
Dans une tribune, des personnalités, des collectifs et associations dénoncent le discours qui se propage, dans de nombreux médias, invitant à nuancer le crédit à accorder à la parole des victimes de violences sexistes et sexuelles. « Autoriser ces propos, c’est autoriser la violence qui en découle. »
Alors que le pays est sous le choc, face à l’horreur d’une affaire portant sur des accusations de viols commis pendant une décennie par plus de quatre-vingt hommes sur une femme sédatée et inconsciente, un autre discours se propage, dans de nombreux médias, qui invite à nuancer le crédit à accorder à la parole des victimes de violences sexistes et sexuelles, ainsi qu’à minimiser la gravité des différents faits relevant de ces violences.
Aujourd’hui, entend-on, le risque serait grand de se substituer à la justice et de détruire, socialement et/ou intimement, des personnes qui auraient simplement manqué de tact ou d’élégance.
Notre société normalise ces agressions et les fait disparaître en les qualifiant de « blagues lourdes », « malentendus », ou « gestes déplacés ». Ces termes n’existent pas dans le code pénal ; les faits auxquels ils renvoient, si (...)
Nier la légitimité de nos corps, souffrants mais bien vivants, c’est reproduire la négation qui a permis leur agression. Et s’assurer qu’ils soient toujours à la disposition du patriarcat, qui en a besoin pour maintenir sa domination.
Sous couvert de dénoncer de pseudos excès, ce discours minimise la gravité des violences sexuelles et les banalise, met en doute la parole des victimes et voudrait les faire douter, hiérarchise les victimes en hiérarchisant les violences. Épousant le point de vue des agresseur.euses ou de leurs soutiens, il participe activement à la culture du viol. (...)
Nous ne pouvons pas non plus ignorer que des discours, notamment racistes, homophobes et transphobes circulent aussi comme des courants de pensée validés par de nombreux médias, et jusqu’au nouveau gouvernement.
« Nos corps sont politiques »
Nous le réaffirmons : nos corps sont politiques. Leur réappropriation constitue l’enjeu même de notre lutte.
C’est pourquoi le féminisme rejoint d’autres mouvements, issus d’autres groupes minorisés – personnes non blanches, LGBTQIA+, en situation de handicap, de précarité, enfants et mineur.es… (...)
Ici ou ailleurs, nous n’approuverons ni ne collaborerons jamais à une politique qui accorderait des privilèges aux un.es, fondés sur la domination des autres.
Notre liberté ne peut dépendre de l’oppression de nos sœurs, frères, adelphes.
Nous exigeons la libération de toutes et tous. (...)