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L’Est-Républicain
« Ne nous oubliez pas » : il raconte son quotidien à Gaza, entre mort, famine et espoir
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza
Article mis en ligne le 24 mai 2025
dernière modification le 23 mai 2025

Pris au piège dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023, le Palestinien Mohammed Abu Mughaiseeb, homme de 50 ans travaillant pour MSF, appelle les Français à faire entendre leur voix, au moment où l’armée israélienne se déploie massivement sur le territoire dont elle veut prendre le contrôle total par la force.

« Tous les jours, dès que je me réveille, j’envoie un message à ma femme pour lui dire que je suis en vie et lui donner ma localisation. C’est un pacte que j’ai conclu avec elle avant de réussir à la faire passer en Égypte avec les enfants », explique Mohammed Abu Mughaiseeb, joint au téléphone depuis Gaza. « Quand je ne peux pas lui faire parvenir le message, forcément, elle pense au pire », raconte ce Palestinien prisonnier d’une guerre longue de 20 mois, qui n’est pas la sienne. (...)

« Dire que nous vivons une catastrophe… le mot est beaucoup trop doux. Depuis qu’Israël a rompu le cessez-le-feu le 18 mars, la situation humanitaire est pire que jamais et les bombardements n’ont jamais été si intenses », raconte l’homme de 50 ans, qui dort dans le local technique d’un ancien restaurant de la ville d’Al Mawasi, près de Khan Younès, dans le sud de l’enclave. « Cette nuit [mardi], ils ont bombardé une tente près de laquelle je passe tous les jours, une femme et ses quatre enfants ont été tués. » Jeudi, la Défense civile de la bande de Gaza a fait état de la mort de 52 personnes dans des raids israéliens. (...)

« Dire que nous vivons une catastrophe… le mot est beaucoup trop doux. Depuis qu’Israël a rompu le cessez-le-feu le 18 mars, la situation humanitaire est pire que jamais et les bombardements n’ont jamais été si intenses », raconte l’homme de 50 ans, qui dort dans le local technique d’un ancien restaurant de la ville d’Al Mawasi, près de Khan Younès, dans le sud de l’enclave. « Cette nuit [mardi], ils ont bombardé une tente près de laquelle je passe tous les jours, une femme et ses quatre enfants ont été tués. » Jeudi, la Défense civile de la bande de Gaza a fait état de la mort de 52 personnes dans des raids israéliens. (...)

Le calvaire que Mohammed Abu Mughaiseeb partage avec près de deux millions de Gazaouis coincés, comme lui, à Gaza depuis l’attaque barbare du Hamas le 7 octobre 2023, est loin d’être terminé. S’il a finalement autorisé l’entrée d’une poignée de camions humanitaires pour des raisons « pratiques et diplomatiques », Benjamin Netanyahou a lancé lundi une « bataille immense, intense et formidable » pour « prendre le contrôle de la bande de Gaza ». Un déploiement massif, à quelle fin ? « L’opération du Premier ministre israélien est dénuée d’objectifs militaires, elle vise à finir de dévaster la bande de Gaza pour la vider de sa population et s’emparer du territoire. C’est un carnage », analyse Guillaume Ancel, ancien officier de l’armée française et auteur de Petites leçons sur la guerre, Comment défendre la paix sans avoir peur de se battre (Éditions Autrement).

« On a subi deux mois d’un blocus humanitaire total, on manque de nourriture, de médicaments, de carburant. C’est la famine autour de moi. J’adorais les films apocalyptiques, désormais, je vis dedans », décrit Mohammed Abu Mughaiseeb, qui ne mange plus qu’une conserve de haricots blancs ou de thon par jour. « La portion de pain coûte deux dollars, c’est 30 fois plus qu’avant ! » (...)

La peur au ventre, quasiment vide, Mohammed a déménagé une dizaine de fois pour échapper aux raids de l’armée israélienne : « Je veux vivre, je veux rejoindre ma femme, ma fille et mes deux fils en Égypte mais le passage est fermé. » Diplômé de médecine, il coordonne l’action de Médecins sans frontières (MSF) dans l’enclave palestinienne. Avec d’autres organisations encore présentes sur place comme la Croix-Rouge ou l’UNRWA, MSF sauve l’honneur d’une communauté internationale qui trop longtemps a détourné le regard du sort des Gazaouis. Un engagement lourd : « Depuis octobre 2023 nous avons perdu 11 collègues à Gaza », fait savoir une porte-parole de l’ONG.

« Je n’ai pas peur de dire que je condamne ce qui s’est passé le 7 octobre, comme l’immense majorité des Palestiniens. On ignorait tout de l’attaque que préparait le Hamas, pour nous, c’était un samedi comme les autres », rappelle le médecin palestinien.
« Les otages israéliens doivent être libérés ! » (...)

« je voudrais demander aux Français qui me lisent de ne pas nous oublier. Qu’ils élèvent la voix pour que leur gouvernement l’entende, de Paris jusqu’à Bruxelles, et mette la pression sur Israël pour que cesse sa guerre de vengeance. Je veux la paix entre Israéliens et Palestiniens, nous pouvons vivre ensemble ». (...)

La France co-présidera, avec l’Arabie saoudite, une conférence devant l’ONU sur « la mise en œuvre de la solution à deux États » du 17 au 20 juin prochains. Avec d’autres capitales, Paris devrait reconnaître l’existence de l’État palestinien et rejoindre ainsi les 148 pays qui ont d’ores et déjà franchi le pas.

Un État palestinien, mais sur quel territoire ? À l’heure où Gaza est sous occupation militaire et que les colons israéliens - soutenus par leur gouvernement - s’accaparent les terres palestiniennes de Cisjordanie, le quai d’Orsay botte en touche. Le ministère des Affaires étrangères a rappelé jeudi qu’il est possible de reconnaître un État sans en définir les frontières. Outre la question de l’État palestinien, cette conférence visera à favoriser la normalisation des pays envers Israël, à réformer l’autorité palestinienne afin qu’elle soit en mesure d’assurer des fonctions étatiques - au sein de laquelle le Hamas serait exclu - et enfin, à bâtir une architecture régionale garantissant la sécurité de l’État d’Israël.