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Menaces, dégradations : l’ONG Bloom harcelée pour sa défense des océans
#Bloom #harcelement
Article mis en ligne le 22 juillet 2025
dernière modification le 19 juillet 2025

En sortant de chez elle, le matin du 4 juin, Claire Nouvian n’avait pas imaginé que le travail qu’elle mène au sein de son ONG s’immiscerait jusque dans son intimité. Dans la nuit, des individus se sont introduits dans l’immeuble de la fondatrice de l’organisation Bloom et ont aspergé la porte de son appartement de peinture noire.

« Ce matin, ma fille de 14 ans découvre la scène. [Elle] est terrorisée. Je ne sais pas du tout si tout le monde réalise la gravité de ces actes », s’est indignée Claire Nouvian dans une vidéo publiée sur son compte Instagram.

« Les lobbies de la pêche industrielle essaient de me faire taire »

En guise de signature, les vandales ont pris soin de coller une affiche détournant le logo de l’ONG de protection des océans en suggérant une collusion avec l’industrie pétrolière. Plus surprenant, un graffiti mentionnait « Extinction Rebellion ». À Reporterre, le mouvement de désobéissance civile réfute toute implication et condamne une « campagne scandaleuse » accompagnée d’une « usurpation d’identité grossière ou loufoque » qui « vise à empêcher que de véritables décisions soient prises pour protéger nos océans ».

La directrice générale de l’ONG a déposé plainte le 4 juin, et une enquête pour dégradation a été confiée au commissariat du XIIe arrondissement de Paris, a fait savoir le parquet à Reporterre. (...)

« Les lobbies de la pêche industrielle essaient de me faire taire », dénonce de son côté la militante. L’ONG avait déjà fait face à des intimidations par le passé. Dans un reportage de France TV diffusé le 6 octobre 2024, le vice-président du Comité des pêches 29, Sébastien Le Prince, déclarait à propos de Claire Nouvian : « T’as une dame qui est toute pimpante à la télé qui dit qu’il faut tout arrêter. T’as qu’une seule envie, c’est de la prendre à bord, mettre une gueuse [1] à ses pieds et la balancer par-dessus bord. Elle ira voir comment ça se passe en bas. » Contacté par Reporterre, il n’a pas donné suite.

Fausses infos et câbles coupés

La fréquence et la coordination de ces attaques sont montées en puissance à l’approche et pendant l’Unoc, la conférence des Nations unies sur l’océan, qui s’est tenue à Nice du 9 au 13 juin. (...)

Le consensus scientifique est clair : seules des zones complètement préservées des activités industrielles ont des effets bénéfiques pour la biodiversité et le climat.

Porter ce message devient-il dangereux ? Les activistes de Bloom ont subi en seulement trois mois toute une série d’actes malveillants, allant de la diffusion de fausses informations les concernant sur internet et les réseaux sociaux, à des dégradations matérielles.

Début juin, le directeur scientifique de Bloom, Frédéric Le Manach, découvrait ainsi qu’un numéro Whatsapp utilisant son identité ainsi que sa photo de profil tentait de joindre certains de ses collaborateurs. À deux reprises, les bureaux de Bloom ont subi des coupures internet, résultat d’un câble de connexion arraché à Paris, voire carrément sectionné à Nice durant l’Unoc, dans les cages d’escalier des immeubles où ils se trouvaient, comme l’ont constaté les experts venus réparer les connexions.

Mardi 10 juin, l’ONG a déposé plainte contre X pour harcèlement aggravé, provocation aux crimes et délits, dégradation d’un bien appartenant à autrui, et atteinte à la vie privée par l’introduction dans le domicile d’autrui. Contacté par Reporterre, le parquet de Paris n’a pas encore donné suite sur cette plainte. (...)

Des faux communiqués envoyés aux parlementaires (...)

« Ces courriers s’inscrivent dans une stratégie globale de désinformation et de pression mise sur les militants écologiques, dit la sénatrice écologiste Mathilde Ollivier, qui a fait partie des destinataires. Alors que l’écologie est attaquée de toute part, c’est tout un mouvement qui a pour objectif de faire peur aux ONG qui font un travail important de documentation face aux lobbies de la pêche industrielle et leurs réseaux bien huilés. »

Le président de Bloom accusé de travailler pour l’industrie pétrolière (...)

Des comptes anonymes bien suivis par le lobby de la pêche intensive

Des publications anonymes se présentant comme des médias ont même récemment émergé pour discréditer l’ONG et semer le trouble sur son agenda en cours. Se présentant comme une « plateforme d’information indépendante issue d’un collectif breton » le site internet Guardour a vu le jour fin février, et on y trouve une photographie trafiquée de Claire Nouvian, la peau, les cheveux et les pupilles rouge vif, illustrant un article aux relents complotistes. Un texte « diffamatoire », selon la plainte déposée par Bloom que Reporterre a pu consulter. (...)