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Les 100 jours de Milei en Argentine : Juste de la cruauté et de la transgression
#Argentine #Milei
Article mis en ligne le 27 mars 2024
dernière modification le 24 mars 2024

Trois mois de bruit et de fureur pour une Argentine au bord du gouffre

Le 10 décembre, à l’occasion du 40e anniversaire du rétablissement de la démocratie en Argentine, l’économiste Javier Milei, un "anarcho-capitaliste" qui a exprimé son scepticisme à l’égard de la démocratie et qui continue à considérer l’État comme une "organisation criminelle", est arrivé à la Casa Rosada.

Milei s’attache à montrer que son arrivée au pouvoir non seulement ne le modère pas, contrairement à ce qui se passe habituellement, mais attise ses angoisses refondatrices. Une sorte d’"Atlas Shrugged" rioplattien, qui reprend les images du capitalisme héroïque du roman d’Ayn Rand, publié en 1957, ainsi que des visions messianiques de la politique qui l’amènent à se comparer à Moïse ; ou à comparer sa sœur Karina à Moïse et à se réserver le rôle du frère et "traducteur" de Moïse, Aaron.

Un président-troll

Pour Milei, la refondation nationale passe par la fin de "100 ans de collectivisme" qui auraient détourné le pays du destin tracé par les libéraux du 19ème siècle, le conduisant à devenir une énorme "villa miseria". Il veut aussi en finir avec la "caste" politique - il a même remis au goût du jour le slogan "Qu’ils s’en aillent tous", scandé dans les rues lors de la rébellion sociale de 2001 - bien que son gouvernement soit truffé de politiciens de carrière, dont l’ancien candidat péroniste à la présidence Daniel Scioli, battu de justesse en 2015 par l’ancien président conservateur Mauricio Macri (2015-2019) et aujourd’hui secrétaire au Tourisme, à l’Environnement et aux Sports.

La détérioration économique de ces dernières années, avec une inflation de plus de 100 % par an et une augmentation de la pauvreté à plus de 40 %, a conduit les électeurs à revenus moyens et faibles à faire confiance à ce discours et à choisir La Libertad Avanza, l’étiquette électorale de Milei, avec un mélange de lassitude face au connu et d’espoir face à l’inconnu. Dans le même temps, il est difficile d’expliquer le résultat des élections argentines sans prendre en compte le climat mondial, avec la montée de nouvelles droites radicales et de politiciens prétendument "anti-establishment".

Milei a accédé à la présidence lors d’une cérémonie dos au Congrès - pour réaffirmer sa lutte contre la caste - ; et son récent message à la nation à l’occasion de l’ouverture de l’année législative a montré son mépris pour un Congrès où il est minoritaire et dépend de la Proposition républicaine (Pro) de droite, le parti de Mauricio Macri, et de l’opposition dialoguiste, qu’il ne cesse d’insulter.

"Il n’y a pas de place pour les tièdes", a déclaré le président de la Chambre des députés, Martín Menem, du parti de Milei et l’un des proches de l’ancien président néolibéral Carlos Menem (1989-1999) qui composent le nouveau parti au pouvoir.

La colère de Milei s’est accrue ce mois-ci lorsqu’une majorité du Sénat a rejeté son décret de nécessité et d’urgence (DNU) publié en décembre - qui abroge ou modifie quelque 300 lois pour déréglementer l’économie - bien que cette décision n’ait aucun effet juridique à moins que la Chambre des députés ne vote également en faveur de son rejet.

Le président a posté un message avec la liste des sénateurs qui ont voté contre la DNU et les lettres HDRMP (hijos de remil puta). Il avait également menacé de "pisser" [uriner] sur les gouverneurs après l’échec de sa "loi omnibus" - comportant plus de 500 articles et des pouvoirs spéciaux pour le président - à la chambre basse, et avait qualifié le Congrès de "nid de rats".

Accro aux réseaux sociaux, Milei agit comme un véritable président-troll, dans le sillage de Donald Trump, soutenu par des armées de followers - organisés et spontanés - qui lancent de violentes guérillas virtuelles et font circuler un lexique visant à disqualifier l’opposition, souvent sous forme de mèmes.

"They do not see it" (les opposants ne voient pas la réalité), "lefty tears" (les gauchistes pleurent la perte de leurs privilèges) ou "the forces of heaven" (sur lesquelles s’appuie le gouvernement), ainsi que divers autres mèmes dans lesquels Milei est présenté comme un lion rugissant ou un super-héros.

Milei, approfondissant son côté mystique, répète une citation du livre des Maccabées selon laquelle, dans une bataille, la victoire ne dépend pas du nombre de soldats, mais des forces du ciel. Proche de l’organisation hassidique Chabad Lubavitch, bien qu’il ne soit pas juif, il tweete souvent des messages bibliques en hébreu pour réaffirmer qu’il ne dirige pas un gouvernement ordinaire, mais une révolution qui dépasse les frontières terrestres.

Guerre culturelle

Depuis son entrée en politique en 2021, après s’être fait connaître comme un excentrique animateur de télévision obsédé par John M. Keynes - un nom qui l’énerve littéralement - Milei a commencé à intégrer le langage de la "droite alternative". Il a d’abord dénoncé l’omniprésence supposée du Forum de São Paulo - un réseau affaibli de partis de gauche latino-américains - à partir de points de vue complotants, et est finalement devenu un croisé contre le "marxisme culturel".

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