
Les chiffres des violences sexistes et sexuelles en France sont alarmants et révèlent l’ampleur de ce phénomène sociétal. Malgré la libération récente de la parole des victimes, l’impunité règne et la réponse politique reste largement insuffisante.
Dans un rapport publié mardi 16 septembre 2025, le Conseil de l’Europe épingle la France et pointe ses lacunes considérables pour protéger les femmes des violences sexistes et sexuelles.
Le Groupe d’experts sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (Grevio) alerte notamment sur le faible taux de poursuite des auteurs de violences sexuelles. Ce, malgré hausse importante des violences sexistes et sexuelles en France, qui touchent particulièrement les filles et les jeunes femmes.
Face à ces constats accablants, le Conseil de l’Europe appelle les autorités à prendre des mesures urgentes, qui reprennent en grande partie les conclusions de notre rapport publié l’an dernier sur la lutte contre les violences sexuelles en France :
- Prendre en compte les discriminations multiples subies par les victimes, dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques
- Mieux former les professionnels, en particulier dans les commissariats, pour accompagner les victimes de violences sexistes et sexuelles
- Lever les obstacles législatifs qui entravent l’accès à la justice pour les victimes en introduisant la notion de consentement dans la loi pénale sur le viol
Ce rapport marque une étape importante pour renforcer la protection et mieux lutter contre les violences sexuelles en France. L’impunité doit cesser, et les autorités françaises doivent se mobiliser urgemment contre ce fléau.
Lire aussi : Porter plainte pour violences sexuelles en France : l’épreuve des femmes migrantes, transgenres et travailleuses du sexe.
Le mouvement international #MeToo a profondément bouleversé nos sociétés. Ces dernières années, des millions de femmes, mais aussi de filles, de garçons et de personnes LGBTI+, ont pris la parole pour dénoncer publiquement l’ampleur des violences sexistes et sexuelles (VSS).
Même si la parole semble se libérer, les voix des victimes ne sont pas nécessairement entendues et les réponses politiques ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. Pourtant, les chiffres provenant des diverses enquêtes sur les VSS en France sont consternants. Ces violences touchent les femmes, les filles et les minorités de genre de manière disproportionnée. On parle alors de violences basées sur le genre. (...)
Justice nulle part
En France, une minorité de femmes victimes de VSS porte plainte. Lorsqu’elles souhaitent le faire, elles font souvent face à des questions culpabilisantes, une minimisation des faits, ou à une inversion de la responsabilité de l’agression subie. Elles rencontrent par ailleurs de nombreux obstacles dans leur parcours vers la justice, ce qui porte de nouveau atteinte à leurs droits. L’impunité des agresseurs règne. En France, 86% des plaintes seraient classées sans suite, et seulement 6% des violeurs sont condamnés par la justice selon le ministère de la justice.
Bien que la population se dise de plus en plus consciente des VSS et assure les tolérer de moins en moins, les enquêtes le prouvent : les violences sexuelles ne reculent pas. (...)
Une nouvelle violence lors du dépôt de plainte
Aujourd’hui, les victimes de viol qui obtiennent justice y parviennent seulement après un long et pénible parcours de combattantes. Dans leur parcours vers la justice, elles peuvent subir une nouvelle violence comme le racisme, la transphobie ou la négation des violences subies. Cette violence peut même aller jusqu’au refus du dépôt de plainte, ce qui est contraire à la loi. (...)
Protéger les femmes, protéger leurs droits
Partout dans le monde, et en France, les États doivent faire appliquer ou mettre en place des lois pour lutter contre les VSS. Nous disposons d’un texte juridique international ambitieux en matière de violences faites aux femmes : la Convention d’Istanbul de 2011. Le texte, ratifié par la France et contraignant, oblige les États à protéger les femmes victimes de violences, et à les soutenir. (...)
Passer d’une culture du viol à une culture du consentement
Si la justice de genre est aujourd’hui au cœur des débats publics, il est urgent de mettre fin à l’impunité dont bénéficient les auteurs des violences. La culture du viol doit laisser place à la culture du consentement. Cela passe notamment par une modification des lois et notamment l’inscription de la notion de consentement au sein de la définition pénale du viol dans les législations nationales. (...)
Pétition : Exigez l’accès à la justice pour toutes les femmes victimes de violences sexuelles en France !
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