
Monira Moon milite au sein de la campagne BDS (Boycott – Désinvestissement – Sanctions). Diplômé d’un master en droit international à Sciences Po Paris, Hicham Touili-Idrissi s’est engagé pendant les mobilisations étudiantes en 2023-2024 au sein du comité Palestine ; chercheur et artiste, il travaille aujourd’hui comme collaborateur parlementaire de la députée européenne Rima Hassan (LFI) [1]. Houda Asal est quant à elle sociohistorienne, spécialiste de l’immigration, des discriminations et de l’islamophobie.
Le premier temps de cette interview est dédié à l’information internationale ; le second, au traitement médiatique des mobilisations en soutien du peuple palestinien.
(...) Monira : On a constaté un glissement progressif dans le traitement médiatique, qui s’est accéléré au moment du 7 octobre 2023. Auparavant, les grands médias symétrisaient beaucoup ce qui se joue en Israël/Palestine. On nous présentait l’histoire de deux entités qui se font face, à égalité. C’est un phénomène qui, déjà, effaçait l’occupation et l’apartheid. Je me souviens avoir lu cet article d’Acrimed qui parlait du « syndrome Tom et Jerry » pour caractériser cela, c’est-à-dire une couverture médiatique qui ne permettait pas du tout de comprendre l’origine du problème puisqu’elle représentait deux ennemis qui se poursuivent, sans raison, depuis toujours. Cette symétrisation était donc déjà très problématique, mais je crois que là, on n’est plus du tout là-dedans.
On est dans un traitement médiatique qui prend fait et cause pour Israël, qui reproduit un discours colonial fondé sur la lecture d’une guerre de la « civilisation » contre la « barbarie ». À partir du 7 octobre, ça s’est fait de plus en plus ouvertement. Et c’est un phénomène qui sert un agenda raciste en France. Nous avons tout de même, dans ce pays, une extrême droite qui prend énormément d’ampleur, pas simplement au travers de la progression électorale des partis, mais également au travers des idées, qui se sont énormément déployées, partout, et qui s’assument. Et en fait, ça se répond. C’est-à-dire que la question palestinienne est aussi utilisée pour enfoncer le clou du racisme et de l’islamophobie qui s’expriment ici.
Quand on parle des Palestiniens comme de nuisibles, de gens qu’il faut éliminer, de gens qui sont tous des islamistes, etc., en fait, on parle de nous aussi symboliquement. C’est un enjeu qu’il faut vraiment saisir : se dire que oui, c’est notre affaire et oui, ça nous concerne, puisqu’on est visés par les mêmes logiques racistes même si évidemment, ça va de soi, on n’en est pas au point de subir ce que subissent les Palestiniens.
Hicham : Je partage ce que Monira vient de dire. En ce qui me concerne, j’aimerais insister sur deux choses parmi les multiples aspects du traitement médiatique qui m’auront marqué. La première, c’est que quand nous, en tant qu’étudiants et activistes, on souhaite parler de la Palestine, on nous répond souvent : « Mais les médias en parlent tout le temps, le sujet est omniprésent, etc. » Mais la réalité, c’est qu’on ne parle jamais de ce qui se passe vraiment. On parle énormément des débats que ça suscite en France, on essentialise en parlant des Juifs et des Arabes, mais de la Palestine, on n’en parle pas, ou alors trente secondes, pour nous donner brièvement le nombre de morts, après un reportage sur ce qui se passe en Israël. On a comme une omniprésence, dans la sphère médiatique, de ce qui se passe autour de la question palestinienne, mais de la question palestinienne, fondamentalement, on n’en parle jamais vraiment dans les médias très regardés. La deuxième chose qui m’a marqué, et c’était déjà le cas lors des précédentes offensives sur Gaza, c’est le traitement des bombardements et la façon dont le commentaire a largement déresponsabilisé l’armée et le gouvernement israéliens, notamment dans son utilisation calculée et illégale de doctrines militaires utilisant l’intelligence artificielle et faisant beaucoup trop de morts [2]. Un commentaire qui, dans le même temps, ne parle pas non plus des assassinats ciblés, des tirs de sniper, des personnes qui se prennent des balles dans la tête. Il y a des meurtres délibérés de Palestiniens, des journalistes, des docteurs, des soignants, des universitaires, etc. Si ce récit était donné, ça deviendrait plus compliqué de nous expliquer qu’Israël se défend en jetant des bombes qui créent des « dommages collatéraux ». Mais ce n’est jamais abordé dans les médias occidentaux. (...)
