
Environ 1 500 travailleurs en situation irrégulière ont été arrêtés par les autorités libyennes près de Tripoli, samedi. Depuis le début de l’année, la Libye est redevenue le principal axe migratoire emprunté en Méditerranée centrale par les migrants qui tentent de rejoindre l’Europe par l’Italie ou la Grèce.
Le pays fait face à une importante immigration clandestine, les migrants essayant de rejoindre l’Europe au départ de son territoire.
L’opération policière a été menée à l’aube à al-Sabaa, un quartier situé à l’est de Tripoli, en présence du ministre du Travail, Ali al-Abed ainsi que “d’inspecteurs du travail, de l’Agence de lutte contre l’immigration illégale et de la police municipale", selon ce même ministère. (...)
La zone visée abritait des campements de fortune entourés de hauts murs et fermés par un grand portail. Plus d’un millier de migrants, majoritairement Égyptiens mais aussi des Subsahariens, y vivaient, parfois depuis des années. Un journaliste de l’AFP rapporte avoir vu une petite épicerie, une boucherie et des marchands de légumes à l’intérieur du site.
"Les inspections ont permis de découvrir des logements où vivaient des travailleurs étrangers sans papiers” a déclaré aux journalistes Ali al-Abed. “Ces travailleurs, de nationalités diverses, n’ont ni permis de séjour, ni passeport officiel, ni même carnet de santé", a-t-il précisé (...)
Le ministre du Travail a également déclaré que le site contenait "des logements non réglementés qui ne répondent pas aux exigences de base en matière de logement décent, de santé et de sécurité au travail".
Les travailleurs migrants détenus seront "transférés vers des centres gérés par l’Autorité de lutte contre l’immigration illégale" a-t-il renseigné, indiquant que "des poursuites judiciaires seront engagées à leur encontre conformément à la réglementation nationale". On ignore encore si les migrants seront immédiatement expulsés. (...)
Les raids des autorités contre les migrants clandestins sont très fréquents dans tout le pays, notamment dans les villes de Tobrouk, Misrata, Emsaed.
A la suite de ces interpellations, les migrants sont généralement transférés dans des centres de rétention avant d’être expulsés. Plusieurs témoignages et faits documentés par des associations rapportent l’abandon fréquent de migrants dans le désert, laissés livrés à eux-mêmes, sans eau ni nourriture. De nombreux décès sont rapportés chaque année. (...)
Le chef du gouvernement d’unité nationale libyen, Abdelhamid Dbeibah a également annoncé qu’"une vaste campagne nationale va être déployée avec le soutien de plusieurs pays amis pour lutter contre la traite des êtres humains". De nombreux réseaux de passeurs et trafiquants d’êtres humains opèrent et se développent dans le pays, profitant du climat d’insécurité qui règne depuis la chute et l’assassinat de Mouammar Kadhafi en 2011. Le pays est divisé avec deux gouvernements rivaux qui se disputent le pouvoir, l’un installé à Tripoli et reconnu par l’ONU, et l’autre dirigé par le maréchal Khalifa Haftar depuis Benghazi.
Principal pays de départ vers l’Europe
À cause du renforcement des contrôles sur les côtes ouest-africaines, les routes migratoires se sont déplacées vers la Méditerranée centrale, faisant de cet axe le principal chemin emprunté, depuis la Tunisie et la Libye, pour gagner l’Europe en rejoignant l’Italie et la Grèce. (...)
Les migrants interceptés par les autorités libyennes, y compris dans les eaux internationales avant d’atteindre les côtes italiennes, sont renvoyés de force en Libye et détenus dans des conditions très difficiles, régulièrement condamnées par les Nations unies. Des fosses communes ont par ailleurs été découvertes dans le pays.