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Mediapart
Le Maire et sa vision personnelle de l’austérité : quand son épouse était payée par l’Assemblée
#BrunoLeMaire
Article mis en ligne le 22 mars 2024
dernière modification le 20 mars 2024

Des soupçons pèsent depuis dix ans sur l’ampleur du travail effectué par l’épouse de Bruno Le Maire, une artiste peintre rémunérée comme assistante parlementaire entre 2007 et 2013, aux frais du contribuable. Une affaire dont la justice ne s’est jamais saisie.

À lui seul, cet « épisode » pourrait disqualifier l’actuel ministre de l’économie et des finances à discourir sur l’argent public à économiser, les aides à l’emploi à ratiboiser, les « rentes » à bousculer et « le train de vie » de l’Etat-providence à rationaliser d’urgence. Mais Bruno Le Maire continue de prescrire ses coupes budgétaires par milliards et son plan d’austérité sans fard : les prescriptions, quand il s’agit des autres, il connaît. (...)

Pour lui-même aussi, à vrai dire, même s’il s’agit d’un autre genre de prescription : celle qui lui a permis d’échapper à toute vérification judiciaire sur la réalité et la quantité du travail effectué par son épouse.

Dans un premier temps, en 2013, aucun magistrat n’a jugé opportun de s’emparer de nos révélations. À l’époque, le Parquet national financier (PNF) n’existait pas. Et il aura fallu attendre l’été 2017 pour que la justice frémisse : alors que la candidature de François Fillon vient de se fracasser sur le mur de l’« affaire Penelope » et que la France entière découvre l’ampleur des emplois fictifs au Parlement, un magistrat se décide à examiner le « dossier Pauline ». (...)

ni Bruno Le Maire ni son épouse n’ont jamais eu à fournir le moindre document (note, e-mail, SMS...) susceptible d’attester du travail réalisé par celle-ci. Rarement questionné sur le sujet en interview, le ministre de l’économie peut balayer d’un revers de manche. En mai 2020, il se paye même le luxe d’un échange lunaire avec Karine Lemarchand, qui le fait parler de son épouse dans l’émission « Ambition intime » :

Karine Lemarchand : « Elle n’en a rien à faire de la politique ? »

Bruno Le Maire : « Rien ! »

Pour une ancienne collaboratrice parlementaire, censée s’être penchée sur des textes législatifs et des amendements des années durant, c’est tout de même étonnant. Mais le couple n’en est plus, dans ses déclarations publiques, à une incongruité près.

Encore l’été dernier, dans Paris Match, Pauline Bazignan (de son nom d’artiste), peintre désormais « installée » et représentée par la galerie Praz-Delavallade (Paris-Los Angeles), confesse : « La politique on en parle peu à la maison, [Bruno] est étanche comme il l’a toujours été. » Une étanchéité de « toujours » qui a été sacrément perméable à l’argent public, pourtant. (...)