
Alors que la France doit se prononcer le 27 octobre sur un projet de règlement européen sur les minerais issus d’une zone de conflits, un sondage CSA révèle que 83 % des Français soit quatre Français sur cinq souhaitent que la France se positionne en faveur d’une législation contraignante.
Peu de gens savent ce que contient un téléphone portable.
Il y a environ 6 g d’étain, 0,80 g de tungstène, 0,04 g de tantale et 0,6 g d’or dans un téléphone standard.
Or, le commerce de ces minerais peut être à l’origine de conflits ou d’atteintes aux droits humains dans les pays où ils sont extraits. Selon notre enquête, 47% de Français seulement le savent. Et ils ne sont que 14% à avoir entendu parler de l’expression « minerais du sang ».
Une très large majorité (87 %) déclare ne pas faire confiance aux fabricants de téléphones portables pour communiquer de manière transparente sur ces informations. Et ils sont 66% à affirmer que disposer des informations sur les conséquences et les conditions d’extraction des minerais pourrait influencer leur choix au moment de l’achat d’un téléphone portable.
L’UE est un débouché majeur pour les produits qui contiennent des « minerais de sang ». En 2013, l’UE était le 2ème importateur mondial de téléphones mobiles et d’ordinateurs (240 millions de téléphones et plus de 100 millions d’ordinateurs). La France en est quant à elle le 6ème importateur mondial.
Alors que le 27 octobre, la France doit présenter pour la première fois sa position sur un projet de règlement européen sur le sujet, ce sondage CSA divulgue que quatre Français sur cinq (83%) souhaitent que la France se prononce en faveur d’une législation contraignante au niveau européen. (...)
LE LIEN MEURTRIER ENTRE RESSOURCES NATURELLES ET GROUPES ARMÉS
En République démocratique du Congo, en Colombie, Birmanie et ailleurs, des groupes armés tirent profit du commerce de matières premières, en particulier des minerais qui servent à fabriquer les téléphones portables et ordinateurs dont nous nous servons tous les jours… (...)
Esclavage, disparations forcées, meurtres, torture, viol, sont autant d’exemples de crimes générés autour de ce commerce. (...)
Les Nations unies ont très tôt identifié ce problème et ont déjà chiffré à 3,8 millions de morts, le nombre de personnes ayant péri à cause de ces groupes armés liés aux ressources naturelles dans la région des Grands Lacs. (...)
C’est le moment d’entendre la parole des citoyens car un instrument européen est en préparation.
Le 5 mars 2014, la Commission européenne a en effet publié un projet de règlement pour lutter contre ce commerce des minerais qui financent des conflits armés. Ce projet prévoyait un système de traçabilité volontaire pour quelques 400 importateurs de minerais (étain, tungstène, tantale) et l’or (seulement 0,05% des entreprises européennes).
A contratrio, le 20 mai dernier, le Parlement européen avait quant à lui voté en faveur d’un règlement européen plus ambitieux qui imposerait un devoir de vigilance, c’est-à-dire, des procédures de contrôle à toutes les entreprises liées à ce commerce, y compris celles qui commercialisent les produits finis tels que les ordinateurs, tablettes, voitures, téléphones portables, etc.
Entre l’expression du Parlement européen et la voix de Français exprimée dans ce sondage, il est temps que la France fasse pression pour obtenir une règlementation contraignante au niveau européen pour rompre le lien criminel entre les ressources naturelles et les conflits.