Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
le monde diplomatique (accès libre)
Les États-Unis à la rescousse
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza #USA
Article mis en ligne le 18 septembre 2024
dernière modification le 15 septembre 2024

Depuis le début de l’offensive à Gaza, l’administration américaine apporte un soutien sans faille à l’armée israélienne, qui passe notamment par son ravitaillement en bombes et en obus d’artillerie tirés sur le territoire palestinien. Une telle connivence n’a pas toujours été de mise : à l’origine, Washington se voyait en médiateur neutre des relations entre Tel-Aviv et le monde arabe.

offensive aérienne et terrestre lancée contre l’enclave de Gaza après l’attaque du Hamas, le 7 octobre 2023, est la première guerre israélienne dont Washington est partie prenante de manière directe. Les États-Unis en soutiennent ouvertement le but proclamé, l’éradication du Hamas, et bloquent les appels au cessez-le-feu votés par une grande majorité de pays aux Nations unies. L’administration du président Joseph Biden fournit aussi des armes et des munitions à Tel-Aviv et agit pour dissuader d’autres acteurs régionaux de prêter main forte au mouvement palestinien.

Les États-Unis n’ont pas toujours apporté leur concours militaire à Israël. Après la création du jeune État, ils se sont présentés comme des arbitres impartiaux entre Tel-Aviv et ses voisins arabes, décrétant un embargo sur les livraisons d’armes aux deux parties qui est resté en vigueur jusqu’à la fin de la présidence de Dwight Eisenhower (1953-1961). C’est sur l’Allemagne fédérale et la France que le nouvel État dut compter pour son financement et son équipement durant ses premières années. La donne changea lorsque le président John F. Kennedy, face à la radicalisation du nationalisme arabe mené par l’Égypte de Gamal Abdel Nasser et les revers de l’influence américaine au Proche-Orient, décida de s’appuyer sur Israël et commença à lui livrer de l’armement.

Cette évolution marque le début d’une « relation spéciale » qui allait s’avérer des plus singulières. En effet l’État d’Israël a obtenu, depuis sa création en 1948 jusqu’au début de l’année 2023, plus de 158 milliards de dollars d’aide américaine, dont plus de 124 milliards pour le volet militaire, ce qui en fait le principal récipiendaire de financement américain cumulé depuis la seconde guerre mondiale (1). Dans le cadre du programme d’assistance portant sur la période 2019-2028, les États-Unis fournissent tous les ans un soutien de près de 4 milliards de dollars à Israël. (...)

Washington ne soutint pas ouvertement la guerre déclenchée par Tel-Aviv contre ses voisins arabes en 1967. La Maison Blanche ne pouvait approuver l’invasion de la Cisjordanie aux dépens du royaume hachémite, son autre allié dans la région. Au cours de la guerre d’octobre 1973, la « relation spéciale » se traduisit par un pont aérien de livraisons militaires à Israël dans le but d’aider ses forces de défense à refouler l’offensive de l’Égypte et de la Syrie. Une fois la situation redressée au profit de Tel-Aviv, les États-Unis exercèrent une forte pression pour que les hostilités soient interrompues. Plus tard, ils n’appuyèrent pas l’invasion israélienne du Liban en 1982 et intervinrent en médiateurs pour l’évacuation des combattants de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) de Beyrouth. Ils n’apportèrent pas non plus leur appui à la guerre lancée par Israël contre ce même pays en 2006, ni à ses offensives successives contre Gaza depuis lors.

En revanche, dans le contexte de la guerre qui a éclaté le 7 octobre, le soutien américain à Israël a été franc et massif. (...)

L’objectif déclaré a d’emblée été l’éradication du Hamas, un but soutenu par Washington et par d’autres pays occidentaux. Or, l’ambition d’anéantir une organisation de masse, qui gouverne un territoire exigu très densément peuplé, ne saurait être poursuivie sans provoquer un carnage parmi les civils (...)