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Didier Dubasque
Livre ouvert : Extension du domaine du taylorisme
#educationNationale #enseignants #demissions #taylorisme
Article mis en ligne le 26 mai 2024
dernière modification le 16 mai 2024

Depuis une vingtaine d’années, notre pays a connu une succession de réformes assimilant les services publics à des entreprises. L’école a été concernée, au premier rang.

Le new public management qui s’est imposé dans la fonction publique n’a qu’un seul souci : rationaliser les coûts, réduire la dette, rentabiliser. Injonction a été faite à l’enseignant de modifier ses pratiques non en fonction des besoins qui émergent dans la relation avec ses élèves, mais au regard d’indicateurs consignés sur des tableaux Excel !

Le programme est décidé d’en haut et doit être exécuté par le professeur. Sa pédagogie devrait s’aligner sur des méthodes établies par des personnes qui ne connaissent pas ce qui se passe dans sa classe. Il ne devrait plus façonner ses propres outils au contact de ses élèves, mais à partir de logiciels numériques dont il ne maîtrise pas les objectifs. Son aptitude à exercer ce métier se réduirait à son adéquation aux bonnes pratiques, validées par la science et labellisées par le ministère.

Alors même que la compétence ne peut être déconnectée de l’expérience, c’est justement ce savoir expérientiel qui est écarté. Le protocole devient la seule référence admise. La mise en conformité avec les nouvelles normes passera bientôt par une évaluation individuelle appelée à décider de sa rémunération au mérite et de son degré de performance. Il sera tenu responsable de la réussite de ses élèves, corrélée à sa bonne application des prescriptions descendantes.

On retrouve là la méthode préconisée par Taylor qui affirmait en 1912 : « dans le passé, l’homme était tout, ce sera désormais le système » (...)

Résister

La résistance s’organise face à l’imposition de ces nouvelles normes de travail qui sur-prescrivent les objectifs, mais sous-prescrivent les moyens : bricoler à partir des injonctions, ruser face aux consignes, détourner les dispositifs. Mais la perte de sens et de valeurs du métier se concrétise aussi par les démissions et la désertion des candidats aux concours.

Cette analyse que nous propose Frédéric Grimaud n’est pas sans renvoyer à ce qui se passe dans le travail social (...)

« Enseignants, les nouveaux prolétaires. Le taylorisme à l’école » Frédéric Grimaud, Éd. ESF, 2024, 156 p.