
Les États-Unis ont ouvert une nouvelle enquête sur la société d’aviation Boeing, en difficulté, après que celle-ci a déclaré aux autorités de régulation de la sécurité aérienne qu’elle n’avait peut-être pas correctement inspecté ses avions 787 Dreamliner.
L’administration fédérale de l’aviation (FAA) a déclaré qu’elle chercherait à savoir si le personnel avait falsifié des dossiers.
Elle a indiqué que Boeing procédait à une nouvelle inspection de tous les 787 en cours de fabrication.
Elle a ajouté que Boeing serait contraint d’élaborer un "plan d’action" pour répondre aux préoccupations concernant les avions déjà en service.
Boeing n’a fait aucun commentaire.
En interne, la société a indiqué la semaine dernière à son personnel que la "mauvaise conduite" n’avait pas créé de "problème immédiat de sécurité des vols", selon un message consulté par BBC News.
"Nous avons rapidement examiné la question et appris que plusieurs personnes avaient enfreint les politiques de l’entreprise en n’effectuant pas un test requis, mais en enregistrant le travail comme ayant été effectué", a déclaré Scott Stocker, responsable du programme Boeing 787, dans l’e-mail adressé au personnel.
La FAA a indiqué que Boeing s’était manifesté "volontairement" le mois dernier pour signaler qu’il "n’avait peut-être pas effectué" les inspections requises pour confirmer l’existence de protections électriques adéquates à l’endroit où les ailes rejoignent le corps principal de certains de ses 787 Dreamliners, un gros porteur souvent utilisé sur les vols internationaux.
"La FAA enquête pour savoir si Boeing a mené à bien les inspections et si des employés de la société ont pu falsifier les registres de l’avion", a déclaré la FAA.
"Alors que l’enquête se poursuit, la FAA prendra toutes les mesures nécessaires - comme toujours - pour garantir la sécurité des passagers aériens.
Il s’agit du dernier problème en date à avoir éclaté chez Boeing ces dernières années. En janvier, une porte de secours inutilisée s’est détachée d’un nouvel avion 737 Max 9 peu après le décollage, ce qui a braqué les projecteurs sur les processus de fabrication et de sécurité de l’entreprise.
L’incident a entraîné l’immobilisation temporaire de dizaines d’avions et a contraint l’entreprise à ralentir considérablement sa production, tout en déclenchant une surveillance réglementaire accrue, une enquête criminelle et d’autres problèmes juridiques et financiers.
En mars, le directeur général Dave Calhoun a annoncé qu’il démissionnerait avant la fin de l’année, devenant ainsi la personne la plus en vue à quitter l’entreprise à la suite de l’incident.
La réputation de Boeing a été entachée il y a quelques années, lorsque deux de ses 737 Max se sont écrasés à cinq mois d’intervalle, causant la mort de 346 passagers et membres d’équipage. Un 737 Max d’Ethiopian Airlines s’est écrasé peu après le décollage en mars 2019, après le crash de Lion Air en octobre 2018. Cela a conduit au licenciement du directeur général de l’époque, Dennis Muilenburg.
Le mois dernier, le Congrès a organisé une audition mettant en scène des lanceurs d’alerte, dont Sam Salehpour qui a témoigné que ses inquiétudes concernant le 787 avaient été écartées.
Boeing a déclaré qu’il s’efforçait de réformer sa culture d’entreprise afin d’encourager les personnes qui constatent des problèmes à en parler, avec une "augmentation de plus de 500%" des rapports des employés depuis janvier.
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– (La voix du Nord)
Boeing : un deuxième lanceur d’alerte meurt après avoir contracté une infection « soudaine et rapide »
Après John Barnett en mars, voilà que Joshua Dean, 45 ans, est décédé fin avril. Cet auditeur qualité chez un fournisseur de Boeing avait alerté sur des défauts de fabrication sur le 737 MAX. Il est mort d’« une infection soudaine et rapide ».
Les affaires ne cessent de s’accumuler chez Boeing. Outre les nombreux problèmes techniques détectés sur les appareils du constructeur américain ces derniers mois, un deuxième lanceur d’alerte qui avait déposé plainte contre lui est mort de manière troublante.
Ce 30 avril, Joshua Dean, 45 ans, est en effet décédé après deux semaines dans un état critique lié à une infection bactérienne (le SARM) rapporte le média américain The Seattle Times. Selon les proches de Joshua, cet ancien auditeur qualité chez Spirit AeroSystems, fournisseur de Boeing, était « en bonne santé et était réputé pour son mode de vie sain ». (...)
Après un licenciement dû au Covid, il était revenu dans l’entreprise en 2021 avec le statut d’auditeur de qualité. Fin 2022, il a mis en avant auprès de sa direction des défauts de perçages de trous dans des cloisons du 737 MAX.
Spirit avait ensuite licencié l’auditeur en avril 2023. Ce dernier avant alors déposé une plainte auprès du Département du Travail en arguant que ce licenciement était en lien direct avec ce qu’il avait pointé du doigt. Il avait également témoigné dans une action en justice et déposé une plainte auprès de l’Administration fédérale de l’aviation en dénonçant un « comportement grave et sérieux de la part de la direction de la qualité senior de la ligne de production du 737 » de Spirit.
Dean était représenté par le même un cabinet d’avocats qu’un autre lanceur d’alerte de Boeing, John « Mitch » Barnett. Cet ex-responsable de la qualité à l’usine de North Charleston fabriquant le 787 Dreamliner est mort le 9 mars dernier dans sa voiture. Il avait fait des révélations à la BBC dès 2019 et avait à nouveau témoigné dans le cadre d’une action en justice contre son ex-société quelques jours avant son décès. La thèse du suicide par balle est privilégiée mais l’enquête est toujours en cours et l’un des avocats de Joshua Dean préfère ne pas spéculer sur un potentiel lien entre les deux décès.