
Presque un an jour pour jour après son audition par la Commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale, Régine Hatchondo s’est cette fois rendue du côté du palais du Luxembourg pour évoquer le secteur du livre. Soit un peu plus de deux heures d’intervention, alors que l’opérateur qu’elle dirige présentera ce 29 mai l’édition 2024 de Partir en Livre, fête annuelle et estivale de la lecture auprès des plus jeunes.
La lecture menacée ?
Présentée sous l’intitulé « La lecture est-elle toujours à la page ? », l’audition menée par les sénateurs de la commission s’est largement inquiétée de la baisse de la pratique de la lecture, en particulier chez les jeunes Français. Informée par l’étude du Centre national du livre parue en avril dernier, l’observation est revenue à plusieurs reprises dans les échanges.
Encourager la pratique de la lecture revient-il à limiter l’usage des écrans ?
(...) « On n’est pas en train de se dire que l’on va faire un monde sans écrans », a toutefois précisé Régine Hatchondo, qui ne veut pas « condamner la lecture numérique ».
Des aides à l’édition sous conditions
Déjà annoncée l’année dernière par la présidente du CNL, la conditionnalité des aides versées aux éditeurs au respect de certaines clauses contractuelles se fait attendre. Et pour cause : les discussions avec les auteurs, les éditeurs et le Centre sur le sujet ont été suspendues « parce que nous attendions le résultat de la négociation entre les auteurs, les éditeurs et le ministère de la Culture ».
Elles reprendront en septembre prochain, indique Régine Hatchondo. (...)
Auteurs, mais aussi éditeurs et libraires indépendants s’inquiètent de la concentration toujours plus forte du marché du livre. Pour Régine Hatchondo, quelques données suffisent à ouvrir le débat : « Les 12 premières maisons d’édition en France représentent 87 % du marché, les 4 premières maisons d’édition représentent 55 % du marché. Avec ces chiffres-là, on a presque déjà tout dit. » (...)
Elle s’attardera dans son propos sur les risques de « concentration verticale ». CMI, le nouveau propriétaire du groupe Editis, détient en effet 25 % du capital du groupe Fnac Darty, ce qui suscite « une grosse inquiétude chez les indépendants », quand Vivendi, qui contrôle Lagardère et Hachette, a aussi la main sur des titres de presse, le groupe Canal+, des radios et des chaines de télévision. (...)
Parmi les autres sujets abordés lors de l’audition, les liens entre le livre et l’audiovisuel, par les adaptations en films ou en séries. Mi-2023, le CNL avait présenté une étude sur le sujet, très enthousiaste sur les effets positifs de la rencontre de l’édition et du cinéma. Un complément à cette étude sera produit, couvrant les années 2022 et 2023, et présenté en janvier 2025.
Le CNL renouvelle dans ce cadre son soutien à la Société civile des éditeurs de langue française (SCELF) et à ses opérations « Shoot the Book », qui provoquent des rencontres entre des titres et des producteurs dans différents festivals spécialisés. (...)
Autre sujet brûlant, considéré par les éditeurs comme une entorse fréquente au prix unique du livre et par les auteurs comme une possibilité de revenus accessoires, le livre d’occasion. Sans surprise, et bien qu’elle assure que « même sans être présidente du CNL », sa position serait celle-ci, Régine Hatchondo estime « très sain [...] qu’on réfléchisse à comment la réutilisation commerciale d’un ouvrage peut contribuer à l’équilibre de la chaine du livre ». L’idée d’une taxe sur le livre d’occasion ayant émergé d’un certain Emmanuel Macron, en avril dernier, le contraire eut été étonnant...