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"Les enfants n’avaient rien pour affronter le froid" : des migrants expulsés de Tunisie vers les montagnes enneigées algériennes
#migrants #Tunisie #expulsions
Article mis en ligne le 28 janvier 2024
dernière modification le 27 janvier 2024

InfoMigrants a reçu plusieurs témoignages de Subsahariens arrêtés à Sfax - et dans plusieurs villes du pays - puis abandonnés par les autorités tunisiennes dans la montagne, à la frontière algérienne où les températures dégringolent cet hiver. Livrés à eux-mêmes, les migrants doivent affronter le froid, parfois la neige, au milieu de nulle part. Un cycle d’expulsions illégales qui a commencé à l’été 2023.

"Je marchais dans la rue à Sfax quand ils m’ont attrapé. C’était un vendredi du mois de janvier 2024. Je ne faisais rien… Je marchais… Et d’un coup, ils sont arrivés et nous ont attrapés". Mohamed* parle sans émotion, il livre un récit factuel, concis.

"Ils", ce sont "évidemment" les policiers tunisiens

Depuis l’été 2023, les Noirs d’Afrique subsaharienne en Tunisie sont victimes d’une chasse à l’homme menée par le gouvernement de Tunis - qui nie en bloc ces accusations. InfoMigrants a récolté des dizaines de témoignages faisant état de rafles puis d’abandons de migrants dans le désert, vers la Libye souvent, mais aussi vers l’Algérie.

"Il faisait froid, il a plu et le vent était fort et présent"

Au mois d’octobre, des premiers témoignages étaient parvenus à la rédaction faisant état de ces renvois, notamment vers la ville de Kef. Ces expulsions illégales se sont poursuivies cet hiver, toujours plus au sud, vers Kasserine, avec une particularité liée à la saison : le froid et la neige.

"Quand ils nous attrapés à Sfax, ils nous ont rassemblés dans un commissariat, on était environ 150. On a attendu la nuit, puis ils nous ont conduit en bus jusqu’à la frontière algérienne", continue Mohamed. "Quand on s’est approchés de la zone montagneuse, le bus était trop gros. Ils nous ont répartis dans des pickups pour grimper dans la montagne. Ils nous ont abandonnés là, ils ont pris les portables, l’argent qu’on avait et ils sont partis". (...)

Par chance, ce soir-là, Mohamed a pu garder son téléphone. "Ils ont oublié de me le prendre. J’ai filmé le lendemain matin. On était au milieu de nulle part" vers le village Om al Arais, détaille-il. Mohamed n’a qu’un bonnet et un léger pull quand il arrive dans les montagnes. "Il faisait froid, il n’a pas neigé quand j’y étais mais il a plu et le vent était fort et présent". Mohamed ne se doutait pas de ces intempéries. Il restera deux jours en altitude avant de trouver un chemin de retour vers la Tunisie.