
À La Courneuve, le plus vieux bidonville de France pourrait être démantelé avant la fin du mois d’août. Reportage au Samaritain, dans ce baraquement où cohabitent 300 personnes, majoritairement roumaines.
Ce campement est aujourd’hui menacé de démantèlement. Avant la fin du mois d’août, la mairie communiste devrait raser toutes ces baraques. "La procédure d’évacuation engagée depuis 2013 [visant le Samaritain] arrive à échéance à la fin du mois d’août", explique Jean-Luc Vienne, directeur de cabinet du maire communiste de la ville.
Depuis 2013, 11 bidonvilles de La Courneuve ont été démantelés. La ville, qui concentrait 10 % de la population rom de France, ne pouvait plus faire face aux défis sanitaires et sociaux qu’ils représentent. "La décision d’engager cette procédure […] extrêmement difficile à prendre […] ne peut se dissocier de la situation singulière subie par notre ville et ses habitants", écrit le maire communiste Gilles Poux dans un communiqué (lire ci-dessus).
Assainir le Samaritain ?
Parmi les 300 personnes du camp, majoritairement roumaines et roms, certaines y vivent depuis plus de sept ans. Une période incroyablement longue au regard de la durée de vie des camps roms en France. Sorti de terre en 2008, le Samaritain est le plus vieux de France.
Pour les associations qui ont pris fait et cause pour le sauver - et qui ont lancé une pétition au début du mois d’août - le démantèlement à venir est donc moins insupportable qu’incompréhensible. "Ces habitants ont toute leur vie ici. Nous avons mis sur pied un projet d’assainissement du lieu qui pourrait éviter sa destruction. Pourquoi la mairie ne veut pas nous écouter ?", s’indigne Pierre Chopinaud, membre du collectif La Voix des Rroms.
Ce projet "soutenu et financé" par plusieurs structures locales et nationales comme la Fondation Abbé Pierre, Médecins du Monde, l’école supérieure d’architecture de la Villette… consiste à aménager le terrain, vider les ordures, construire des toilettes, prévoir un accès pompiers, dératiser. "Nous n’attendons que le feu vert de la mairie pour le lancer", ajoute-t-il.
Mais pour la mairie, le projet, aussi louable soit-il, n’est pas envisageable : il reviendrait à pérenniser la misère. "Nous ne pouvons pas tolérer l’existence d’habitats précaires, mêmes aménagés. C’est indigne et contraire à nos principes", ajoute Jean-Luc Vienne qui se sent surtout abandonné par le gouvernement dans ce dossier. "Depuis 2005, nous interpellons le gouvernement pour nous aider à trouver une solution. Personne ne nous entend. La Courneuve est seule face à cette problématique rom." (...)