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Lettre ouverte à Ursula von der Leyen : Sauvez nos vies. Sauvez l’océan.
#oceans #urgenceclimatique #UE #effondrement
Article mis en ligne le 5 novembre 2024
dernière modification le 2 novembre 2024

Objet : Sauvez nos vies. Sauvez l’océan.

Chère Présidente von der Leyen,

Nous avons peur.

Nous, jeunes Européens, scientifiques, ONG et citoyens sommes saisis par une crainte existentielle concernant notre avenir.

Nous pensions que les dirigeants appliqueraient les recommandations scientifiques et agiraient avec responsabilité et courage pour éviter les conséquences désastreuses du changement climatique.

Nous avons placé notre confiance dans l’Accord de Paris, mais aujourd’hui nous sommes contraints d’assister, impuissants, à l’échec politique qui menace nos vies et celles de tous les êtres vivants sur Terre. Nos sociétés sont au bord de l’effondrement.

Nous n’avions qu’à écouter la science, mais nous l’avons ignorée. À présent, tout ce qu’il nous reste à faire, tout ce qu’il vous reste à faire, c’est d’ouvrir les yeux et de constater que notre planète tout entière entre dans une ère apocalyptique. Il ne s’agit plus simplement d’écouter ou de croire. Il s’agit maintenant de décence, d’honnêteté, de moralité et de courage.

Le 8 octobre 2024, certains des plus éminents scientifiques du climat et de l’environnement, ceux qui ont tiré la sonnette d’alarme des centaines de fois au cours des dernières décennies et qui ont lancé plusieurs « avertissements à l’humanité » nous ont asséné une vérité brutale : le monde tel que nous l’avons toujours connu est en train de disparaître.

Les glaces du Groenland, de l’Antarctique et des glaciers ont atteint des niveaux historiquement bas. Le niveau moyen de la mer à l’échelle mondiale bat actuellement tous les records. L’acidification des océans a franchi un seuil critique : nous avons probablement dépassé la septième limite planétaire. L’année dernière, nous avons été témoins de températures affolantes à la surface de la mer, du plus chaud été extra-tropical de l’hémisphère nord depuis deux millénaires, ainsi que du dépassement de nombreux autres records climatiques.

En conséquence, quatre millions de personnes et des milliards d’animaux ont déjà été décimés par des catastrophes climatiques. Cinquante pour cent des récifs coralliens de la planète ont disparu et des milliers de baleines sont déjà mortes de faim. Les catastrophes météorologiques ont été multipliées par cinq au cours des cinquante dernières années, avec une moyenne d’une catastrophe par jour.

Ce qui se déroule sous nos yeux, c’est la destruction de la biosphère et l’effondrement du système planétaire : un globocide. Face à ces faits sans précédent, inégalés et inimaginables, ne pas lutter avec une détermination totale et absolue contre la destruction de la biosphère est tout simplement criminel.

L’océan est un allié vital face à la catastrophe que nous vivons. Nous ne pouvons pas nous passer de sa capacité à absorber près d’un tiers de nos émissions de CO2, à fonctionner comme un thermostat mondial, à dicter le cycle de l’eau et à permettre la stabilité de la production agricole dans le monde entier. Pourtant, tous les indicateurs de l’océan sont dans le rouge. Sa température monte en flèche, provoquant des tempêtes d’une fréquence et d’une force inédites. Sa biodiversité s’effondre sous les coups de boutoir de la pêche industrielle. Ses puits de carbone pourtant irremplaçables sont en danger. Chaque année, les flottes de pêche industrielle raclent des millions de kilomètres carrés de fonds marins, rejetant des millions de tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. L’Union européenne participe directement à cette entreprise meurtrière en orientant des millions d’euros de subventions publiques vers des exonérations de taxes sur les carburants, en allouant des quotas à la pêche destructrice, en refusant d’abandonner le chalutage de fond et les techniques de pêche les plus dévastatrices.

L’avenir de l’humanité dépend de la capacité des dirigeants mondiaux à prendre des mesures « immédiates, rapides et à grande échelle ». Tels sont les mots des experts du GIEC. Regardons la vérité en face : aucun dirigeant n’a jamais assumé une telle responsabilité. Votre tâche n’a pas de précédent dans l’histoire de l’humanité. Ce que vous faites ou ne faites pas aujourd’hui détermine notre capacité à survivre sur Terre. Ou non. Nous faisons donc appel à votre éthique et à votre courage personnel pour montrer la voie au reste du monde en déclarant l’état d’urgence climatique en Europe et en approuvant officiellement les « 15 points pour l’océan » qui nous sauveront d’un effondrement complet du climat. Comme le souligne le GIEC dans son dernier rapport, la protection et la restauration des écosystèmes représentent le deuxième levier le plus efficace pour intensifier l’action climatique.

Nous vous appelons à mettre fin aux bulldozers de l’océan. Nous vous demandons d’imposer l’abandon de la pêche industrielle et la fin des subventions néfastes qui soutiennent et encouragent la destruction de l’océan. De veiller à ce que nous ayons des zones marines réellement protégées. D’interdire aux entreprises basées dans l’Union européenne de participer à l’expansion des combustibles fossiles en Europe et dans le monde. D’adopter un moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes. D’interdire tous les polluants dont on sait qu’ils ravagent les écosystèmes et pénètrent le tissu même de la vie.

Vous avez déclaré : « Il est temps de conclure une alliance entre nous et l’océan. Et l’Europe est prête à prendre les devants ». Aujourd’hui, des dizaines de milliers de citoyens et des centaines d’organisations de la société civile réunis au sein d’une coalition citoyenne vous demandent de transformer vos propres paroles en une action politique résolue pour protéger le berceau de la vie sur notre planète.

Madame von der Leyen, en tant que présidente de la Commission européenne, vous êtes la femme la plus puissante du monde. Entrez dans l’Histoire. Sauvez nos vies. Sauvez l’océan.