
Par essence, la prise en charge médicale et psychologique à bord de l’Ocean Viking est un acte d’urgence et de court terme. Pour éviter que les personnes fortement traumatisées, blessées ou malades ne se retrouvent en rupture de soins une fois à terre, celles qui le souhaitent peuvent bénéficier d’une « référence médicale », afin de transmettre au mieux leurs informations de santé à d’autres soignant.e.s à terre. Anne, médecin à bord, nous explique ce dont il s’agit.
Avec l’accord de la personne reçue à la clinique de bord, nous établissons un certificat médical que nous remettons aux médecins des autorités sanitaires du pays, qui montent à bord une fois que l’Ocean Viking est à quai, juste avant le débarquement des personnes rescapées. Les personnes seront ainsi vues par un.e médecin de la Croix-Rouge ou des autorités sanitaires. L’équipe médicale explique à son homologue alors la situation en transmettant tous les détails cliniques, et la décision lui revient des suites à donner.
Quant à la personne rescapée, elle conserve cette attestation qui documente son récit et établit le diagnostic et elle pourra la présenter à tout moment si elle a besoin d’aide. Si elle a subi des violences sexuelles, avec son accord, on organisera une référence pour problèmes gynécologiques et reproductifs incluant le récit et les conséquences psychologiques, somatiques et physiologiques. En général, si les femmes acceptent volontiers la référence gynécologique, rares sont les hommes à vouloir en parler avec un.e médecin à terre.
Ces certificats sont utiles tout au long de leur parcours, et évitent aux victimes de traumatismes de devoir raconter à chaque fois les détails d’un récit souvent douloureux, qui plus est dans une langue étrangère.
Dans le cas des psychotraumatismes, a fortiori en raison de violences sexuelles, il est encore plus délicat de faire comprendre aux victimes qu’un suivi psychologique à terre pourrait être nécessaire.
Je me rappelle d’une fois où un sauveteur m’avait signalé un jeune Égyptien d’à peine 16 ans qui s’isolait et avait l’air abattu… (...)