
Dans la rue et sur les réseaux sociaux, le meurtre d’une étudiante turque, Özgecan Aslan, a libéré la parole contre les violences faites aux femmes.
Des milliers de femmes - et d’hommes - sont descendues dans les rues ces trois derniers jours en Turquie après le meurtre sauvage d’une étudiante de 20 ans, Özgecan Aslan, dont le corps a été retrouvé vendredi 13 février. Sa mort a eu d’autant plus d’écho que le 14 février se tenaient en Turquie, comme dans de nombreux autres pays, des manifestations ’One Billion Rising’, une initiative lancée en 2012 par l’auteure Eve Ensler pour s’élever contre les violences faites aux femmes (Voir : Danse géante contre les violences).
Aux manifestations s’ajoute une puissante mobilisation sur les réseaux sociaux, où des Turques partagent leurs expériences de harcèlement et d’agressions. Depuis trois jours des centaines de milliers de tweets ont été publiés sous les mots-dièse #ozgecanaslan, du nom de l’étudiante assassinée, et #sendeanlat (« Racontez votre histoire »). (...)
l’AKP, le parti islamique au pouvoir est lui-même pointé du doigt pour sa mentalité. Devant le Parlement, une responsable du parti d’opposition CHP, Sezgin Tanrıkulu, a directement interpellé le Premier ministre Davutoğlu : « Etes vous conscients du fait que derrière chaque cas de violence subi par des femmes, on trouve le discours des responsables de votre gouvernement qui cible les femmes et votre politique qui restreint le rôle des femmes ? ».
Le 24 novembre, Recep Tayyip Erdoğan déclarait que la notion d’égalité entre les femmes et les hommes est « contre nature », jugeant que la « religion a défini une position pour les femmes : la maternité ». En juillet 2014 l’ancien vice-premier ministre, aujourd’hui porte-parole du gouvernement, Bülent Arınç, déclarait qu’une femme « ne doit pas rire en public » (Voir : Bülent Arınç, mieux vaut en rire).