
Le ministère de la Justice des États-Unis étudie la possibilité d’autoriser Julian Assange à plaider coupable d’une accusation réduite de mauvaise manipulation d’informations classifiées, selon des personnes qui connaissent bien le dossier, ouvrant ainsi la possibilité d’un accord qui pourrait finalement aboutir à sa libération d’une prison britannique. (...)
(...) Des représentants du ministère de la Justice et les avocats de Julian Assange ont eu des discussions préliminaires au cours des derniers mois sur la forme que pourrait prendre un accord de plaidoyer pour mettre fin à ce long feuilleton juridique, selon des personnes familières de l’affaire, ce qui constituerait un assouplissement potentiel dans une impasse chargée de complexités politiques et juridiques. Ces discussions interviennent alors que Julian Assange a passé environ cinq ans derrière les barreaux [en isolement dans une prison de haute-sécurité - NdT]. Les procureurs des EU font face à une diminution des chances qu’il purge une peine beaucoup plus longue, même s’il était condamné aux États-Unis.
Les discussions restent en suspens et pourraient s’enliser. Tout accord nécessiterait l’approbation des plus hautes instances du ministère de la justice. Barry Pollack, un avocat d’Assange, a déclaré qu’il n’avait reçu aucune indication que le ministère accepterait un accord. Un porte-parole du ministère de la justice s’est refusé à tout commentaire.
Si les procureurs autorisent Assange à plaider coupable d’avoir mal manipulé des documents classifiés, ce qui est une possibilité évoquée par ses avocats, il s’agirait d’un délit mineur. Le temps qu’il a passé derrière les barreaux [en isolement dans une prison de haute-sécurité – NdT] à Londres serait pris en compte dans le calcul de sa peine aux États-Unis, et il serait probablement libre de quitter la prison peu de temps après la conclusion de l’accord. (...)
Une extradition constituerait une véritable patate chaude politique pour l’administration Biden. Le ministère de la justice s’est longtemps interrogé sur la manière de poursuivre Assange, car il existe des parallèles entre son travail et celui de la presse, dont le droit de publier est généralement protégé par le Premier Amendement (“ Le Congrès ne fera aucune loi qui touche l’établissement ou interdise le libre exercice d’une religion, ni qui restreigne la liberté de la parole ou de la presse, ou le droit qu’a le peuple de s’assembler paisiblement et d’adresser des pétitions au gouvernement pour la réparation des torts dont il a à se plaindre ”).
Les fonctionnaires du ministère de la Justice de l’ère Trump qui ont inculpé Julian Assange ont cherché à différencier son travail du journalisme parce qu’ils alléguaient qu’il avait sollicité les documents classifiés et savait que leur publication mettrait des vies en danger [Les Etats-Unis n’ont jamais fourni un seul exemple de cette accusation - NdT]. L’administration Obama a également envisagé d’inculper Julian Assange, mais a renoncé à le faire en raison de préoccupations quant à l’impact que cela pourrait avoir sur le journalisme conventionnel.
Chelsea Manning, l’ancienne analyste du renseignement de l’armée des EU qui a été reconnue coupable d’avoir divulgué des secrets gouvernementaux à WikiLeaks, a purgé une peine de sept ans de prison. Les experts juridiques ont déclaré que toute peine possible pour Julian Assange serait probablement inférieure à celle de Mme Manning. (...)
Le gouvernement australien, qui a largement soutenu Julian Assange, pourrait raccourcir sa peine une fois qu’il aura atterri sur le sol australien, a déclaré Nick Vamos, associé du cabinet d’avocats londonien Peters & Peters et ancien responsable de l’extradition pour le Service des poursuites judiciaires de la Couronne Crown (Prosecution Service d’Angleterre) et du Pays de Galles. "Je pense honnêtement que dès son arrivée en Australie, il serait libéré", a-t-il déclaré.
L’épouse de Julian Assange, Stella Assange, qui a pris la tête d’un rassemblement de sympathisants devant la Haute Cour pendant que les juges délibéraient le mois dernier, a déclaré que la santé mentale et physique de son mari s’était considérablement détériorée pendant son incarcération et qu’il ne pourrait pas bénéficier d’un procès équitable aux États-Unis. Julian Assange n’a pas assisté à l’audience parce qu’il était malade, ont indiqué ses avocats.