Houda : (...) Depuis plus d’un an, y a-t-il un crime de guerre qu’Israël n’a pas commis ? Chacun d’entre eux mériterait des reportages à part entière et des indignations internationales. Mais le degré de déshumanisation et d’invisibilisation est sidérant. Il y a des humanitaires internationaux qui rapportent des témoignages décrivant des enfants avec des balles dans la tête, dans le ventre, c’est-à-dire un ciblage, volontaire. Il y a beaucoup plus d’enfants tués que dans n’importe quel autre conflit, mais ces chiffres ne sont pas visibles, et au-delà du nombre de morts, quid des orphelins, des amputés, etc. Pour moi, c’est au-delà de l’imaginable. Je pense que dans cette guerre, dans ce génocide, l’ampleur, l’accumulation et la concentration des crimes sont vraiment inédites, mais la couverture médiatique ne reflète pas ces proportions. Et j’ai pris l’exemple des enfants uniquement. On pourrait aussi parler du ciblage des hôpitaux, des journalistes, des personnels humanitaires, et des tortures. En Israël, on torture massivement sans que ça provoque davantage de réactions ni d’enquêtes. (...)
Le racisme anti-palestinien découle principalement de la question coloniale et c’est à cet endroit que le problème se noue. C’est un racisme fondamentalement anti-indigène, contre un peuple qui est colonisé actuellement, là où le racisme anti-arabe s’exprime contre des populations anciennement colonisées et qui, depuis, ont acquis l’indépendance, ce qui n’est pas tout à fait la même chose. La spécificité palestinienne, elle est là. Ce sont des colonisés à qui on nie le droit d’exister sur leur terre et même désormais, le droit à la vie, en même temps que le droit à l’identité, à la circulation, au retour, à cultiver la terre, etc., avec cette dimension de remplacement d’un peuple autochtone/indigène par des colons. (...)
Il y a, en revanche, une forme de « contagion » de ce racisme qui va viser le narratif palestinien et la parole palestinienne plus largement. Tous les alliés de la cause, depuis les personnalités considérées comme « pro-palestiniennes » jusqu’aux journalistes ou aux chercheurs qui cherchent à montrer un point de vue palestinien, à mettre en lumière la question coloniale et à parler de colonisés/colons, d’opprimés/oppresseurs, d’occupation et d’apartheid, tous ceux-là sont marginalisés, exclus ou déconsidérés dans l’espace médiatique dominant, où se donne à voir une hiérarchie de la parole et de la narration. Je me disais que typiquement, un plateau comme celui qui nous réunit aujourd’hui, tous les trois, n’existera jamais. Ça ne peut pas exister en fait.
Et bien sûr, pour terminer, le racisme a toujours une fonction dans l’histoire. Avant le 7 octobre, il servait à justifier la colonisation, le nettoyage ethnique, l’apartheid et tous les agissements criminels de l’État d’Israël. Aujourd’hui, le racisme anti-palestinien permet de justifier un génocide en direct (...)
Hicham : Il y a effectivement une dissonance totale entre ce qu’on voit tous sur les réseaux sociaux, via ces journalistes palestiniens, ou dans quelques médias alternatifs… et ce qu’on voit à la télé. Ça produit un effet dévastateur et irréversible sur notre compréhension du mythe de la « démocratie ». Les associations palestiniennes ou les grandes ONG, qui travaillent sur le terrain, pourraient aussi constituer des sources de premier plan. Les comités Palestine, que ce soit à Sciences Po ou dans d’autres universités à Lyon, Genève ou en Belgique, sont d’ailleurs en contact avec beaucoup d’entre elles. De la même manière, de nombreux travaux de l’ONU ne sont jamais couverts, je pense notamment aux rapports sur la question de l’eau dans les territoires palestiniens [5] et à celui d’Oxfam, qui en a produit un également concernant Gaza [6].
