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"On est là pour agir" : l’Abeille Normandie, le navire français qui secourt les migrants dans la Manche
#migrants #Manche #immigration #AbeilleNormandie #sauvetages
Article mis en ligne le 1er juillet 2024
dernière modification le 27 juin 2024

Affrété par la Marine nationale, l’Abeille Normandie sillonne la Manche à la recherche d’embarcations d’exilés en détresse. Comment l’équipage secoure-t-il les migrants ? Que se passe-t-il si ces derniers refusent d’être pris en charge ? InfoMigrants a passé une nuit à bord, pour mieux comprendre. Reportage avec les équipes de la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord.

Depuis juin 2022, ce navire affrété par la Marine nationale surveille et porte secours aux embarcations de migrants dans la Manche. (...)

Cette route migratoire est empruntée depuis quelques années par les migrants souhaitant se rendre au Royaume-Uni. Depuis le 1er janvier 2024, plus de 12 000 personnes ont traversé la Manche, malgré la multitude de mesures prises des deux côtés de la frontière pour empêcher les départs. (...)

En plus des effectifs policiers déployés sur les plages, des équipes de la Marine nationale, de la gendarmerie et des douanes, réparties dans six navires, sillonnent donc quotidiennement le détroit à la recherche de "small boats" en détresse. Aujourd’hui, le "dispositif migrants" occupe 60% des activités de l’Abeille Normandie, qui le temps restant opère des remorquages de navires en perdition. (...)

L’équipage est en lien constant avec le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage maritimes (CROSS) Gris-Nez, responsable de la coordination du sauvetage dans la zone. (...)

Une fois sur place et le canot repéré, l’équipage déploie un zodiac pour s’approcher des passagers et récolter un maximum d’informations. "Est-ce que le moteur fonctionne ? Est-ce que les passagers demandent de l’aide ? Combien sont-ils ? Ont-ils des gilets de sauvetage ?", liste la porte-parole. "Si personne ne demande d’assistance, que le canot avance à allure régulière, on reste à distance et on le suit. On ne force personne à être secouru, mais en cas de problème, on est là pour agir". Il est déjà arrivé par exemple que des personnes refusent une première fois l’assistance de l’Abeille Normandie puis changent d’avis, à cause d’une panne moteur. (...)

Les navires français n’interceptent pas les canots de migrants en mer, comme le font les garde-côtes tunisiens ou marocains en Méditerranée et dans l’Atlantique. "En général, les migrants ne sont pas très heureux de voir les moyens français venir à leur rencontre, parce qu’ils cherchent avant tout à gagner l’Angleterre. Donc on ne prend pas le risque de faire du bord à bord s’ils ne nous demandent pas de les aider. Les conséquences d’un sauvetage forcé, comme l’effet de foule, peuvent être dramatiques, assure Véronique Magnin. Les dernières personnes décédées en mer ne sont pas mortes noyées mais piétinées par les passagers, au large, après un mouvement de panique. On veut à tout prix éviter cela". (...)

Si les exilés souhaitent en revanche être secourus, l’Abeille Normandie les prend en charge à bord, où les attendent deux salles chauffées, dont une avec des lits et des vêtements secs. Des soins médicaux de base sont prodigués par l’équipage, et des peluches sont proposées aux enfants. (...)

Arrivés côté anglais, les migrants sont rapidement approchés par un navire de la Border Force. L’un des passagers joint les mains vers le ciel, et affiche un large sourire. C’est l’ultime étape de son périple, entamé certainement à des milliers de kilomètres de là. Un à un, les passagers sont hissés par les garde-côtes sur leur bateau. L’un d’eux prend un bébé dans ses bras, emmitouflé dans une doudoune beige, bonnet sur la tête. La joie d’avoir traversé sans encombre mêlée au stress du sauvetage provoquent quelques tensions. (...)

Une fois que le dernier passager est transféré sur le navire anglais, l’Abeille Normandie va rebrousser chemin en direction de Boulogne-sur-Mer. Ce jour-là, 257 personnes réparties dans quatre bateaux ont atteint le Royaume-Uni.

Mais beaucoup d’exilés ne parviennent pas à aller au bout de la traversée. (...)