
Le milliardaire et le directeur général de son projet politique Périclès ont décliné leur convocation devant la commission d’enquête de l’Assemblée sur l’organisation des élections. Le rapporteur de la commission dénonce cette attitude, et annonce une nouvelle convocation pour le 6 mai.
Il préfère visiblement divaguer dans la presse de droite sur son obsession pour les tableurs Excel, dans lesquels il note les compétences de tout le monde, y compris sa propre femme, que répondre sous serment dans une enceinte parlementaire. Le milliardaire Pierre-Édouard Stérin, promu à la une du Figaro Magazine en ce week-end de Pâques, a refusé d’être auditionné par une commission d’enquête de l’Assemblée nationale portant sur l’organisation des élections en France, selon des informations de Mediapart.
Le fondateur du groupe Smartbox, qui multiplie les initiatives pour promouvoir l’agenda de l’extrême droite sur la scène politique et médiatique, a fait état de problème de calendrier mais aussi de désaccords de fond pour décliner sa convocation, mercredi 23 avril au Palais-Bourbon (...)
Son refus de comparaître est aussi motivé par le fait que les « activités professionnelles » du milliardaire n’auraient « aucun lien » avec les travaux de la commission, explique Arnaud Rérolle dans son message. L’un des objectifs des parlementaires est pourtant d’analyser le respect de la « sincérité des scrutins », au regard notamment de l’importance prise par les sondages et dans un contexte où Pierre-Édouard Stérin a lui-même revendiqué vouloir lancer, en lien avec « divers médias », des « baromètres » censés mesurer « l’état du pays ».
Cette volonté d’investir le champ politique est devenue manifeste au moment des premières révélations en juillet 2024, par le journal L’Humanité, des contours du plan « Périclès », à travers lequel Pierre-Édouard Stérin envisage d’injecter 150 millions d’euros afin de permettre l’accession de l’extrême droite au pouvoir. Depuis, le milliardaire se démultiplie pour déployer son plan : il rachète des médias et finance des think tanks, crée des écoles hors contrat et tisse sa toile dans l’enseignement supérieur, lance son organisme de formation des élu·es et propose son aide à des prétendants à la présidentielle. (...)
Auprès de Mediapart, le député La France insoumise (LFI) de l’Essonne Antoine Léaument, à l’origine de la création de la commission d’enquête, réaffirme la légitimé de cette convocation : « Ce n’est à personne d’autre que les députés de décider de ce qui entre dans le cadre d’une commission d’enquête, et par ailleurs c’est parfaitement dans le cadre : ils disent eux-mêmes qu’ils veulent influencer les élections et faire gagner un camp, c’est parfaitement l’objet de la commission. » (...)
Selon une ordonnance du 17 novembre 1958, toute personne dont une commission d’enquête a jugé l’audition utile est tenue de déférer à la convocation qui lui est délivrée. La personne qui ne comparaît pas ou refuse de déposer ou de prêter serment devant une commission d’enquête est passible de deux ans d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende.
Dans un communiqué, le président de la commission, Thomas Cazenave, et son rapporteur Antoine Léaument, ont annoncé reconvoquer Pierre-Édouard Stérin et Arnaud Rérolle (...)
« le 6 mai prochain pour une audition à laquelle aucune absence ne sera cette fois tolérée, la commission d’enquête étant souveraine sur le choix des personnes qu’elle souhaite auditionner. » (...)