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Les syndicats argentins descendent dans la rue pour protester contre le démantèlement de l’État par Milei
#Argentine #Milei #liberalisme #extremedroite
Article mis en ligne le 29 décembre 2023

Des milliers de personnes organisées par des syndicats et différentes organisations ont manifesté mercredi dans le centre de Buenos Aires contre un décret de nécessité et d’urgence imposé par le gouvernement d’extrême droite de Javier Milei pour démanteler l’État argentin. La marche a rassemblé les principales confédérations syndicales du pays, la Confédération générale du travail (CGT), qui estime à 20 000 le nombre de participants, et la Confédération des travailleurs argentins (CTA), ainsi que des organisations sociales, politiques et de défense des droits de l’homme devant le siège du pouvoir judiciaire et de la Cour suprême de justice d’Argentine. Le rassemblement s’est déroulé au milieu d’un important déploiement de forces de sécurité et s’est déroulé sans incident jusqu’à la déconcentration à midi, lorsque la tension entre les manifestants et la police s’est accrue.

Les différents secteurs réunis ce matin ont appelé à "l’unité des travailleurs" pour stopper le décret de nécessité et d’urgence (DNU) publié au Journal officiel il y a une semaine. Le texte impose d’un seul coup plus de 300 réformes qui, entre autres, abrogent des lois, éliminent des dizaines de réglementations étatiques, permettent la privatisation d’entreprises publiques, ouvrent la porte à des opérations en dollars et donnent un coup de fouet à la flexibilisation du marché du travail et du système de santé. Cette décision est contestée au Congrès, devant les tribunaux et dans la rue par ceux qui la considèrent comme "anticonstitutionnelle".

"Le DNU détruit nos droits et le fait de manière non démocratique", a déclaré Juan Vita, membre de la CTA, lors du rassemblement de mercredi. "Si ce gouvernement, qui a été élu démocratiquement, pense qu’il [le décret] est nécessaire, il devrait le présenter au Congrès", a-t-il exigé. Le syndicaliste a expliqué que cette manifestation faisait partie d’un "plan croissant" : "Nous verrons à chaque instant comment continuer. Nous n’excluons pas d’autres mesures".

Tout autour, les slogans se multiplient pour critiquer la forme et le fond du décret. "Sans droits, il n’y a pas de démocratie", pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les syndicats. Dans une autre partie de la place, des partis et mouvements de gauche ont demandé la fin du "plan tronçonneuse" et la fin de "la répression de ceux qui luttent". Un groupe s’est déplacé, alors qu’il était encore possible de circuler dans la masse, avec l’image de la Vierge de Luján, patronne de l’Argentine, sur les épaules. Le mouvement féministe a critiqué sur les réseaux sociaux que le décret est "une démonstration claire d’autoritarisme" et le Centre d’études juridiques et sociales (CELS) a dénoncé que le paquet de modifications "viole la division des pouvoirs".

Les décrets de nécessité et d’urgence sont des mécanismes exceptionnels qui permettent à l’exécutif de promulguer ou de modifier des lois pour traiter des questions urgentes qui ne peuvent attendre d’être débattues au Congrès. Le gouvernement a fait valoir que la situation du pays - avec des niveaux élevés d’inflation et de pauvreté - est "très compliquée" et mérite cette mesure, qui est sans précédent dans le pays en raison de son ampleur. Cependant, de nombreux secteurs considèrent que le président s’arroge des pouvoirs législatifs en imposant des centaines de réformes sans débat au Congrès, et remettent en question la "nécessité et l’urgence" de certains points du paquet.

Le paquet d’amendements entrera en vigueur ce vendredi et le Congrès peut le rejeter par un vote à la majorité dans chacune des chambres. Mais si une seule d’entre elles l’approuve, le décret sera valide ; s’il n’est approuvé par aucune d’entre elles, il sera également valide. Plus d’une douzaine d’amparos ont déjà été déposés, selon l’agence de presse Télam, et la CGT a également déposé une mesure conservatoire contre le méga-décret qui a été rejeté par les tribunaux mercredi, selon les médias nationaux.

La CGT a appelé mercredi les tribunaux à "remplir leur rôle de contrôleur du pouvoir exécutif" et a déclaré à Milei : "Ne vous méprenez pas, Monsieur le Président. Nous ne sommes pas la caste, nous sommes les travailleurs". Parallèlement à la stratégie judiciaire, les syndicats ont également organisé des réunions avec des députés et des sénateurs de l’opposition afin d’élargir les positions contre le décret dans les chambres. Les organisations "mesurent le thermomètre", comme elles l’ont indiqué, et définissent leurs stratégies avec prudence.

Ni la CGT ni la CTA n’ont encore annoncé de grève générale, une mesure qui est sur la table et qui est réclamée par les organisations de gauche. Pour Guillermo Kane, législateur et leader du Partido Obrero, le fait que les centrales syndicales n’aient pas appelé à une grève de 24 heures est "un mauvais signe". "Cette marche est presque symbolique. Elle n’est pas massive et il n’y a pas de rues coupées. Nous avons besoin d’une action d’envergure", a demandé M. Kane. "La CGT, qui n’a pas fait grève depuis quatre ans, n’a pas joué un rôle actif dans la défense des travailleurs", a souligné le législateur, qui a exigé un "plan de lutte" conforme à la "gravité" du décret.

