
Avant d’intégrer le cortège, les élus du Rassemblement national ont été ralentis. Le parti d’extrême droite, comme celui d’Éric Zemmour, Reconquête, tenait à participer à la marche contre l’antisémitisme de ce dimanche à Paris. La veille, un collectif s’était formé pour les empêcher de se lier à la procession : le collectif Golem, qui réunit « des juives et des juifs de gauche qui luttent contre l’antisémitisme ».
Au total, entre 80 et 90 militants se sont réunis pour « bloquer le RN », selon Jonas Cardoso, l’un des instigateurs du collectif. « On savait qu’on ne tiendrait pas longtemps, mais il fallait qu’il y ait une expression de rejet, lance Fabienne Messica, qui en fait partie elle aussi. Oui, il faut lutter contre l’antisémitisme, mais on ne peut pas le faire avec des partis d’extrême droite. »
Pour le Golem, le camp de Marine Le Pen, « n’a pas changé ». Il regrette ainsi que la recrudescence de violences antisémites depuis le 7 octobre suscite la peur au point que certains considèrent le RN comme un rempart face à ces actes. Le positionnement du collectif a d’ailleurs créé des dissensions dans le cortège dimanche. « Des manifestants nous ont rejoints, nous ont remerciés, car ils étaient gênés par la présence de l’extrême droite, témoigne Fabienne Messica. Mais d’autres nous ont traités d’idiots utiles et nous ont agressés verbalement : ils veulent notre mort, ils veulent tuer les juifs en Israël et en France. »
Selon la membre de la Ligue des droits de l’Homme (LDH), les forces de l’ordre ont un temps retenu le groupe. Si le Golem a également été privé de certaines pancartes, Me Arié Alimi est intervenu pour qu’il puisse réintégrer le cortège. Aux avant-postes pendant la marche, l’avocat, connu pour son engagement contre les violences policières, est à la source du mouvement. « Il est en contact avec plein de gens qui partagent nos pensées, confirme Fabienne Messica. Il a fait le travail de nous réunir. Il a été un ciment, c’est un ami pour beaucoup de gens. »
Lutter contre « toute forme de racisme »
Outre le médiatique avocat, le collectif est composé de « beaucoup de jeunes ». Le mouvement a été impulsé par un appel de Jonas Pardo, formateur à la lutte contre l’antisémitisme, et de Jonas Cardoso. (...)
Ensemble, ils ont sollicité des associations de « juives et juifs de gauche », des organisations de jeunesse jusqu’à ce qu’un groupe sur une messagerie, « d’abord informel », regroupe plus de 150 personnes. La figure du Golem, elle, est venue de l’esprit du dessinateur qui a imaginé le logo du groupe. « Le conte du Golem a une résonance culturelle pour les juifs et fait aussi référence à l’antisémitisme », précise Fabienne Messica. Les opinions des membres sur la guerre au Proche-Orient les ont réunis. Le Golem n’est d’ailleurs pas voué qu’à bloquer l’antisémitisme. « On défend le droit d’exister de tout le monde et on rejette la haine des juifs, des musulmans, et toute forme de racisme », résume-t-elle. (...)
le groupe veut peser sur le débat public et apporter de la justesse dans « cette période de confusion ». Au sujet de la guerre entre Israël et le Hamas, il compte « amener les gens à avoir une vision plus rationnelle et orienter vers une issue ». « On ne souhaite pas que cette tragédie continue. Diaboliser totalement un camp ou l’autre créé du racisme, complète la membre de la LDH. Nazifier Israël ou les Palestiniens reviendrait à justifier qu’on peut tout leur faire subir car ils seraient nazis. Il y a un délire verbal. »
« Le but, c’est que Golem devienne un refuge pour celles et ceux qui ne se retrouvent pas dans la lutte contre l’antisémitisme, qui veulent lutter sincèrement, là où l’extrême droite l’utilise uniquement pour faire de l’islamophobie et de la xénophobie », poursuite Jonas Cardoso. (...)