Monira : S’agissant des soldats, c’est même pire : il y a bel et bien une humanisation des soldats israéliens. Je pense aux reportages et aux sujets sur tel soldat franco-israélien, avec des gros plans sur sa vie, sa famille. On parle de citoyens partis s’engager dans un massacre de populations civiles, mais les journalistes réclament qu’on comprenne leurs affects et leurs émotions. La déshumanisation des Palestiniens passe aussi par l’humanisation des soldats qui les tuent. À ce sujet, je voudrais aussi évoquer un autre phénomène, qu’il faudrait développer longuement donc je me contente juste d’une introduction. Parfois, les médias montrent ce qui se passe à Gaza. Ils montrent des images. Des corps meurtris, déchiquetés. Mais je pense que faute d’être accompagnées de longs récits palestiniens, ces images sont elles aussi deshumanisantes en réalité. On s’habitue à ce que les corps non blancs soient des corps morts, ensevelis, déshabillés, torturés, mais sans voix pour rappeler ce que sont leurs vies et les vies autour. Quelque part, c’est montrer en déshumanisant. (...)
Houda : (...) je pense aussi au fait qu’il n’y ait jamais d’analyse ou de reportages sur les affrontements militaires. Ça aussi, c’est s’aligner sur la propagande israélienne, qui cache ses pertes militaires et refuse d’analyser où ils en sont sur le terrain après plus d’un an de guerre. Il ne faut donc pas montrer les Palestiniens comme des victimes, ou au mieux de temps en temps, mais il ne faut pas non plus les montrer comme agissants. (...)
Hicham : (...) On pouvait avoir des discussions vraiment intéressantes avec les journalistes, d’où notre naïveté de départ dans le fait d’accepter les échanges. Je ne me rappelle pas le nombre de fois où on s’est dit entre nous qu’on avait bien parlé à tel ou tel média en pensant que le papier allait être super et derrière, on se retrouvait avec une publication qui ne mentionnait même pas nos revendications ! En amont de nos événements, on imprimait des affiches avec des QR codes qui renvoyaient à de la documentation. L’idée, c’était de se former entre nous mais aussi de dire aux journalistes : « Si vous passez dans cette manifestation, vous savez qu’on n’est pas là juste pour faire du bruit. On vous donne des informations et vous pouvez y avoir accès. » Il nous est aussi arrivé d’envoyer de longs documents aux journalistes, qu’eux-mêmes réclamaient dans certains cas en se disant intéressés par telle ou telle question. Quelque part, on faisait presque leur travail ! Mais c’est vrai qu’il y avait un décalage total avec le produit fini. Pour ne pas dire de vrais trous noirs (...)
. Je pourrais évoquer beaucoup d’autres exemples, notamment dans la presse audiovisuelle où les journalistes coupent des morceaux, sélectionnent à leur gré. Le pire, c’était vraiment « Quotidien », à qui on ne voulait pas parler à la base, dont des journalistes sont venus filmer pour ne montrer que les choses un peu « drôles » ou « scandale ». Quant à la presse écrite, c’est peut-être encore pire ! Les journalistes faisaient en apparence un travail sérieux, mais ensuite, dans le papier, les propos ou les faits étaient tronqués, le journaliste s’était attardé sur notre apparence – le keffieh, les boucles d’oreille, que sais-je encore –, des guillemets étaient mis sur des phrases complétement sorties de leur contexte, etc. Un travail de journalisme vraiment pauvre. À tel point qu’on est devenus très paranos par rapport aux questions qu’on pouvait nous poser et qu’on s’est mis à ne plus répondre à certaines d’entre elles, ce qui s’est ensuite retourné contre nous puisqu’ils signalaient dans l’article qu’on ne voulait pas y répondre... Même chose s’agissant des noms, toujours dans la phrase introductive : « Hicham n’a pas souhaité donner son nom de famille », point final. Ils mettaient en avant certaines choses au détriment d’autres. On sentait vraiment une défiance. Le résultat, c’est qu’à un moment, on en eu marre, tout simplement. Et qu’en dehors des médias indépendants, on a arrêté de leur parler. On a totalement cessé d’interagir avec les médias en fait. (...)
