
(...) L’arrêté préfectoral d’autorisation de la fosse 4, obtenu par Imerys en juin 2024, permet son exploitation jusqu’en 2044. De quoi pérenniser l’activité du champion français des minéraux industriels, qui produit jusqu’à 65000 tonnes d’andalousite par an (50 000 produites en 2024) dans cette carrière. Le projet a suscité d’intenses contestations locales. Le point d’orgue, le 23 novembre 2024, a rassemblé près de 350 personnes lors d’une manifestation « festive » organisée par une vingtaine de collectifs dont les Soulèvements de la terre, et l’association locale Mines de Rien, rapporte Ouest France.
Depuis l’entrée du site, quelques minutes en 4x4 le long d’une large route de terre, où l’on croise un gigantesque tombereau jaune chargé de 60 tonnes de minerai sur son dos, suffisent pour gagner la fosse n°3. La seule en exploitation jusqu’à début juin. Dans le gouffre de 50 mètres de fond, une pelleteuse déblaie du minerai, rendu meuble par un récent tir. Au loin, un autre engin minier armé d’une gigantesque pince brise les rochers les plus gros. (...)
Tout semble hors-normes et pour cause : ici, Imerys peut excaver jusqu’à un million et demi de tonnes de roches par an, dont une petite moitié de stérile et le reste de minerai (à une teneur moyenne de 25%). Ce dernier est raffiné sur place, via une succession d’opérations de tri (concassage, séparation magnétique et électrostatique, criblage et même flottation dans certains cas) afin de séparer l’andalousite de la gangue de roches qui l’accompagnent et de fabriquer divers produits finaux, à la granulométrie et au taux d’alumine ultra-contrôlés.
Ingrédient stratégique des réfractaires industriels (...)
Pour Imerys, c’était indispensable. « C’est peu connu car il n’y en a pas dans les produits grands public – le talc dans les cosmétiques, cela parle aux gens – mais l’andalousite est incontournable pour le marché des réfractaires », donc pour les matériaux résistants aux hautes températures, explique Elodie Chabas, directrice du support technique client pour ce marché. Le minéral silico-alumineux est vendu à 80% en Europe, à des producteurs de réfractaires comme Calderys, Vesuvius ou RHI Magnesita.
Les réfractaires gagnent ensuite la sidérurgie, qui représente la moitié de la demande. On trouve de l’andalousite dans certaines parties des haut-fourneaux ainsi que dans les wagon-torpilles qui transportent la fonte en fusion. Ce minéral, qui prend la forme de barrettes blanches au sein de la pierre de Glomel, sert aussi dans les fours de préchauffage des cimenteries, les bassins de production de verre en fusion, ou en tant qu’ingrédient de moules de fonderies complexes, où sont coulés des moteurs de camions ou des turbines d’avion… « Notre production est un vecteur de souveraineté pour l’industrie européenne : nous avons constaté un soutien très fort de nos clients, qui se sont mobilisés pour appuyer notre demande d’arrêté préfectoral [d’autorisation d’extension] », continue Elodie Chabas.
Controverses environnementales
Quid des inquiétudes des opposants, qui soulignent les nuisances locales engendrées par la mine (poussières, pollutions sonores et lumineuses…), mais aussi sa consommation d’eau et les risques de pollution des aquifères dans cette zone en tête de deux bassins versants ? Imerys se dit « à l’écoute », mais met en avant l’amélioration de ses pratiques. (...)
Des mesures qui ne suffisent pas à rassurer les opposants, alors qu’en octobre, l’association Eau et rivières de Bretagne a annoncé engager un recours contentieux contre le projet d’extension. Eux s’inquiètent de potentielles contaminations des nappes par le drainage minier, y compris des décennies après la fin des opérations, ainsi que de la présence de nombreux éléments toxiques (cobalt, nickel, sulfates…) dans les rejets d’eau de la carrière (...)
Après le démarrage des opérations industrielles dans la fosse n°4, nul doute que le sujet restera scruté de près.