Tension dans les rues

Les premières réactions contre le DNU ont retenti depuis les balcons après la lecture de certaines mesures par Milei à la télévision nationale il y a une semaine. Des voisins indignés ont exprimé leur rejet en tapant sur des casseroles dans différentes parties du pays et des centaines d’entre eux ont défilé jusqu’aux portes du Congrès à Buenos Aires pour défendre des droits acquis au fil des décennies. Après les vacances de Noël, les manifestations de répudiation ont repris. Mardi, dans la seule ville de Buenos Aires, deux rassemblements ont eu lieu devant le Congrès, où des slogans tels que "Debout les droits, à bas le décret !

Le gouvernement suggère que l’objectif des manifestations est de "déstabiliser" le gouvernement. La semaine dernière, la ministre de la sécurité, Patricia Bullrich, a dévoilé un protocole visant à interdire aux manifestations de bloquer les rues et les routes, l’une des formes de protestation les plus courantes en Argentine, et mercredi, elle a de nouveau déployé une opération musclée pour contrôler la zone autour de la Plaza Lavalle. Le rassemblement s’est déroulé sans incident jusqu’à midi, mais lors de la déconcentration, certains manifestants ont tenté de couper des rues et la tension est montée lorsqu’un nombre beaucoup plus important de policiers que de manifestants s’est avancé pour libérer la circulation. Il y a eu des échauffourées, des coups, un policier blessé et au moins six personnes arrêtées, selon les caméras de télévision. Bullrich maintient sa menace : "Celui qui les fait les paie".

La maxime du ministre de la sécurité est relayée par celle de la ministre du capital humain, Sandra Pettovello, qui répète : "Ceux qui coupent ne sont pas payés". La responsable de ce portefeuille, qui regroupe les compétences des anciens ministères de l’éducation, du développement social et du travail, fait référence aux conséquences que pourrait avoir le blocage des rues par les bénéficiaires des aides publiques. Les opposants au DNU ont leurs propres raisons de manifester : au décret qui brise l’État et aux directives données par Bullrich et Pettovello pour contrôler les manifestations s’ajoute un ajustement fort, communiqué par le ministre de l’Économie, Luis Caputo, qui a dévalué la monnaie de 50 % et annoncé l’élimination des subventions aux transports et à l’énergie à partir du mois de janvier.

"Nous sommes dans une situation complexe et l’ajustement ne peut pas se faire sur le dos des gens", a critiqué Dina Sánchez, secrétaire adjointe de l’Union des travailleurs de l’économie populaire (UTEP). La syndicaliste a souligné que dans les quartiers populaires "il y a beaucoup de désillusion" parce que l’ajustement du gouvernement "a été brutal" pour les secteurs les plus vulnérables. "Il n’y a pas eu d’ajustement pour les hommes d’affaires ni pour le système judiciaire", a-t-elle déclaré. La syndicaliste assure que l’objectif de la manifestation de mercredi n’est pas de déstabiliser le gouvernement mais de stopper un DNU qu’elle juge "néfaste" et qui retire des "droits conquis" par les citoyens. "La situation appelle à l’unité de tous les secteurs", a-t-il déclaré.

Un éventuel plébiscite

La veille de la marche, Milei avait prévenu qu’il ne céderait pas et avait continué à défier le Congrès. Si le décret est rejeté, le président d’extrême droite a déclaré qu’il demanderait un plébiscite. "Évidemment", a-t-il souligné lors d’une interview télévisée la veille. "Pourquoi le Congrès s’oppose-t-il à quelque chose qrtbfui est bon pour le peuple ? Il y a beaucoup d’escrocs et de fraudeurs autour de nous", a déclaré Milei, qui était législateur avant d’être élu président.

Bien que Milei ait remporté 56 % des voix au second tour des élections, lorsqu’il a battu le péroniste Sergio Massa, il est minoritaire dans les deux chambres du Congrès : à la Chambre des députés, l’extrême droite ne dispose que de 38 sièges sur un total de 257 ; au Sénat, elle a huit sièges sur 72. Son parti, La Libertad Avanza, est confiant dans sa réussite. Les syndicats se réuniront à nouveau ce jeudi pour définir comment poursuivre le "plan de lutte" contre un gouvernement qui, pour l’instant, n’a pas l’intention de reculer.

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 (RTBF.be)
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(...) C’est la première fois en 40 ans de démocratie qu’un président argentin doit faire face à une grève générale un mois et demi après son arrivée au pouvoir.

La mobilisation vise en particulier un "décret de nécessité et d’urgence" publié le 20 décembre par le gouvernement, ouvrant la voie à une dérégulation massive de l’économie, mais au "caractère illégal et inconstitutionnel", a expliqué Hector Daer, secrétaire général de la CGT qui revendique 7 millions d’affiliés. "Ce décret s’en prend aux droits individuels des travailleurs, aux droits collectifs, à un système de santé universel et solidaire, et à un nombre incalculable de sujets qui constituent notre pays", a insisté M. Daer.

Javier Milei, ultralibéral et "anarcho-capitaliste" comme il se décrit lui-même, a depuis son investiture le 10 décembre publié un décret de dérégulation de l’économie à travers l’abrogation de quelque 300 normes. (...)