Hicham (...) au début, les journalistes ne connaissaient pas mon nom de famille. Ils savaient juste que je m’appelais Hicham, que j’étais nord-africain et que je militais pour la Palestine. Donc j’étais un « frériste » et un « islamiste ». Et quand ils ont eu accès à mon nom de famille et donc à mon CV et à mon mémoire consacré à l’implication en politique des musulmans queers aux États-Unis, là, je suis devenu un « wokiste » et un « islamogauchiste ». Je n’étais plus un « islamiste », par contre, je faisais le jeu de « l’islamisme ». Personne parmi eux n’a jamais lu mon mémoire, ils se sont juste offusqués de son titre… (...)
Monira : Je suis engagée dans la campagne BDS depuis 2014 et nous n’avons jamais eu de traitement positif ou même simplement « normal » dans les médias. On a été très longtemps criminalisés puisque notre action était qualifiée d’appel à la haine. Jusqu’à ce que la Cour européenne des droits de l’homme condamne la France en 2020 [11], il y avait des procès contre des militants, donc ça favorisait cette ambiance de criminalisation générale. C’est simple, il n’y avait pas moyen de parler de BDS. Quand il y avait un article sur notre action, c’était toujours la catastrophe. (...)
Cette façon permanente de traiter et de délégitimer BDS, c’est évidemment injuste et insupportable dans la mesure où les médias ne s’intéressent jamais à ce qu’on dit et à ce que l’on fait vraiment. C’est toujours transformé et déformé pour sous-entendre qu’il y aurait un « boycott des Juifs ». C’est absurde. On appelle au boycott d’un État colonial et d’entreprises complices des crimes d’Israël, tout simplement. Cette façon de soupçonner des militants plutôt que s’intéresser à leur propos s’inscrit dans la lignée du récit médiatique dépolitisé post 7 octobre, qui a fait totalement disparaître la question de l’occupation, du blocus de Gaza et des violences quotidiennes. Pour articuler cela à la thématique plus générale des sanctions, je dirais que dans le débat public, le fait de sanctionner l’État d’Israël n’est jamais présenté comme quelque chose de « normal », comme ça a été le cas pour la Russie. (...)
maintenant que les commentateurs ne peuvent plus dire que le boycott est illégal, ils vont parler de BDS comme d’un mouvement « controversé ». Une fois que tu as dit ça, tu as tout dit. Pas besoin d’un grand développement pour expliquer que ce sont des méchants et que ce n’est pas bien : c’est « très controversé », donc tu entretiens la suspicion. Enfin, il y a de grandes victoires du boycott qui ne sont jamais traitées. Ça fait par exemple des années que nous sommes en campagne contre Axa, qui avait des investissements dans des banques israéliennes. Axa se désinvestit des banques israéliennes, on communique… mais aucun média ne s’y intéresse. (...)
C’est assez affligeant quand on y pense, surtout quand on compare le cas français à celui d’autres pays. Il y a quelques semaines, je suis allée faire une formation BDS à Bruxelles. Il y a des difficultés politiques en Belgique, c’est certain, mais le soutien à la Palestine s’exprime beaucoup plus librement. On peut y compris parler de BDS dans l’espace public sans attirer la suspicion. (...)
les interviews conséquentes et intéressantes, c’est dans les médias indépendants qu’il faut aller les chercher, comme Rapports de force ou CQFD par exemple. L’année dernière, on avait eu un atelier avec Sihame Assbague autour de la question « Parler aux médias ? » pour s’organiser, discuter de nos rapports aux médias. Je dois dire qu’à la suite de cela, j’étais très prévoyante, mais en vain quelque part… puisque personne ne nous contacte ! Ça n’enlève rien au fait que c’est important d’avoir des automatismes. S’il y a une demande d’interview, regarder bien sûr de quel média elle provient, ce que le journaliste en question publie sur les réseaux sociaux, savoir où on met les pieds. À BDS, on ne répond pas « à tout prix » (...)
les médias ne nous interrogent pas. Ils ne veulent pas savoir. On ne peut compter que sur les mobilisations. Le succès de BDS ne s’explique pas du tout par la visibilité médiatique mais par nos actions concrètes, les formations et les réseaux sociaux. (...)
