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Mediapart
Les carnets de Nestlé : révélations sur le lobbying secret de la firme
#Nestle #eaux #forages #contrex #vittel #lobbying
Article mis en ligne le 27 janvier 2025
dernière modification le 25 janvier 2025

Mediapart s’est procuré des fichiers internes de la multinationale, qui dévoilent des actions cachées auprès des politiques comme de l’administration. Selon nos informations, la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique s’intéresse à un rendez-vous décisif et dissimulé à Bercy.

Le scandale des eaux traitées illégalement par Nestlé n’est pas seulement sanitaire et financier. Il est aussi institutionnel. Selon les informations de Mediapart, la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) instruit un signalement concernant un rendez-vous confidentiel qui a eu lieu le 31 août 2021, entre des membres du cabinet de la ministre de l’industrie, qui était alors Agnès Pannier-Runacher (aujourd’hui ministre de l’écologie), et Nestlé. (...)

Ce type de rendez-vous doit normalement être déclaré. Mais Nestlé cultive visiblement le culte du secret, puisque selon des carnets de lobbying secrets de la firme, auxquels Mediapart a eu accès, la multinationale a également multiplié les contacts « informels » avec les autorités de l’État, notamment l’agence régionale de santé (ARS) des Vosges, ainsi qu’avec le préfet, pour qu’ils se rangent à ses intérêts. Avec réussite.

À travers ces notes et ces tableaux internes, c’est toute une stratégie de l’influence, dans l’ombre, que l’on découvre.

Mais commençons par le rendez-vous au ministère, particulièrement important, éminemment symbolique. Cette rencontre, sur laquelle se penche donc la HATVP, a été organisée le 31 août 2021, à l’initiative de Nestlé, ainsi que l’avaient révélé Le Monde et Radio France en janvier 2024.

À l’époque, la multinationale est déjà sous pression : la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a diligenté une enquête sur le traitement illégal des eaux. Son service national d’enquête (SNE) a en effet découvert que plusieurs minéraliers, dont Nestlé, ont recours à des pratiques interdites pour désinfecter leurs eaux, souvent contaminées par des bactéries d’origine fécale ou par des pollutions chimiques.

C’est dans ce contexte que Nestlé rencontre à Bercy le directeur de cabinet de la ministre et sa conseillère santé, qui ont confirmé leur présence à Mediapart. La DGCCRF était également présente. La multinationale n’a alors d’autre choix que de reconnaître la fraude. Mais elle présente un plan dit de « transformation », que Mediapart a pu consulter, qui repose sur une promesse de « sécurité sanitaire » à venir qui se révèlera mensongère.

À l’issue de cette rencontre, et en dépit des supercheries enfin reconnues par Nestlé, ni la ministre Agnès Pannier-Runacher ni la DGCCRF ne saisiront la justice. La ministère accepte ainsi de fermer les yeux sur les immenses conséquences écologiques, économiques et sanitaires de cette fraude. (...)

C’est ce qu’a signalé auprès de la HATVP l’ONG anticorruption Transparency International le 7 février 2024. Dans son signalement, l’ONG dénonce autant les manquements de la multinationale suisse que ceux des ministres qui doivent aussi « garantir la transparence de la décision publique » en publiant « davantage l’agenda de leurs rendez-vous avec des représentants d’intérêts » privés.

Contactée, Nestlé ne fait aucun commentaire sur cette réunion, qui « fait actuellement l’objet d’échanges avec la HATVP ». De son côté, l’autorité déclare continuer à « instruire le dossier », qui pourrait occasionner des sanctions en cas de manquements.
Dans le Grand Est, des liens officieux avec l’agence régionale de santé et la préfecture des Vosges (...)

Nestlé estime, contre toute évidence, que la loi ne l’oblige pas à déclarer les activités de ce type.

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