Sommaire
- Omnibus 1 : la fin du cordon sanitaire autour de l’extrême droite
- D’abord, pourquoi ce projet de loi Omnibus 1 ?
- La CSRD : beaucoup de règles, pour parler le même langage
- La loi sur le devoir de vigilance, pour en finir avec « les entreprises de cow-boys »
- Ce qui change avec « Omnibus 1 »
- Sur quoi portent les amendements de l’extrême droite ?
- Virement à 180° en moins d’un an : que se passe t’il au Parlement européen ?
- Les lobbies à la table de Stéphane Séjourné
- Est-ce que « Omnibus 1 » est légal ?
- Omnibus 1, le symptôme d’un backlash écologique généralisé ?
Lire aussi :
– (Club de Mediapart/ Adrien Le Louarn,Observateur de la politique européenne, ex-collaborateur parlementaire (La Gauche) immigré à Bruxelles)
La droite coupe le cordon sanitaire européen et met les institutions en chute libre
Depuis les élections européennes, la droite a définitivement rompu le cordon sanitaire au Parlement européen et forme régulièrement une coalition majoritaire avec l’extrême droite et certains libéraux. Les groupes libéraux, socialistes et vert peinent à trouver la parade. L’Europe de 2024 sera-t-elle d’extrême droite ? (...)
14 novembre 2024, en direct de Bruxelles : la fin du cordon sanitaire
Jeudi 14 novembre, en fin de matinée, une confusion inhabituelle règne dans l’hémicycle du Parlement européen, en plein vote sur le règlement contre la déforestation. Le scrutin devait entériner le simple report d’un an de l’entrée en vigueur de cette loi. Deux ans plus tôt, une écrasante majorité des députés européens (552 pour, 43 abstentions et 33 contre) adoptait cette pièce importante du "Pacte vert".
Seulement voilà. Loin de s’en tenir à modifier le calendrier, les députés adoptent l’un après l’autre des amendements affaiblissant les règles environnementales au coeur du règlement déforestation. Ces amendements, portés par la droite (groupe PPE, où siègent Les Républicains), sont soutenus par une majorité allant d’une partie des libéraux (groupe Renew, présidé par les macronistes) à l’extrême-droite (Les Patriotes de Jordan Bardella, le groupe ECR de Giorgia Meloni, Orban et Zemmour, et le groupe Europe des Nations Souveraines).
Médusée, la gauche de l’hémicycle assiste à la fois au report de son entrée en vigueur, à l’ammorce d’un détricotage de la loi sur la déforestation (ces modifications entraînent mécaniquement un nouveau cycle de négociation entre le Parlement et le Conseil de l’Union européenne), et surtout, à la rupture définitive du "cordon sanitaire" entre la droite et l’extrême-droite. La droite exulte. (...)
Le vote Omnibus d’aujourd’hui signe la prise de contrôle des lobbies sur nos démocraties par le biais d’une alliance diabolique entre la droite et l’extrême droite. Le cordon sanitaire n’a pas seulement sauté, il a explosé. L’Europe entame sa descente aux enfers, conséquence directe des élections européennes de juin 2024.
Aujourd’hui, peu avant midi, le Parlement européen a adopté à 382 voix contre 249 (13 abstentions) le premier et très décrié paquet législatif de la Commission européenne portant sur les règles de durabilité des entreprises : l’Omnibus I.
Abandonnant leur mission de sauvegarde de l’intérêt général pour se mettre au service des multinationales, des lobbies pétrogaziers et des puissances étrangères, la Commission européenne et les eurodéputé·es de droite et d’extrême droite ont inauguré avec ce premier Omnibus leur grand cycle de dérégulation des normes sociales, environnementales, sanitaires et climatiques de l’Union européenne. (...)
Les États, derniers garants de la démocratie pendant le trilogue
Il incombe désormais aux États d’endiguer, au cours du trilogue, ce mouvement de démolition du droit européen. Il leur est encore possible de s’opposer au vote du Parlement et de mettre au défi la procédure législative au regard du risque qu’elle représente pour nos démocraties, nos droits, nos économies et notre avenir, pas seulement climatique.
Pour rappel, cet été, la cour de justice internationale a rendu un avis rappelant aux États leur responsabilité juridique pour lutter contre le dérèglement climatique et contraindre les entreprises à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre afin de protéger le système climatique mondial.
Dont acte.