Houda (...) censure, répression… et intimidation : c’est extrêmement coûteux d’être visible sur la question palestinienne. Il n’y a pas une personne qui milite sur cette question qui, d’une manière ou d’une autre, n’en subit pas les conséquences (dans sa vie professionnelle, sous forme de harcèlement, de diffamations, de menaces, etc.). Et en réalité, je n’ai même pas envie d’utiliser le terme « pro-palestinien ». On parle simplement de personnes qui souhaitent contextualiser et même pour elles, c’est coûteux. Ça a été peu documenté mais en France, des intellectuels ou des personnalités ont été mis au ban en raison de leur expression sur la Palestine. Il y a une gradation dans le sens où la pression est plus forte si tu es racisé, mais on a vu des gens presque « intouchables » subir des pressions. Tout cela, ça fait que les gens ont vraiment peur. Ça écrase. (...)
C’est un système, dans lequel les grands médias jouent un rôle. On est pourtant sur des mouvements de solidarité ultra pacifistes, à l’image du boycott. On fait des rassemblements, des sit-in, des « die-in » [des manifestations où les participants simulent des personnes tuées en s’allongeant sur le sol, NDLR], des réunions d’information, qu’est-ce qu’on peut faire de plus ? Mais même pour ça, il n’y a pas d’espace. La volonté est réelle de ne pas entendre et de ne pas faire entendre les voix dissidentes en France. (...)
Monira (...) Autre chose, qui n’est pas la faute des médias directement mais ils participent du climat ambiant : depuis des années, je suis personnellement harcelée par l’extrême droite et des groupuscules sionistes sur les réseaux sociaux. À aucun moment les grands médias n’ont traité de ce harcèlement visant des militants solidaires de la Palestine, alors qu’il y a eu un fil Telegram qui révélait les coordonnées personnelles de certains d’entre eux. L’absence de traitement médiatique, ne rien dire quand existe une liste publique de ce type, aussi sérieuse, c’est politique. On ne se sent pas du tout protégés en fait. Je veux dire, il faut quand même de la force pour continuer à militer pour la Palestine en ce moment, en France. Surtout en étant racisée. Dans nos collectifs et avec d’autres, on essaye de se renforcer les uns les autres, de se protéger les uns les autres. Mais le seul fait d’avoir ce niveau de « surconscience », en permanence, alors qu’on est juste en train de dénoncer un génocide, l’apartheid et la colonisation, ça en dit long… On nous criminalise au point de faire de nos vies des espaces où il faut sans arrêt se protéger. On fabrique du collectif, mais ça reste quand même assez lourd à porter. (...)
Hicham (...) À Sciences Po, des étudiants ont été exclus temporairement et sont traumatisés. On les appelle « les bannis ». Quand on manifestait devant l’école, des journalistes m’ont dit que je n’allais jamais trouver de travail. Les comptes Linkedin sont aussi ciblés pour entraver la carrière professionnelle. Comme Monira le disait, les noms tournent. On doit faire face à l’extrême droite, d’autant que Sciences Po se situe dans un quartier très bourgeois où se trouvent les fiefs de la Cocarde ou de l’Action française. Bref, il y a vraiment une volonté de nuire qui ne se cache plus. Donc quand on parle d’« insécurité », pour nous, ça se pose clairement… Je pense qu’on a mesuré jusqu’où des gens de pouvoir étaient prêts à aller. Aujourd’hui, ce sont principalement de nouveaux étudiants, jeunes, qui reprennent le flambeau des mobilisations à Sciences Po. Mais c’est très compliqué pour eux d’avoir des interactions saines avec les médias, a fortiori dans un contexte où il y a une forte répression de l’État et de la police. (...)
Amnesty International
Pétition Génocide à Gaza : la France doit mettre fin à l’impunité d’Israël