules les « entreprises publiques majeures » de transport et de mobilité devraient achever leurs études de vulnérabilité au réchauffement climatique « en 2025 », tandis que les grandes entreprises de l’énergie, des transports et les opérateurs d’importance vitale auraient l’obligation d’adopter un plan d’adaptation d’ici 2026. (...)

Pour le reste, le brouillon du PNACC 3 invite surtout à engager des « diagnostics », des « consultations », des « études » et autres « réflexions ». « L’État français est très bon pour identifier les enjeux, mais échoue à mettre en œuvre les solutions », résume Quentin Ghesquière, au diapason des chercheurs de l’I4CE, qui préviennent : « Nous ne pourrons pas attendre cinq ans de plus et le PNACC 4 pour tenir compte du résultat de ces analyses. Le PNACC 3 doit dès maintenant prévoir la suite des opérations. »

Le risque, c’est que l’État se dédouane de ses responsabilités sur les collectivités territoriales, au moment de passer à l’action. (...)

Pour faire monter d’urgence les collectivités en compétences, l’État doit les accompagner en moyens humains : les besoins sont d’une telle ampleur que l’I4CE évoque la nécessité de créer un nouveau service public dédié à l’adaptation.
Des choix politiques indispensables

Le gouvernement est d’autant plus renvoyé à ses responsabilités que les décisions à prendre, en termes d’adaptation, sont de nature éminemment politique. (...)

« L’absence d’engagement systémique nous prive d’un débat public essentiel sur la manière d’adapter notre territoire dans les trente prochaines années. Comment on adapte notre économie ? Nos habitats ? Notre Sécurité sociale ? » , questionne également Quentin Ghesquière. (...)