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Mondialisation : les pays du Sud travaillent pour ceux du Nord
#libreechange #mondialisation #inegalites #colonialisme #liberalisme
Article mis en ligne le 7 novembre 2024
dernière modification le 4 novembre 2024

La population occidentale bénéficie, même inconsciemment, du labeur des travailleurs du Sud global.

Qu’est ce qui permet à tant de monde d’avoir des salaires corrects dans des bullshit jobs improductifs et d’acheter des produits manufacturés à tout petit prix ? La production de richesse dans les pays pauvres grâce à la mondialisation, sorte de colonialisme économique.
La mondialisation, aboutissement de la doctrine libérale

Le libéralisme économique est une doctrine qui considère que la meilleure façon de satisfaire une population est de laisser faire le marché afin que les richesses soient distribuées au mieux entre ses différents acteurs. “Au mieux”, ça ne veut pas dire de façon égalitaire, mais de façon à satisfaire au mieux (ou au moins pire) un maximum de personnes.

La doctrine libérale, théorisée dès le 18ème siècle, notamment avec Adam Smith puis David Ricardo, vante un monde idéal fait d’entreprenariat et où la production non-marchande est absente. Les communs sont accaparés par des producteurs privés et l’État taxe à peine de quoi assurer son fonctionnement régalien voire n’existe même pas pour les libertariens les plus radicaux. Ces derniers sont aussi appelés anarcho-capitalistes, mais n’ont en fait rien d’anarchistes et ressemblent à des prédateurs comme Javier Milei, président argentin qui a la sympathie d’Emmanuel Macron.

En supprimant toute intervention sur le marché, y compris les règlementations ou les droits de douanes, le libéralisme doit aboutir à un phénomène de mondialisation. C’est-à-dire que le monde devient ni plus ni moins qu’un vaste marché (...)

les puissances impérialistes gardent le contrôle sur les systèmes politiques et économiques de leurs anciennes colonies (...)

La colonisation ne peut toutefois se résumer au pillage des ressources : il s’agit aussi d’un ordre moral raciste fondé sur l’esclavagisme. (...)

Mais avec l’abolition de l’esclavage d’abord, puis la décolonisation, la figure de l’esclave disparaît. Le non-blanc devient un exploité comme les autres, et ses conditions d’existence ne s’améliorent pas forcément. (...)

La mondialisation s’arrête là où commence Frontex

C’est que le travail n’est pas une marchandise comme les autres : les humains ne se déplacent pas comme des boîtes de conserve. Il faut exploiter chez elles des populations non-blanches pour en rapatrier le produit, et n’en faire venir chez nous que la quantité de personnes suffisantes pour des travaux que les populations occidentales refusent de faire. Une quantité suffisante aussi pour faire pression à la baisse sur les salaires. (...)

Le mauvais partage de la valeur ajoutée (...)

plus la mondialisation de la production se développe, moins la production dans les pays du Sud génère de revenus. Autrement dit : loin de réduire les inégalités entre pays, la spoliation des richesses du Sud par le Nord s’accélère. (...)

C’est ainsi qu’on se retrouve, en France et dans les autres pays occidentaux, avec des bullshit jobs qui n’ont aucun sens mais qui paient bien. Dans le même temps, les ouvriers qui triment dans les mines de coltan en RDC sont exploités pour une misère. (...)

La mondialisation aboutit ainsi à une prolétarisation toujours plus importante des pays du Sud. L’économie n’a jamais été décolonisée.

Un creusement des inégalités au sein des pays (...)

Certaines personnes, y compris dans les pays les plus pauvres, profitent de la mondialisation. Les pays en développement aussi ont leurs ultra-riches, faisant remonter la moyenne des pays du Sud global. (...)

L’ostracisation des pays qui refusent la mondialisation

Bien qu’on parle de mondialisation, le libéralisme économique n’a pas (encore) conquis toute la planète. D’abord parce que certains pays sont considérés comme trop instables politiquement pour y faire du commerce (c’est le cas du Soudan par exemple). Aux crises politiques s’ajoutent ainsi les crises économiques.

Même les maigres bénéfices de la mondialisation n’arrivent pas jusqu’à la population. Les élites bradent leurs ressources au plus offrant pour renforcer son pouvoir sur la zone. C’est par exemple ce qu’a fait l’État Islamique pour s’implanter au Rojava, la région syrienne du Kurdistan, vendant son pétrole ou même son coton aux occidentaux en passant par la Turquie afin de gagner en influence et s’assurer une pérennité. (...)

Et les conséquences écologiques dans tout ça ?

La mondialisation, par définition, augmente les échanges entre pays. Mais le transport de marchandises à travers le monde s’accompagne d’une augmentation de la pollution que les économistes libéraux ont tendance à négliger : le coût écologique du libre-échange est souvent élevé, alors même que les mesures environnementales incitent la population à plutôt consommer local.

Au contraire de ces incitations, le libre-échange permet d’exporter la pollution (...)

L’homogénéisation de la consommation à travers le monde fait ainsi augmenter les émissions de carbone, aggravant la crise climatique. Mais les infrastructures du Nord sont mieux protégées qu’au Sud. Pire, elles servent de modèle : des pays du Sud investissent dans des modèles de production occidentaux alors que leurs modèles traditionnels pourraient mieux tenir le coup face au dérèglement climatique. (...)