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La vie des idées
Les classiques révisés par l’éthique : " Pour en finir avec la passion. L’abus en littérature", Éditions Amsterdam
#litterature #romans #abussexuels #femmes
Article mis en ligne le 9 novembre 2024

À propos de : Sarah Delale, Élodie Pinel, Marie-Pierre Tachet, Pour en finir avec la passion. L’abus en littérature, Éditions Amsterdam

La passion est un thème récurrent de la littérature, mais les histoires d’amour sont souvent en fait des histoires d’abus. Les notions modernes de « harcèlement », d’« emprise », de « consentement » et de « mémoire traumatique » permettent de relire nos classiques de manière éthique.

La lecture empathique comme impératif éthique

Contrairement à l’amour, qui repose sur un principe de communion entre les êtres, la passion est un lieu destructeur qui dissimule des abus. Or, c’est cette dernière que nos œuvres littéraires exaltent le plus souvent ; elle est généralement analysée par la critique formaliste et historiciste comme un « amour vache » ou des « baisers volés »… Des euphémismes qui, en réalité, ne sont pas sans conséquence. Car si la réalité peut être une inspiration pour la fiction, la fiction, elle aussi, agit sur le réel.

Selon les autrices, qui se réfèrent à des ouvrages de sciences cognitives, tout euphémisme dans la fiction a un effet sur le cerveau, lequel, ensuite, va à son tour euphémiser des situations à risque réelles. Dans la New romance si prisée des adolescentes, la jalousie d’un amant, son comportement colérique et son intrusion dans l’intimité mènent finalement à une fin heureuse ; ces abus pourraient-ils être alors les signes annonciateurs du bonheur ? Voilà, en tout cas, ce que le cerveau comprend et va appliquer plus tard dans les relations bien réelles de la lectrice.

Comment réagir face au risque que représente la lecture de certaines œuvres ? Leur rejet (cancel culture) ou l’avertissement de leur potentiel traumatique (trigger warning) sont parfois discutés. Les autrices proposent une autre voie : relire les classiques en les situant dans notre système moral, et en utilisant des outils d’analyse empruntée à d’autres disciplines. (...)