
La Libye a annoncé mardi un plan pour lutter contre l’immigration irrégulière vers son territoire lors d’une réunion avec le commissaire européen chargé des questions migratoires, les ministres italien et maltais de l’Intérieur, ainsi que le ministre grec des Migrations. Depuis le début de l’année, les arrivées en Italie depuis la Libye ont augmenté de 50%. La délégation européenne, qui espérait aussi trouver un accord avec le gouvernement de l’est libyen, a été refoulée à son arrivée à l’aéroport de Benghazi.
Mardi 8 juillet, une rencontre à Tripoli, la capitale libyenne, a réuni Magnus Brunner, commissaire européen chargé des questions migratoires, les ministres italien et maltais de l’Intérieur, Matteo Piantedosi et Byron Camilleri, le ministre grec des Migrations, Thanos Plevris ainsi qu’Abdelhamid Dbeibah, le chef du gouvernement d’unité nationale. Cette visite a pour objectif de renforcer la coopération entre l’Union européenne (UE) et les autorités libyennes dans la lutte contre la migration illégale, qui a connu une forte accélération ces derniers mois.
À l’issue de cette réunion, Abdelhamid Dbeibah a annoncé "une vaste campagne nationale [qui] va être déployée avec le soutien de plusieurs pays amis pour lutter contre la traite des êtres humains".
Hausse de 50% des arrivées de Libye
Carte de la Libye à l’appui, le ministère libyen de l’Intérieur, Imad Trabelsi, a présenté les grands axes de ce plan : renforcement de la présence sécuritaire et des contrôles dans les villes, en mer et aux frontières, expulsion d’une partie des migrants, régularisation de "ceux dont le marché de l’emploi libyen a besoin".
Le ministre a affirmé qu’en Libye, pays qui compte environ sept millions d’habitants, il y a "entre trois et quatre millions de migrants entrés illégalement (...) que nous encourageons à repartir". (...)
Après cette visite à Tripoli, la délégation européenne espérait rencontrer les autorités de l’est libyen. Mais les responsables politiques ont été déclarés mardi "persona non grata" et invités à quitter le territoire libyen à leur arrivée à l’aéroport de Benghazi. L’ordre a été donné par le gouvernement de stabilité nationale (GNS), rival du gouvernement d’unité nationale (GNU) reconnu par la communauté internationale. Le premier contrôle la ville de Benghazi et le second celle de Tripoli.
Dans un communiqué, le Premier ministre de l’ouest libyen, Oussama Hammad, a qualifié cette visite de "violation flagrante des normes diplomatiques établies et des conventions internationales", et a dénoncé des "actions qui ne tiennent manifestement pas compte de la souveraineté nationale de la Libye".
Plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est devenue une plaque tournante pour des dizaines de milliers de personnes cherchant à gagner l’Europe par la mer au péril de leur vie. Les plages de l’ouest de la Libye sont des zones de départs bien connues des exilés qui souhaitent atteindre l’île italienne de Lampedusa, située à plus de 300 km des rives libyennes. (...)
L’UE se rend "complice d’horribles violations des droits humains"
Cette nouvelle visite d’une délégation de l’UE est vivement critiqué par les ONG. Amnesty International a affirmé mardi que la coopération migratoire de l’Union européenne avec la Libye était "dépourvue de moralité" et revenait à "se rendre complice d’horribles violations des droits humains".
L’ONG a évoqué les "conditions épouvantables" auxquelles sont confrontés migrants et réfugiés en Libye, et a appelé l’UE à "réévaluer en urgence" son soutien "aux autorités et aux milices libyennes". (...)
Un récent rapport de Médecins sans frontières (MSF) a, une nouvelle fois, mis en lumière les pratiques de torture à grande échelle dont sont victimes les migrants dans le pays (...)